En ce dimanche la Parole de Dieu nous plonge sur le thème de la religion et la politique; Dieu et César. Dans l’Evangile de ce jour, les pharisiens et les hérodiens piègent Jésus en lui posant une question dont la portée est à la fois politique et religieuse.
Une réponse qui invite à la modération
Faut – il payer l’impôt ou non? Payer l’impôt à César c’est en quelque sorte, reconnaitre l’autorité de l’Empereur à qui l’on adressait un culte idolâtrique. C’est pourquoi les pharisiens, très attachés à la loi de Moise, s’opposaient catégoriquement à ce tribut versé jadis à César. Par contre, les hérodiens, les partisans d’Hérode, acquis à la cause de César, approuvaient cette pratique. Jésus se trouve ainsi piégé. S’il approuve cette pratique instaurée par l’Empereur romain, ses auditeurs pourraient croire qu’il avalisé le pouvoir idolâtrique de César. Et s’il y oppose un refus explicite, ce serait tout aussi imprudent. Il risquerait ainsi de perturber l’ordre public en entraînant derrière lui des foules innombrables qui renonceraient elles aussi à payer l’impôt à l’Empereur.
Pour éviter tout dérapage, Jésus opte pour une réponse qui invite à la modération, à l’équilibre dans l’appréciation de l’autorité de César : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt22, 21). Jésus ne remet pas complètement en cause le pouvoir de César, mais il y apporte des nuances en le redimensionnant par rapport au pouvoir de celui qui dirige tout l’Univers, c’est-à-dire, Dieu.
L’obéissance à la Parole de Dieu
Rendez à César ce qui est à César… La première partie de la réponse de Jésus rappelle à tout chrétien ses devoirs envers L’Etat, mieux encore, envers les autorités politiques. Dans chaque société, il existe des lois à respecter pour le bien de tous. Tout citoyen y est tenu. Et tout bon compatriote y veille. Le chrétien n’est donc pas dispensé des devoirs du citoyen envers la patrie. Il évitera de passer outre les lois civiles, fut-ce au nom de sa foi en Jésus-Christ. Toutefois, il y a des limites à ne pas dépasser. L’obéissance aux autorités politiques ne peut donner accès ni à l’idolâtrie ni à la violation de la Parole de Dieu.
Et à Dieu ce qui est à Dieu. L’impôt à César était une taxe d’un denier (somme équivalent au salaire journalier) à payer par tout habitant de la Palestine dont l’âge varie entre 12 et 65 ans. Sur la pièce de monnaie à verser pour ce tribut, figurait cette inscription : « Tibère César, auguste fils du divin Auguste, grand prêtre ». Propos idolâtriques sur toute la ligne ! C’est pourquoi, Jésus prend soin de compléter sa réponse par ces mots qui dénoncent la prétention de César à la divinité : « rendez (…) à Dieu ce qui est à Dieu ». Jésus invite ainsi la population à renoncer au culte idolâtrique adressé à César.
En d’autres termes, le Christ demande à ses auditeurs de payer l’impôt à César sans pourtant vouer à celui-ci un culte réservé à Dieu seul. Le chrétien doit donc obéir aux lois civiles sans violer un seul verset de la Parole de Dieu, sans rendre au pouvoir politique la vénération, l’adoration, le culte réservé à Dieu seul. Le culte de la personne du chef, de nos jours surtout en Afrique, encore fréquent, constitue un grave enfreint à cette exhortation de Jésus : «….rendez à Dieu ce qui est à Dieu ».
Abbé Jean Claude Cabwinwe Ciza