Le sixième dimanche de Pâques est appelé « dimanche de l’expansion missionnaire ». Et les lectures que nous avons entendues nous invitent à méditer sur l’amour et la présence de l’Esprit Saint en nous.
Qu’est-ce que l’amour ? L’amour est un élan, une sortie de soi vers un autre. C’est aussi l’accueil d’un autre. En vérité, c’est communier aux joies et aux peines de l’autre.
Les lectures nous parlent de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain que les croyants doivent cultiver en eux.
En quoi consiste l’amour de Dieu ? L’amour de Dieu consiste dans l’accueil de la parole de Dieu, de ses commandements comme le firent les Samaritains, selon les Actes des Apôtres. Et que nous demande la parole de Dieu ? La première lettre de saint Pierre répond : « Frères, c’est le Seigneur, le Christ, que vous devez respecter (reconnaitre) comme le seul saint ». Cela veut dire que nous devons nous attacher à lui seul. C’est avec lui que nous devons nous familiariser en premier lieu et au-dessus de tout. C’est bien lui qui nous envoie son Esprit Saint, le Défenseur qui nous donnera la force de témoigner pleinement de cet amour.
Aujourd’hui, dans notre vie quand on voit comment le monde nous oriente, la tentation est grande de tomber dans l’idolâtrie en remplaçant le Seigneur, consciemment ou inconsciemment soit :
- par une personne qui occupe toute notre pensée au point d’oublier que le Seigneur a besoin d’un espace en nous ;
- par des choses, des biens matériels qui nous encombrent et que nous continuons à rechercher sans fin au point d’oublier que les choses sont à la disposition de l’homme et non l’homme à la disposition des choses. On perd la maîtrise de soi, on perd le sens des choses, on perd le goût pour le recueillement, pour la profondeur.
Or le Christ est clair sur ce qu’il attend de nous : de l’aimer et de nous laisser aimer par lui. Dans l’évangile de Jean, nous l’avons bien entendu : « Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui m’aime sera aimé de mon père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui ».
D’où les questions pour nous : est-ce que nous aimons vraiment le Christ. Quelle place, quel temps il occupe dans notre vie quotidienne ? Ne nous arrive-t-il pas de l’oublier ? et si nous l’aimons, st ce que nous aimons le prochain comme le Christ nous le recommande ?
En quoi consiste l’amour du prochain ? Il consiste d’abord à nous ouvrir aux autres, en tant que croyants avec douceur et respect comme le dit la première lettre de Pierre dans la deuxième lecture. Un croyant qui est violent ou irrespectueux ne certainement pas un bon témoignage de la foi chrétienne qui nous enseigne que tous les hommes sont créés à l’image de Dieu. Si nous respectons Dieu, nous devons respecter tous les hommes sans distinction de race ni de culture.
Et les questions pour nous : est-ce que nous sommes doux et respectueux vis-à-vis des autres dans nos familles, aux lieux de travail, dans nos communautés, à l’école ? Est-ce que ne nous plaisons-nous pas à faire souffrir les autres ou à voir les autres souffrir, se lamenter ?
L’amour du prochain consiste aussi dans le ministère de la guérison. En approchant les autres, on leur apporte, au lieu des blessures, l’assurance, la joie. Le livre des Actes des Apôtres nous dit que dans la ville de Samarie, Philippe a délivré les possédés, a guéri les paralytiques et les infirmes, a donné une grande joie aux habitants. Dans notre Samarie d’aujourd’hui, autour de nous, il ne manque pas des possédés : des gens qui cherchent toujours des conflits, qui sont toujours au bord de l’explosion, qui cherchent chaque fois à diviser plutôt qu’à unir. Comment nous les aidons à sortir de cette possession ?
Est-ce que notre présence crée la différence dans leur vie ? Est-ce qu’ils s’améliorent grâce à notre propre témoignage de foi, à notre manière de vivre, de réagir aux événements ? De les approcher et de les accueillir ?
Dans notre Samarie, autour de nous, il ne manque pas des paralysés, des infirmes : des gens qui ont peur sortir de leurs parcelles, voire de leurs maisons, de gens qui ont peur de prendre la parole, des initiatives.
Est-ce que notre présence est un réconfort pour eux ? Est-ce que nous les aidons à retrouver la confiance en eux-mêmes ? Est-ce que nous apportons la joie là où nous sommes ?
Sans doute que de nous-mêmes nous seront incapables d’aimer Dieu et d’aimer notre prochain comme il convient. Jésus nous donne l’Esprit Saint, l’esprit de vérité pour nous aider, comme nous l’avons entendu dans l’évangile. C’est cet Esprit que Pierre et Jean ont communiqué aux Samaritains en leur imposant les mains. Nous l’avons reçu par le baptême et la confirmation ; nous le recevons encore dans la prière. Que ce même Esprit nous donne la force de recevoir les autres quand ils sont dans le besoin.
Abbé Jean Claude Ciza
Diocèse de Bukavu, République Démocratique du Congo