Textes : Ac 1, 1-11 ; Eph 1, 17-23 ; Mt 28, 16-20
Aujourd’hui, nous célébrons l’Ascension du Seigneur. Comme le dit le Missel romain, «L’Ascension du Christ est intimement liée à sa résurrection». Elle marque «le retour de Jésus vers son Père» comme «accomplissement de la Pâques».
Les lectures retenues pour cette solennité développent le thème de la souveraineté. Qu’est-ce que la souveraineté? Le mot souverain, selon Le Petit Robert, vient du latin du moyen âge «superanus», lui-même du latin classique «superus» qui veut dire «supérieur».
Est souverain, celui ou ce qui est au-dessus des autres, qui n’est second à personne ou à rien d’autres. Ainsi en morale, on parle du «souverain bien» en tant que le bien est une référence absolue pour toute personne sensée ou pour toute société civilisée. Dans la chrétienté, on parle du «souverain pontife», le pape, en tant que chef suprême de la hiérarchie de l’Église catholique. En diplomatie ou en politique, on parle des «Etats souverains», c’est-à-dire indépendants. On parle aussi des «souverains» pour désigner les chefs d’États monarchiques comme les empereurs, les princes, les rois.
Est donc souverain celui ou ce qui manifeste un caractère absolu, total, suprême. Jésus est souverain dans ce sens-là ;Il est le maitre du Monde et plus encore. Dans la deuxième lecture, nous avons entendu saint Paul dire de lui aux Éphésiens : «[Dieu] l’a établi au-dessus de toutes les puissances et de tous les êtres qui nous dominent, quel que soit leur nom, aussi bien dans le monde présent que dans le monde à venir». Et dans l’Évangile, Jésus dit de lui-même à ses disciples : «Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre». Et nous croyants qui forment le peuple de Dieu, nous appartenons au Christ. C’est ce que saint Paul dit aux Ephésiens: «Dieu lui a tout soumis et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l’Eglise qui est son corps ». Nous sommes ses membres.
Comment le Christ s’est-il acquis son peuple ? Il se l’est acquis par élection, nous dit le livre des Actes des Apôtres. C’est Jésus lui-même qui a choisi ses Apôtres. Ce ne sont pas eux qui l’ont choisi. Ainsi dans Jean 15, 16 Jésus disait à ses Apôtres : «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure : si bien que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera». Ce n’est donc pas nous qui avons choisi le Christ. Dans son grand amour pour nous, il nous a choisis, il nous a élus. Et comme avec les Apôtres, il nous parle du Royaume de Dieu, il nous initie aux secrets de Dieu, à la volonté de Dieu sur le monde, sur nous.
Et nous, quel est notre part? Que devons-nous faire? Notre part consiste, comme le dit saint Paul aux Ephésiens, à prier Dieu pour qu’il ouvre notre cœur à sa lumière. Notre cœur bien souvent vit dans les ténèbres, se complait dans des actes des ténèbres. Nous devons demander à Dieu de l’éclairer de sa lumière. Pourquoi? C’est encore saint Paul qui le dit aux Ephésiens:
- Pour qu’il nous donne un esprit de sagesse: la sagesse est importante pour bien se guider dans la vie. On n’aura pas de familles solides, on n’aura pas de communautés où règne la justice, on n’aura pas de service bien rendus si la sagesse est absente.
– Suis-je prêt à demander à Dieu la sagesse à l’exemple de Salomon ? - Pour qu’il nous fasse comprendre l’espérance que donne son appel: l’espérance nous projette vers l’avenir. Ce lui qui n’espère rien pourrait se laisser prendre dans le filet du découragement. Nos sociétés ont besoin de l’espérance pour progresser.
– Ai-je confiance en l’avenir ? - Pour qu’il nous fasse comprendre la gloire sans prix de l’héritage que nous partageons avec les fidèles: ce qui est entouré de gloire est naturellement fameux. Quel est donc cet héritage fameux que nous partageons avec les fidèles ? C’est le bien. «Jésus a passé sa vie en faisant le bie », lisons-nous dans Act 10, 38.
– Suis-je prêt à imiter l’exemple de Jésus, à passer ma vie en faisant le bien aux autres? - Pour qu’il nous fasse comprendre la puissance infinie qu’il déploie pour nous, les croyants: oui, il y a beaucoup de forces contraires dans nos vies. Elles menacent constamment de ruiner nos espoirs, de détruire nos familles, de pervertir nos relations. Où trouverons-nous la force de leur résister? N’est-ce pas en Dieu?
– Alors, suis-je prêt à accueillir en moi la force divine?
Mais pour que tout cela soit possible, nous devons éviter trois pièges:
– L’évasion: qui nous ferait tellement tourner les yeux au ciel au point de nous faire oublier que nous sommes encore sur la terre.
– La curiosité: qui nous ferait croire que nous pouvons tout comprendre alors que nos vies sont entourées de bien de mystères.
– Le doute: qui nous ferait croire que le Seigneur, par son ascension, a déserté nos chemins.
Si nous nous soumettons à Jésus, nous pourrons alors de toutes les nations faire des disciples
Abbe Jean Claude Cabwinwe Ciza
Diocèse de Bukavu, République Démocratique du Congo