La parabole de ce dimanche est dirigée dans un style dépouillée. Le propos est bref et accessible mais plein de signification. Cette parabole s’inspire d’une tradition fréquente dans les Ecritures, qui met en scène deux fils dont l’un donnera satisfaction au Père. C’est le cas de Caïn et Abel dans l’Ancien Testament en Gn 4,1-16, Esaü et Jacob en Gn 27, l’Enfant prodigue et son ainé dans Lc 1,11-32.
L’indifférence humaine et la Providence divine
En Matthieu 21,28-32, le second fils disponible et généreux en théorie mais récalcitrant dans les faits, représente aujourd’hui ceux qui n’ont adhéré ni au message de Jean Baptiste ni à L’Evangile de Jésus-Christ. C’est à ceux-là que l’Evangile est adressé aujourd’hui et en premier lieu avant de s’adresser à chacun de nous pour autant que parfois nous écoutions cette parole sans la mettre en pratique.
Jésus évoquera explicitement leur situation en Mt 11 ,16-19 : c’est une génération indifférente aux différentes opportunités du salut leur offertes par la Providence divine. Trouvant des prétextes de tout bord, elle taxera Jean Baptiste de possédé alors que Jésus sera traité de glouton, ivrogne, ami des publicains et des pécheurs. Le premier fils, quant à lui, représente les païens qui ont accédé au salut alors qu’ils sont considérés généralement comme étant des pécheurs. Bien que ne constituent pas une catégorie privilégiée dans l’annonce de l’Evangile (cfr Mt 10,5), ces publicains et ces pécheurs approcheront Jésus Christ au point d’être ses commensaux (cfr 9,10-12).
Les premiers et les derniers
En principe, le second enfant à qui l’Evangile fut adressé en premier lieu (cfr Mt 10,6) aurait dû être le premier et vice versa. Soucieux de cette observation, certains manuscrits anciens ont même inversé l’ordre faisant ainsi du premier enfant le récalcitrant tandis que le second serait celui qui a exécuté la volonté du Père. Ce qui correspondrait à la logique développée dans certains textes de l’Ancien Testament où c’est le cadet qui a raison de l’aîné (cfr Gn 4, 1-16 ; 42). Et pourtant l’ordre actuel de ces deux enfants en Matthieu 21,28-32 demeure justifiable. Que celui qui a reçu l’Evangile en second lieu devienne le premier enfant, cela concrétise ce passage de Matthieu : « les publicains et les prostitués vous précèdent dans le Royaume des cieux » (Mt 21, 31). Comme quoi, les « derniers seront premiers » (Mt 20, 16).
La valeur de la parole
Entre les deux enfants, il y a un grand écart dans le comportement, mais aussi la perception de la parole. Pour le premier, la parole donnée est une promesse, une dette à honorer absolument. C’est ainsi qu’il ne s’empresse pas de répondre affirmativement. Il prend le temps pour réfléchir avant de donner sa parole. Pour le second, la parole donnée est peut être une simple formalité. Il dit oui spontanément, pour ne pas indisposer son père. Mais par la suite, la parole donnée est demeuré lettre morte.
L’Evangile de ce dimanche nous offre ainsi une belle opportunité pour méditer sur la valeur de la parole dans la vie du Chrétien. Dès les premières pages de la Bible, l’on perçoit la puissance de la parole. C’est par la parole que Dieu a créé l’Univers (cfr Sg 9,1). C’et aussi par elle que Dieu guérit (cfr Sg 16,12). La parole de Dieu est donc une puissance créatrice et thérapeutique (qui guérit). Dans la culture africaine, la parole joue aussi un rôle important. Par elle, on peut bénir tout comme on peut maudire. La parole peut faire le bonheur ou le malheur de celui qui s’ne sert et de ceux qui l’écoutent.
Abbé Jean Claude Cabwinwe Ciza