Mt 25, 31-46
En ce dimanche où nous célébrons la fête du Christ Roi de l’Univers, ce dimanche qui conclut et couronne toute l’année liturgique, il nous est proposé un passage de l’Evangile selon Matthieu, sur l’amour du prochain, un commandement qui conclut et couronne tout l’enseignement du Christ.
L´amour consiste dans les gestes concrets
La parabole des talents, que nous avions lue et méditée le dimanche passé (cf. Mt 25,14-30) relate l’histoire d’un Maître qui a confié des talents à ses serviteurs, sans leur dire exactement comment les faire fructifier ni le jour où ils doivent lui rendre le compte. Aujourd’hui, l’Evangile nous propose, en quelque sorte, les modalités pratiques pour tirer profit des talents reçus du Seigneur. On multiplie les talents en posant les gestes d’amour envers le prochain. Matthieu ne définit pas l’amour de manière lyrique comme le ferait un artiste-musicien ou un poète, etc. A partir des faits concrets, Matthieu nous montre comment aimer.
Il s’agit en effet, donc de l’amour en acte et pas en paroles. Aimer, c’est poser des gestes concrets qui aident les autres à s’épanouir dans la vie. Il s’agit de se donner la peine de combler les besoins fondamentaux de nos semblables : la nourriture pour les affamés, l’eau pour ceux qui ont soif, le logement pour les sans-abris ou les étrangers, l’habillement pour ceux qui en sont dépourvus… Et nous pouvons continuer la liste compte tenu de la misère de nos frères et sœurs dans le monde.
Notre engagement en faveur des pauvres
Les propos de Jésus en Mt 25,35-36 restent d’une actualité étonnante. La nourriture, l’eau, le logement, l’habillement, etc. constituent les besoins fondamentaux pour lesquels les pauvres se battent au jour le jour. Le développement d’une nation se mesure par rapport au degré de satisfaction de ces besoins. Et le vrai chrétien se reconnaît aussi par son engagement en faveur de ceux qui n’ont pas accès à ces besoins fondamentaux.
Ceux qui ont passé leur vie à combler les besoins fondamentaux des démunis sont ainsi considérés comme des brebis ; ils seront placés à la droite du Seigneur ; ceux qui ne prêteront aucune attention à la souffrance des autres sont considérés comme des boucs ; ils seront plutôt à sa gauche.
Il faut compter sur Dieu
Dans la tradition Biblique, les brebis symbolisent la docilité, l’obéissance. Dans l’Ancien testament, Yahvé se préoccupe de ses brebis(le peuple d’’Israël) qu’il tient à rassembler et à nourrir (cf. Jr 23,3 ; EZ 34). La brebis est un animal sans défense (Cf. 10,16). Face aux difficultés, elle compte toujours sur son Maître. La Brebis représente tous ceux qui croient sincèrement en Dieu et qui ne comptent que sur lui. Ce sont ceux qui, dociles et obéissants à l’évangile sont objets de l’amour providentiel de Dieu.
Quant au bouc, il fait penser à la cérémonie de Yom Kippour (jour de grand pardon) durant laquelle le grand prêtre imposait les mains sur un bouc afin de le charger des péchés de tout le peuple. L’animal ainsi maudit devenait le bouc émissaire, on le chassait loin de la ville, jusqu’au désert, dans le gouffre. Tout compte fait, le mot bouc a ici une connotation péjorative.
C’est sur cet animal qu’on charge les péchés du peuple ! dans l’Evangile, ceux qui multiplie les péchés contre l’amour du prochain sont comparables à des boucs. Non seulement, ils incarnent le péché, mais ils sont aussi chassés loin de Dieu dans le feu éternel (cf. Mt 25,41), comme le bouc émissaire expédié à jamais dans le gouffre, au désert.
Abbe Jean Claude Cabwinwe Ciza, Bukavu