Js 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Mc 14, 1–15, 47
En ce dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, nous pouvons méditer l’évangile de la passion en isolant les temps, les lieux, les personnages, soit quand, où et qui ?
On a d’abord deux grands moments : A l’approche de Pâque et pendant la fête.
Que se passe-t-il à l’approche de la fête ?
Certains préméditent de faire du mal à Jésus. Ce sont les chefs des prêtres et les scribes. Les Bakongo disent : « Go mwana bweki nsuki, kitumbu ku mfumu gata (si les cheveux d’un enfant deviennent gris, le blâme revient au chef du village ».
Jésus est à Béthanie chez Simon le lépreux : là une femme cherche à se convertir en faisant de bonnes actions. Certaines personnes mal intentionnées la critique. Mais nous sommes tous des lépreux et nous avons besoin de conversion.
Judas passe à l’action pour voir éliminer Jésus. Les chefs des prêtres s’en réjouissent.
Quelle est notre attitude face à cela ?
Pendant la fête de Pâque
Ici on voit se distinguer trois grands moments avec chacun ses événements : le soir, le matin, à midi et encore le soir.
Mais d’abord une question : où fêter avec Jésus ? Où devons-nous fêter le Seigneur ? L’endroit de la fête, Jésus l’a fait réserver à l’étage. L’étage est un endroit élevé. Jésus élève ses disciples avec lui. Jésus nous élève de la bassesse du mal, du péché. Il nous a apporté le salut. Nous avons ici une anticipation de la résurrection.
Maintenant le soir : le soir est un moment difficile. C’est le temps des ténèbres, du tâtonnement, des forces du mal. Et Jésus déclare justement en ce moment que l’un de ceux qui mangent avec lui, de ses amis va le livrer. Le traître est dans la maison. Les Bashi disent : « Mwira w’omuntu omuha endwala (c’est l’ami d’une personne qui lui donne la maladie) ». Jésus donne à ses disciples le pain et le vin. Il se donne.
–Est-ce que nous savons l’accueillir ? Est-ce que nous savons nous donner aux autres, pour les autres ?
Pour clôturer le repas, Jésus et ses disciples exécutent le chant d’action de grâce. Ils nous apprennent à rendre grâce à Dieu en tout temps.
De la maison de la fête, ils arrivent à un autre endroit. C’est aussi un endroit élevé comme l’étage de la maison. Les hommes cherchent à s’abaisser, Jésus les mène vers les hauteurs. Nous sommes au mont des Oliviers. Mais Jésus prévient les disciples et nous avec eux : « Vous allez être exposés à tomber ». A tomber des hauteurs.
Pierre proteste. Et nous aimons souvent protester face à la vérité : « Moi je ne tomberai pas ». Est-ce un geste d’orgueil ? Nous devons apprendre à écouter Jésus et à demander son secours plutôt qu’à compter uniquement sur nos propres forces si dérisoires. En effet l’évangile insiste : « Et tous disaient de même ». Nous sommes tous pareils à Pierre !
Au mont des Oliviers, un endroit particulier se détache : Gethsémani. C’est un endroit de souffrance.
Jésus a peur, mais prie. La prière est une cure pour l’âme. Elle élève l’âme. C’est une arme. Il demande à ses disciples de veiller. Mais eux ils dorment.
N’aimons-nous pas faire le contraire de ce que Dieu attend de nous ?
Nous dormons beaucoup et nous prions peu ! Pourtant Jésus nous dit : « Veillez et prier pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible ».
Judas arrive. Il embrasse Jésus. Mais c’est pour le livrer. Nous posons beaucoup de gestes d’amour.
Est-ce vraiment par amour ? Quelles sont nos vraies motivations quand nous nous portons vers les autres ?
Une bande armée arrête Jésus. Jésus demande : « Suis-je un brigand ? » Les disciples fuient. L’un d’eux laisse tomber son drap. Il laisse tomber la foi.
Avons-nous encore la nôtre ?
Du mont des Oliviers, on passe à un autre endroit. Chez les grands prêtres. Pierre suivait de loin.
-Ne suivons-nous pas Jésus de loin ? Sans trop nous impliquer ?
Les chefs des prêtres et le grand conseil, qui sentent leur pouvoir menacé par Jésus, remis en question par Jésus, cherchent des témoignages contre Jésus mais n’en trouve pas. Jésus est pur. Il est l’agneau innocent, sans tâche. Il est le Messie, le Fils de Dieu, le Sauveur du monde, notre Seigneur.
Le grand prêtre est scandalisé d’entendre que Jésus est le Messie. Il n’a pas la foi. Il a déjà laissé tomber son drap. La bande outrage Jésus. Pierre nie qu’il est son disciple. Jésus est seul. Tout seul.
-Où sommes-nous ?
Le coq chante. Et Pierre se souvient des paroles de Jésus. Il pleure. C’est bon. C’est le chemin du repentir.
-Est-ce que nous savons regretter nos mauvaises actions ?
