Is 61,1-2.10-11 ; 1 Th 5,16-24 ; Jn 1,6-8.19-28
Les lectures de ce troisième dimanche de l’Avent nous invitent à méditer sur le salut. Le salut, c’est la sortie d’une situation difficile, mauvaise. C’est l’entrée dans le bonheur. Comme tel, le salut est une délivrance, une libération. Etre sauvé, c’est faire l’expérience de la paix, de la vie retrouvée.
Dieu nous confie une mission
Pour nous croyants, le salut est un don de Dieu. Mais Dieu ne veut pas nous sauver sans nous, sans notre collaboration. Ainsi, dans la première lecture, du livre d’Isaïe, on nous parle d’un « envoyé du Seigneur », sur qui le Seigneur « a fait revêtir les vêtements du salut ». Le Seigneur nous envoie les uns vers les autres, vêtus des vêtements du salut. Il veut que la délivrance de l’humanité passe par chacun de nous.
Et dans l’évangile, il est question d’« un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean ». En effet, chacun de nous peut mettre son nom à la place de celui de Jean. « Cet homme, précise l’évangile, n’était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage ». Nous ne sommes pas Dieu, nous ne sommes pas le Christ. Cependant Dieu nous confie une mission, celle d’être des témoins du Christ, de la Lumière dans un monde où les relations entre les hommes sont compliquées, où les personnes en qui l’on peut vraiment faire confiance sont toujours plus rares, où le mensonge prend souvent la place de la vérité, où la haine et la violence sont plus souveraines que l’amour et la paix. Et comment se traduit concrètement cette mission ?
En se tournant vers les pauvres
Dans Isaïe, l’envoyé du Seigneur dit : « Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres ». Et dans l’évangile, Jean dit : « Je suis la voix qui crie dans le désert ». Le pauvre, c’est celui qui n’a pas. Et le désert, c’est la terre du manque. Dans notre pays, jusque dans nos familles, où est la paix ? Où est la justice ? Les pauvres crient vers Dieu, et Dieu nous tourne vers eux. La bonne nouvelle pour les pauvres est que Dieu se fait proche de l’homme. Cette nouvelle, non seulement qu’elle est nouvelle, mais elle est aussi bonne. Elle n’est pas comme les nouvelles auxquelles nous sommes habitués. Aujourd’hui, Dieu veut nous sauver.
En étant compatissant
L’envoyé du Seigneur dit dans Isaïe : « Il m’a envoyé guérir ceux qui ont le cœur brisé ». Le cœur est un organe très important. S’il fonctionne mal, on tombe malade. S’il cesse de fonctionner, on meurt. Un cœur brisé, il s’agit d’une métaphore, peut l’être en partie – petit souci, ou en tout – désarroi. De petits soucis peuvent malheureusement devenir de grands si l’on ne trouve pas à temps l’aide nécessaire pour s’en sortir. Dans notre société, dans nos familles, il y a des gens qui sont déçus, blessés, désorientés à cause des propos qu’on leur tient ou de la manière dont on agit à leur égard. Aujourd’hui, le Seigneur nous envoie vers nos frères qui souffrent pour leur dire qu’il ne les oublie pas, que la guérison est possible aussi pour eux.
En apportant la libération
L’envoyé du Seigneur, dans Isaïe, dit encore : « il m’a envoyé annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté ». Etre prisonnier ou captif, c’est perdre la liberté de mouvement. Le prisonnier ou le captif ne peut pas aller où il veut (espace), ni quand il veut (temps). Dans notre société, nous perdons notre liberté de plusieurs manières, cela soit par nous-mêmes soit par la volonté des autres.
Par nous-mêmes, nous pouvons être prisonniers ou captifs du complexe de supériorité ou d’infériorité, nous pouvons être prisonniers ou captifs du désespoir dû à un échec ou à des vices.
Par la volonté des autres, nous pouvons être prisonniers ou captifs des croyances négatives comme la sorcellerie, de la mauvaise gouvernance, des préjugés dus à l’origine tribale, raciale, au sexe ou aux études faites.
Dieu nous envoie les uns vers les autres pour dire qu’il est le Dieu qui libère, que nous ne devons pas désespérer de notre vie si nous aimons la liberté.
Mais qu’est-ce qui rend notre message crédible au monde, auprès des gens auxquels Dieu nous envoie?
La joie et la prière
L’envoyé du Seigneur dit dans Isaïe : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu ». Et saint Paul dit aux Thessaloniciens : « Frères, soyez toujours dans la joie ». Notre joie fera dire au monde que le message que nous apportons et auquel nous croyons déjà nous rend vraiment heureux. Est-ce que nous avons la joie en nous ?
La prière : saint Paul dit aux Thessaloniciens : « Frères, soyez toujours dans la joie ». Et il ajoute aussitôt : « priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance ». C’est dans la prière et l’action de grâce que nous allons puiser les forces d’aller vers les autres, et aussi, comme le dit saint Paul aux mêmes Thessaloniciens, « de discerner la valeur de toute chose », ce qui est bien pour le garder, ce qui est mal pour nous en éloigner. Est-ce que nous aimons la prière ?
Si nous faisons cela, alors « le Seigneur fera germer [en nous], comme le dit Isaïe, la justice et la louange devant toutes les nations ».
Abbé Jean Claude Cabwinwe Ciza