Ex 22, 20-26 ; 1 Th 1,5-10 ; Mt 22, 34-44
Les lectures de ce trentième dimanche du temps ordinaire nous introduisent au thème de la foi. En effet, écrivant aux Thessaloniciens, saint Paul leur dit, comme nous avons pu l’entendre dans la deuxième lecture : « la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons plus rien à en redire ».
La force de la foi
La foi, c’est la confiance en quelque chose, en soi-même, dans les autres ou en Dieu. Et pour nous croyants, la foi est un don de Dieu. Saint Paul le rappelle aux Thessaloniciens : « Et vous, vous avez commencé à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves avec la joie de l’esprit Saint ».
Nous vivons en effet dans un monde difficile où les gens sont toujours prêts à se faire du tort les uns les autres. Dans un tel monde, on peut facilement perdre la joie, on peut facilement douter des intentions des autres et de ses propres capacités à faire le bien. Et c’est dans ce monde que Dieu nous fait don de sa Parole et de l’Esprit Saint pour que nous soyons capables de surmonter nos problèmes, de dominer nos difficultés, de retrouver la joie de vivre, de reconquérir le sourire.
La foi est un don de Dieu
Mais elle exige de nous une réponse. Celle-ci, qui est une véritable conversion, revêt deux dimensions, à savoir :
Une dimension verticale : cette dimension ouvre l’homme à Dieu, situe l’homme face à Dieu. L’évangile en parle en termes d’ « amour de Dieu ». En effet, répondant à un docteur de la loi qui lui demandait pour le mettre en difficulté, quel est le grand commandement », Jésus lui dit dans un premier temps : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ». Il s’agit en fait d’aimer Dieu de tout son être, de tout ce qu’on est.
Il faut reconnaître qu’aimer Dieu ne va pas de soi. Dans un tableau célèbre inspiré d’un écrivain théologien, sont illustrées huit raisons qui peuvent pousser l’homme à s’éloigner de Dieu :
- L’innocence : « Trop jeune pour penser à Dieu » ;
- Le bonheur : « Trop heureux pour penser à Dieu » ;
- La pauvreté : « Trop d’ennuis pour penser à Dieu » ;
- Les sollicitations : « Trop occupé pour penser à Dieu »
- La richesse : « Trop sûr pour penser à Dieu » ;
- La jouissance : « Trop de plaisir pour penser à Dieu »
- La nonchalance : « Trop paresseux pour penser à Dieu » ;
- La mort : « Trop tard pour penser à Dieu ».
Nous pouvons toujours tomber dans l’un ou l’autre de ces pièges. Cependant aujourd’hui, l’Ecriture nous interpelle. Elle nous demande de vivre comme les Thessaloniciens dont saint Paul écrit ce qui suit : « les gens […] disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles ; [comment] vous avez décidé de servir le Dieu vivant et véritable ».
Quelle est la place de Dieu dans notre vie ?
Une dimension horizontale : cette dimension ouvre chacun de nous à l’autre, situe chacun de nous face à l’autre. L’évangile en parle en termes d’ « amour du prochain ». Jésus dit au docteur de la loi dans un deuxième temps : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Aimer l’autre ne va pas non plus de soi. L’autre est facilement perçu comme un ennemi à abattre ou tout au moins dont il faut se méfier. Un philosophe français du nom de Jean-Paul Sartre disait : « L’enfer, c’est l’autre ».Cependant aujourd’hui l’Ecriture nous demande de nous percevoir les uns les autres sous un angle positif, de nous accueillir les uns les autres. On le voit bien dans ce qu’écrit saint Paul aux Thessaloniciens. D’abord : « Frères, vous avez comment nous nous sommes comportés chez vous pour votre bien ». Et ensuite : « En effet, quand les gens parlent de nous, ils racontent l’accueil que vous nous avez fait ».
Et pour que l’accueil de l’autre devienne effectif, nous devons nous débarrasser de certains pièges dont :
L’exclusion : elle consiste à tenir à distance ceux qui ne nous sont pas naturellement proches. Elle peut prendre la forme du tribalisme, du nationalisme, du racisme ou du sectarisme. La première lecture, du livre de l’Exode, en parle lorsqu’elle dit : « Tu ne maltraiteras pas l’émigré qui réside chez toi ».
Le mépris : il consiste à dénier aux faibles toute marque de respect, de considération, oubliant par là que tous les hommes sont égaux aux yeux de Dieu. La première lecture y fait allusion lorsqu’elle dit : « Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin ».
L’exploitation : elle consiste à profiter de la misère des autres. La première lecture nous met en garde contre cette attitude lorsqu’elle dit : « Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, tu ne lui imposeras pas d’intérêts ». « Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil ».
Quelle est la place de l’autre dans notre vie ?
Si nous sommes vraiment des hommes de foi, si nous aimons Dieu et le prochain comme il convient, alors nous deviendrons, comme les Thessaloniciens, « un modèle pour les croyants ».
Abbe Jean Claude Cabwinwe Ciza