Éz 33, 7-9; Ps. 94; Rm 13, 8-10; Mt 18, 15-20
Dans l’Évangile de ce dimanche, le Christ propose les pistes de résolutions des conflits dans les communautés chrétiennes. Ces pistes de solutions, révèlent l’autre face de la communauté chrétienne qui au départ ressemblait à un petit paradis. Les Actes des Apôtres nous dit : qu’ « ils avaient un seul cœur et une seule âme… Ils mettaient tout en commun » (Ac 4, 32). Mais Jésus savait bien que l’enthousiasme du début céderait la place à des moments de tensions et de conflits.
Une école de vie
En réalité, la communauté chrétienne n’est pas toujours un paradis mais une école où l’on apprend à vivre avec les bons et les méchants, avec ceux qui sont mûrs et ceux qui sont en voie de le devenir. C’est une école de vie ! La communauté chrétienne ressemble à ce grand arbre dont les branches sont disposées à héberger toutes les espèces d’oiseaux (cfr Mc 4,32), une « maison-mère » où tout le monde devrait trouver sa place. Voilà pourquoi Jésus nous offre des stratégies pour favoriser l’intégration des frères en litiges.
Les plus vieux, manuscrits de la Bible ont retenu deux versions différentes de ces paroles de Jésus : « si ton frère pèche » et l’autre « si ton frère pèche contre toi ». Selon cette dernière version, ne peut recourir à la correction fraternelle que celui qui a été offensé personnellement par son frère. La plupart des versions modernes de la Bible ont opté plutôt pour la première formulation (« si ton frère pèche ») octroyant ainsi à n’importe quel chrétien le droit de solliciter la correction fraternelle quand bien même l’offense ne lui serait pas adressée individuellement.
Ce faisant, tous les chrétiens sont investis de la mission de contribuer à l’unité et à la convivialité dans la communauté chrétienne, en recourant à la correction fraternelle, une pratique qui permet aux chrétiens de laver les linges sales en famille, dans la discrétion, « sur la parole de deux ou trois témoins » (Mt 18,16).
Apprendre à résoudre les conflits
A l’époque de Paul, la communauté de Corinthe frôlait déjà l’excès : on y trouvait des chrétiens qui faisaient recours à des juges non chrétiens pour résoudre leurs conflits internes. Paul conteste cette manière de faire et recommande le recours aux sages chrétiens pour la résolution des conflits entre chrétiens (cfr 1Co 6,4-6). Chaque communauté chrétienne a le devoir d’assumer cet héritage que les Écritures nous ont légué : apprendre à résoudre de manière chrétienne les conflits entre chrétiens.
« Que toute affaire se décide en présence de deux ou trois témoins » (Mt 18, 16 ; 2Co 13,1).
Ce principe de résolution des conflits dans les communautés chrétiennes se trouve aussi bien chez Matthieu que chez Paul. Celui –ci l’évoque avec la dernière énergie : « c’est la troisième fois que je vais me rendre chez vous » (2 Co 13,1). Le recours à deux ou trois témoins permet aux responsables de décider à partir des témoignages dignes de foi et non à partir des rumeurs, des « on dit » et autres sources d’information anonymes susceptibles de déstabiliser l’équilibre des communautés chrétiennes.
Bon dimanche à tous !
Abbé Jean Claude