Tout cela s’est passé depuis le temps du soir. Maintenant nous changeons de temps. Nous sommes le matin. La méchanceté de l’humanité va se faire voir au grand jour. Les chefs des prêtres livrent Jésus à Pilate. Jésus passe des mains en mains comme on passe un colis. Pilate interroge Jésus. Mais Jésus ne lui répond pas. Ce n’est pas par manque des paroles. Jésus est la parole de Dieu. Pilate, s’il descend en lui-même, doit pouvoir le saisir comme le centurion a fait. Et de fait, Pilate saisit déjà quelque chose. Il sait que c’est par jalousie que les grands prêtres condamnent Jésus. Mais il ne fera pas grand-chose pour protéger Jésus.
-Sommes-nous jaloux dans la vie ? Comment traitons-nous les gens ?
La foule réclame qu’on libère Barabas, un meurtrier, à la place de Jésus. Nous faisons nous aussi parfois des choix très étonnants. Elle demande qu’on crucifie Jésus. Nous crucifions nous aussi par nos paroles et nos actions tant d’innocents autour de nous.
Pilate livre Jésus au soldat. Jésus passe de nouveau entre d’autres mains. On le prend pour une marchandise. Les soldats amènent Jésus à l’intérieur du Prétoire. L’intérieur du Prétoire préfigure l’intérieur du tombeau. Là ils se moquent de Jésus. Puis ils l’amènent pour être crucifié.
Quittant Pilate, on découvre un nouveau lieu : le chemin. Ici un innocent va aider un autre innocent. Simon de Cyrène va être réquisitionné pour porter la croix de Jésus. Jésus n’a plus de force.
-Est-ce que nous aidons Jésus à porter la croix ? Est-ce que nous soulageons la souffrance de nos frères ?
Le lieu qu’est le chemin n’est que transitoire. Il fait le lien entre deux lieux. Le Prétoire chez Pilate et Golgotha. Le Prétoire et Golgotha sont deux lieux qui incarnent la souffrance. Nous sommes donc à Golgotha.
Jésus refuse de boire le vin aromatisé de myrrhe que les soldats lui donnent. Jésus avait déjà dit aux disciples qu’il ne boira plus de vin. C’est lui qui nous a donné le vin et le pain.
Les soldats dépouillent Jésus de ses vêtements. Puis ils disposent de son corps en le crucifiant. Jésus ne semble plus rien avoir pour soi.
Puis commencent un concert :
Les passants – foule anonyme – l’injuriaient.
Les chefs des prêtres et les scribes – personnes représentant le sacré – se moquaient de lui.
Ceux qui étaient crucifiés avec lui – personnes représentant la corruption – aussi l’insultaient.
-Et nous ? Quelle est notre attitude face à Jésus au vu de tout ce que nous vivons ? Comment nous comportons-nous ? Nos actes honorent-ils Jésus ?
Passé le soir, passé le matin, nous voici à un nouveau temps : midi. En plein midi, des ténèbres sur la terre. C’est le triomphe du mal. Rien ne semble arrêter le mal. Jésus crie d’une voix forte. Il se sent abandonné par son Père. C’est la souffrance suprême.
-Ne nous arrive-t-il pas de croire parfois nous aussi que Dieu ne nous écoute pas ?
Jésus pousse un grand cri. Il meurt. En ce moment de séparation, un autre décor s’ouvre : le Temple. Le rideau du Temple se déchire. Dieu se révèle à l’humanité en l’aimant jusqu’au bout. Mais ne sommes-nous pas les temples de l’Esprit Saint, les temples de Dieu ? Nous devons laisser se déchirer le rideau de notre cœur pour que Dieu se révèle à nous, à chacun de nous. N’est-ce pas l’expérience du centurion ?
Le centurion est le témoin de cet amour de Dieu. Il est le symbole de l’accueil de Jésus, de son amour par l’humanité transformée, guérie par les souffrances, la fidélité du Fils de Dieu à sa mission. Il confesse sa foi. Il a remis le drap : « Vraiment cet homme était fils de Dieu ! ».
Les femmes sont là. Elles regardent de loin. Elles finiront par se rapprocher.
-Et nous, d’où regardons-nous les événements qui se déroulent dans notre société aujourd’hui ?
Nous avons rencontré un soir, nous avons rencontré un matin, nous avons rencontré un midi. Nous voici de nouveau le soir. Le monde est enveloppé dans un grand silence.
Joseph d’Arimathie, qui attendait lui aussi le Royaume de Dieu, demande à Pilate le corps de Jésus et l’enveloppe dans un linceul. Il le dépose dans un sépulcre d’où il ressuscitera. Mais il n’y a pas de résurrection sans témoin. C’est pour cela que les femmes vont se rapprocher : « Marie Madeleine et Marie, mère de José, regardaient l’endroit où on l’avait mis ».
Si nous suivons le Christ dans sa passion et si nous sommes attentifs comme les femmes, nous serons nous aussi témoins de la résurrection du Christ dans notre vie !
Abbé Jean Claude Cabwinwe Ciza