Mt 25,14-3
L’Evangile de ce jour nous plonge dans la méditation sur les talents. Cette parabole des talents a largement influencé la culture universelle au point qu’aujourd’hui, le mot talent est employé non seulement par les chrétiens, mais aussi par les croyants des confessions religieuses non-chrétiennes et même dans le monde non chrétien. L’on entend ainsi dire : tel a du talent, i est talentueux, il a beaucoup de talents…
La vie requiert le sens de responsabilité
La parabole des talents que nous venons de lire, décrit cette époque où le disciple doit mener sa vie en toute responsabilité. Ainsi nous pouvons déjà la qualifier de parabole pour les chrétiens responsables. Après avoir confié des talents à chacun de ses disciples, le Maître disparaît (v. 15). Il n’a laissé aucune directive explicite sur les modalités pratiques à observer pour faire fructifier les talents. On peut dire qu’il a tellement confiance en ses disciples. Les disciples en effet, doivent se débrouiller pour mettre en valeur les talents reçus. C’est cela la vie chrétienne : une vie qui requiert le sens de responsabilité, la combativité, la créativité. Faute de créativité, l’on risque d’enterrer le talent comme celui qui n’en avait reçu qu’un seul (cfr. Mt 25, 18).
Il faut se mettre au travail
A l’époque de Jésus, un talent correspondait à 30 kilos de métal précieux. Par rapport à d’autres monnaies, un talent valait 60 mine ou encore 6000 drachmes ou deniers romains. Sachant que un denier était de salaire journalier de base ( cfr Mt 20,9-13), l’on peut supposer qu’un talent équivalait alors au salaire de 6000 journées de travail. Ainsi, même celui à qui le Maître confia un talent avait reçu une somme importante : le salaire de plus de 15 ans de travail ! Le maître a donc remis à chacun de ses serviteurs une fortune importante au point qu’aucun d’eux ne devrait se plaindre. Il leur faut seulement se mettre au travail pour tirer profit de la fortune reçue du Maître.
Vivre heureux avec le dons du Seigneur
Cette parabole décrit en quelque sorte la vie de chacun de nous devant Dieu, le Maître de la vie. Personne n’est venu au monde en téléspectateur, pour assister passivement à la réussite des autres. A chacun, Dieu a donné ce qu’il faut pour mieux vivre.
Même celui qui se croirait moins favorisé que les autres a reçu le nécessaire de la part du Seigneur. Comme l’indique la parabole, le moins favorisé a reçu quantitativement un talent, c’est-à-dire une fortune équivalente à plusieurs années de travail, un décompte final consistant, dirait-on aujourd’hui en langage économique. Pour réussir dans la vie, il suffit de découvrir ce talent, fût-il un seul, pour l’exploiter à bon escient et vivre décemment. La réussite de la vie, c’est vivre heureux avec ce que le Seigneur nous a donné. On n’a pas à se lamenter devant Dieu en se comparant aux autres.
Pour continuer l’œuvre de Dieu
Selon la parabole, le Maître a remis à ses serviteurs la fortune dont il disposait (tous les talents). Désormais, il ne compte plus que sur ses serviteurs. C’est la réussite de ceux-ci qui fera le bonheur, la joie du maître. Un artiste avait représenté Dieu par le cœur (symbole de l’amour) car, disait-il, Dieu n’a ni tête, ni mains, ni pieds. Sa tête, il l’a donné aux hommes pour qu’ils réfléchissent et inventent tout ce qui sert au développement du monde ; ses mains, il les a confiés aux hommes pour qu’ils puissent servir leurs frères ; ses pieds, il les a prêtés à l’homme pour qu’il aille vers ceux qui sont dans les besoins, les nécessiteux… comme le patron dont parle cette parabole, Dieu a tout donné aux hommes. Désormais, il ne compte plus que sur l’homme pour bâtir un monde juste et fraternel. Soyons ces hommes en qui Dieu a placé toute sa confiance, ces hommes à qui il a tout donné pour continuer son œuvre et rendre ce monde ce paradis de la création.
Abbe Jean Claude Cabwinwe Ciza