Is 60, 1-6; Eph 3, 2-6 ; Mt 2, 1-12
Aujourd’hui, nous célébrons l’Épiphanie du Seigneur. « Épiphanie veut dire manifestation », nous dit le Missel du dimanche. Effectivement, les lectures choisies développent entre autres le thème de la révélation. Ainsi dans la première lecture, saint Paul dit aux Éphésiens : « Frères, vous savez en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : il m’a révélé le mystère du Christ ».
La révélation est un dévoilement
Révéler signifie enlever, découvrir le voile. Quelque chose était couverte sous un voile. En découvrant le voile, on peut enfin le voir. La révélation est un dévoilement. Ce qui était caché est découvert, ce qui était perdu est retrouvé, ce qui était loin est proche, ce qui était ignoré est connu, ce qui était flou est clair.
Si Dieu se révèle à nous, nous révèle le monde et nous révèle à nous-mêmes, ce qu’avant il était absent de notre vie. Isaïe, dans la première lecture, le reconnaît lorsqu’il s’adresse à Jérusalem en ces termes : « Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ». C’est l’obscurité, ce sont les ténèbres de la sauvagerie, des intérêts, de la violence, du mensonge dans lesquelles nous sommes plongés quand nous avons les yeux rivés sur la terre sans jamais essayer de les lever vers le ciel. En effet, Jérusalem, la terre et les peuples, c’est notre ville, c’est notre terre, ce sont nos peuples, c’est nous. Nous ne pouvons pas prétendre que tout va bien dans notre vie. Regardons bien autour de nous et en nous. Les guerres , la misère et les calamités un peu partout.
Aujourd’hui, Dieu prend l’initiative de nous sauver : « Ce mystère [de la révélation], dit saint Paul aux Éphésiens, [Dieu] ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes ». Ce mystère nous est maintenant accessible.
La lumière du Seigneur
Que nous apporte le Seigneur pour que nous le connaissions, pour que nous connaissions le monde, pour que nous nous connaissions nous-mêmes ? Il nous apporte la lumière. Dans le livre de la Genèse, la lumière fut la première création de Dieu. « Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre, la terre était déserte et vide, et la ténèbres à la surface de l’abîme ; le souffle de Dieu planait à la surface des eux, et Dieu dit : “Que la lumière soit !” Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne » (Gn 1, 1-4). De même, dans son œuvre de salut qui est une re-création, c’est-à-dire une nouvelle création, Dieu commence par la lumière. Ainsi, Isaïe dit à Jérusalem, et donc à nous : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi ».
La lumière du Seigneur nous aide à bien discerner, à voir de manière juste. Et cette vue apporte la joie, le bonheur. Isaïe dit à Jérusalem : « Alors tu verras, tu seras radieuse ; ton cœur frémira et se dilatera ». Et des mages, saint Matthieu dit dans l’évangile : « Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie ». Nous avons besoin nous aussi de la joie pour faire du bien autour de nous.
La lumière du Seigneur nous réconcilie les uns avec les autres, elle apporte l’unité. Isaïe dit à Jérusalem : « Lève les yeux, regarde autour de toi : tous ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras ». Beaucoup de choses nous divisent dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos villages, dans nos villes, dans notre pays, dans notre monde. Dieu veut que cela change.
La manière dont nous réagissons à la venue de Dieu
Mais notre joie, notre changement dépendent beaucoup de la manière dont nous réagissons à l’annonce de la venue de Dieu dans notre histoire, dans notre vie.
Notre réaction peut être positive à l’instar de celle des mages :
En nous mettant en route : saint Matthieu dit : « Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : “Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile”. L’évangile ne nous dit pas à qui était adressée cette question. Elle pouvait donc être adressée à n’importe qui. Dieu vient vers nous, nous devons aller vers lui, à sa recherche. Il est peut-être né chez le voisin, à qui nous ne parlons plus, chez qui nous n’allons plus.
En adorant le Seigneur : saint Matthieu dit : « En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». Dieu seul sait ou chacun sait devant qui ou devant quoi nous tombons à genoux. Les mages nous montrent que c’est le Seigneur qui doit régner dans notre vie, que c’est à lui que nous devons ouvrir notre cœur pour lui offrir ce que nous avons de meilleur, pour lui offrir notre vie.
En rentrant par un autre chemin : saint Matthieu dit encore : « Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin ». La venue du Seigneur ne nous arrache pas à notre pays, à nos tâches quotidiennes. Mais elle nous demande de changer notre agir, de prendre un autre chemin. C’est un appel à la conversion.
Cependant, notre réaction peut être négative à l’instar de celle d’Hérode.
En paniquant : saint Matthieu dit : « En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui ». Dieu vient mettre de l’ordre dans notre vie. Si nous avons des intérêts à sauvegarder, sa venue ne sera rien d’autre qu’un dérangement. D’où l’inquiétude, la panique, la désolation.
En cultivant le secret : saint Matthieu dit encore : « Alors Hérode convoqua le mage en secret ». Ici le secret est tout le contraire de la révélation. Tandis que la révélation rend manifeste, le secret cache. Hérode va envoyer les mages à Bethléem, mais c’est pour s’assurer que le Seigneur est effectivement né là-bas afin de le tuer. Pour Hérode et ceux qui lui ressemblent, ceux qui se prennent pour des seigneurs, le Seigneur est de trop. Il est encombrant.
Aujourd’hui, l’Écriture nous invite à choisir sincèrement entre l’attitude des mages et celle d’Hérode. Laquelle choisirons-nous ! évitons de chasser Dieu de notre vie mais comme les mages allons vers lui avec tout notre être pour l’adorer et lui offrir nos présents.
Abbè Jean Claude Cabwinwe Ciza