Les lectures de ce dimanche nous plonge dans la méditation sur le pardon. Naturellement, les humains tendent à mesurer le pardon. N’entendons-nous pas souvent dire : « je lui pardonne mais c’est la dernière fois…. » ou encore « je lui pardonne mais à condition que… ».
Une école du pardon
A l’époque de Jésus, les maitres spirituels d’Israël avaient eux aussi établi les conditions dans lesquelles l’homme pouvait pardonner son prochain. Selon un texte de Talmud, « l’homme doit pardonner celui qui l’a offensé à condition que ce dernier sollicite le pardon selon les normes prescrites, c’est-à-dire, à trois reprises et devant les témoins ». Etant disciple de Jésus, Pierre voudrait se montrer un peu plus indulgent que les maitres spirituels juifs ; il suggère que le chrétien pardonne jusqu’à sept fois, sans nécessairement exiger la présence des témoins.
Très probablement, en proposant au chrétien de pardonner jusqu’à sept fois, Pierre pense à la valeur sacrée du chiffre sept, qui symbolise la perfection, la plénitude dans la culture religieuse juive. En d’autres termes, Pierre suggère un pardon plein, complet de sorte que la victime qui offre le pardon se débarrasse complètement des effets de l’offense subie au point de n’en garder aucune rancune.
Une mesure démesurée
Jésus, quant à lui, propose un pardon qui échappe à toute mesure, à toute forme de calculs. « Pardonnez jusqu’à soixante-dix fois sept fois ». Jésus voudrait insister sur le caractère immensurable du pardon. Un pardon complet, comme dit Pierre, mais aussi immensurable, dirait Jésus. Le Christ recourt alors à l’expression « soixante-dix fois sept fois » utilisé autrefois dans l’Ancien Testament pour justifier la vengeance illimitée (Cfr Gn 4, 24). Mais dans le Nouveau Testament, Jésus fait usage de la même formule comme expression d’un pardon illimité.
Le Chrétien pardonne « soixante-dix fois sept fois », c’est –à-dire, chaque fois qu’il sera offensé, il devra pardonner complètement, sans garder aucune rancune.
Pardonner pour être libre
Mais comment pardonner si les effets de l’offense subie persistent dans le cœur ? Il est en effet de ces offenses difficiles à oublier tant elles laissent des blessures intérieures profondes. C’est là que les Anglophones nous rappellent la fameuse maxime : « forgive is not forget » (pardonner, ce n’est pas oublier).
En fait, le chrétien est appelé à pardonner même s’il ne parvient pas à oublier, car seul le pardon peut cicatriser nos blessures intérieures. Autrement, c’est toute une vie qui sombre dans le chagrin. La rancune ressemble à un poison dans l’organisme; elle détruit la sérénité, elle rend la vie morose, et l’humeur maussade. Pour éviter un tel poison dans notre existence, le pardon est une voie incontournable. Alors, apprenons à pardonner sans mesure et sans limite pour être libre et heureux dans notre. Quand un quelqu’un nous offense, pensons à la prière de « Notre Père ».
Bon dimanche à tous!
Abbé Jean Claude