Is 63, 16…64, 7 ; 1 Co 1, 3-9 ; Mc 13, 33-37
Aujourd’hui, nous célébrons le premier dimanche de l’Avent. Nous entrons donc dans ce temps fort de quatre semaines durant lesquelles nous nous préparons à accueillir le Seigneur qui va naître parmi nous. Les lectures proposées en ce premier dimanche développent le thème de la fidélité.
La fidélité
La fidélité, c’est l’attachement à une personne, à quelque chose, à une idée pour ou à cause d’un idéal auquel on croit. Plus grande est la foi en cet idéal, plus de chance on a d’être fidèle envers la personne, la chose ou l’idée. Mais si l’idéal vient à s’effriter, la fidélité entre en crise.
Pour nous croyants, Dieu est la source et le modèle de la fidélité à nos engagements. Dans la première lecture, le prophète Isaïe dit en effet : « Tu es Seigneur, notre Père, notre Rédempteur : tel est ton nom depuis toujours ». Oui, « depuis toujours ». Pourquoi ? Répond saint Paul dans la deuxième lecture : « Car Dieu est fidèle ». Dieu est notre Père et notre Rédempteur depuis toujours. Comment cette paternité et ce désir de nous sauver se traduisent-ils ? C’est de nouveau saint Paul qui nous répond dans la deuxième lecture : Dieu nous gratifie de dons spirituels et nous appelle « à vivre en communion avec son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur ».
La sollicitude de Dieu
Nous pouvons identifier les dons spirituels avec les dons du Saint Esprit qui, selon le Catéchisme de l’Eglise catholique, « sont des dispositions permanentes qui rendent l’homme docile à suivre les impulsions de l’Esprit Saint ». Ces dons sont sept, à savoir : « la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu ». Dieu nous les donne pour pouvoir l’aimer, comprendre le monde dans lequel nous vivons et nous apprécier les uns les autres. Ces dons, selon le même Catéchisme de l’Eglise catholique, « appartiennent en plénitude au Christ, Fils de David ». Voilà pourquoi Dieu nous appelle-t-il à communier avec son Fils Jésus-Christ. Mais comment répondons-nous à cette sollicitude de Dieu ?
L’obstination de l’homme
Pas toujours comme il se doit. C’est Isaïe qui nous le dit lorsqu’il parle de notre « obstination dans le péché ». L’obstination est une forme de fidélité, mais négative. L’obstination, c’est l’opiniâtreté, l’entêtement. Et bien, nous nous entêtons à vivre dans le péché. Comment ?
En ignorant Dieu : Isaïe dit dans la première lecture : « Personne n’invoquait ton nom, nul ne se réveillait pour recourir à toi ». Pour toutes sortes de raisons en effet, il nous arrive d’oublier que Dieu fait partie de notre vie. La prière est tout simplement mise de côté : rendre grâce à Dieu pour ses bienfaits, en particulier pour la vie qu’il nous donne, lui demander conseil quand nous planifions quelque chose, tout cela peut vraiment devenir, et bien souvent devient, étranger à notre vie. Dieu n’est alors plus un Père pour nous.
En posant de mauvais actes : Isaïe dit : « Nous étions tous semblables à des hommes souillés, et toutes nos belles actions étaient comme des vêtements salis ». Il y a beaucoup de choses que nous faisons et que nous croyons bonnes pour la simple raison qu’elles rejoignent nos intérêts. Mais en fait, elles ne sont pas bonnes parce qu’elles nuisent à la charité, à l’amour que nous devons vivre les uns vis-à-vis des autres. En effet, nous devrions dans chacun de nos actes faire appel à la sagesse, à l’intelligence, au conseil de Dieu et des autres, à la force ou au courage de faire le bien et à la science ou la bonne compréhension des choses, des enjeux. Mais bien souvent, éblouis par l’argent, la beauté ou le pouvoir, nous tournons le dos au bon chemin.
Mais quelle est la conséquence du fait d’ignorer Dieu et de manquer à la charité ? Nous devenons, selon les mots d’Isaïe, « desséchés comme des feuilles ». Cela veut dire que bien que vivants, nous sommes spirituellement morts.
Nous devons veiller
Pouvons-nous revivre ? Oui, si nous collaborons à la volonté de Dieu. Ainsi, dans l’évangile, Jésus nous demande de veiller : « Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » Nous devons veiller par :
La pratique de la prière : nous avons à rejoindre Isaïe dans la supplication qu’il adresse au Seigneur : « Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fondraient devant toi ». Le Seigneur, si nous le supplions, peut abattre ces montagnes qui nous séparent les uns des autres. Ces montagnes des préjugés, du racisme, du tribalisme, de la paresse qui nous empêchent de nous rencontrer sincèrement.
La pratique des actions bonnes : Isaïe dit au Seigneur : « Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie et qui se souvient de toi en suivant ton chemin ». Nous devons reconnaître cela avec Isaïe : pratiquer la justice avec joie dans un monde souvent injuste et triste ; respecter les commandements de Dieu, voilà qui garde en nous vivante la vie même de Dieu.
Demeurons donc fidèles à Dieu pour que nous soyons « sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus-Christ ». Amen !
Abbe Jean-Claude Ciza