Etonnante cette parabole où le propriétaire de la vigne apparait sous les traits d’un mauvais comptable qui fait pourtant preuve d’une bonté exceptionnelle. La parabole des ouvriers de la dernière heure décrit la magnanimité hors pair d’un propriétaire de la vigne : il engage quand il veut, comme il veut et qui il veut et paie en fonction des critères inadmissibles par le code de travail.
L’absurdité de la jalousie
Aux premiers, il a donné un dernier, comme convenu. Aux derniers, il paiera la même somme. Scandale ! Révolté ! … parmi les ouvriers de la première heure. Face au mécontentement de ceux-ci, le propriétaire de la vigne répond par une phrase qui révèle toute la méchanceté et l’absurdité de la jalousie humaine : faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon ? C’est sans doute l’une des plus grandes leçons à tirer de cette parabole ; l’homme est capable de tout mettre en œuvre pour nuire à l’épanouissement de son semblable.
Concilier la bonté et la justice
La parabole nous présente un Dieu qui sait concilier la bonté et la justice. Sans la bonté, la justice devient un règlement de compte, un exercice sévère où l’on rend à chacun ce qu’il mérite. Un point un trait. Associé à la bonté, la justice devient une vertu, un exercice de charité où l’on donne à chacun ce qui est nécessaire.
Dans cette parabole, Dieu est à la fois bon et juste. S’il n’était que juste, il aurait donné aux ouvriers de la dernière heure ce qu’il mérite, c’est-à- dire, une rémunération en deçà d’un denier. Mais comme Il est à la fois juste et bon, il leur donne ce qui est nécessaire pour vivre. En effet, ce que le dernier romain payé à tous les employés, y compris ceux de la dernière heure, était le salaire journalier d’un ouvrier agricole. Apparemment insignifiant, mais assez important si l’on sait qu’un denier vaut 128 lepton, monnaie en usage au Temple de Jérusalem. A en croire certains, c’était la somme nécessaire pour nourrir, en un jour, une famille moyenne. Ainsi, au lieu de donner aux ouvriers de la dernière heure ce qu’ils méritent par rapport au travail abattu dans la vigne, le propriétaire leur donne plutôt ce qui est nécessaire pour que chacun se nourrisse avec sa famille.
Valoriser les talents reçus de Dieu
A travers le dernier remis chaque ouvrier, il y a lieu de penser aussi aux talents que le Seigneur a donné à chacun de nous. Dans le Nouveau Testament, le talent comme le denier font partie des unités monétaires à coté de lepton, drachme, etc. Aujourd’hui, par talent, l’on sous-entend aussi les qualités humaines reçues du Créateur. Le denier que le propriétaire donne à chaque ouvrier peut aussi être perçu comme des talents, des potentialités que Dieu met à la disposition des humains pour une vie de qualité.
Selon la parabole, le propriétaire de la vigne a donné à chaque ouvrier un denier, c’est-à-dire, le nécessaire pour mieux vivre. Ainsi, Dieu, a-t-il donné à chacun de ses enfants les talents nécessaires, les qualités requises pour mieux s’organiser et mener une existence décente. Comme dans la parabole, tout le monde a reçu ce qui convient pour la vie. Si la jalousie humaine ne nuit pas à l’épanouissement des autres et si chacun se met à valoriser ce qu’il a reçu du Seigneur, tous mèneront une existence digne.
Abbé Jean Clause Cabwinwe Ciza