Jo 38, 1-11 ; 2 Co 5, 14-17 ; Mc 4, 35-41
En ce douzième dimanche du temps ordinaire, les lectures nous introduisent au thème de l’autorité. Avoir de l’autorité sur une personne, c’est être capable de diriger la personne en question, de se faire obéir par elle. Et avoir de l’autorité dans un domaine donné, c’est en être un expert, en avoir tellement de connaissances qu’on peut en parler en maître. La notion de l’autorité implique donc l’idée de domination. Mais pas seulement. Elle implique aussi l’idée de responsabilité. Si l’on demande par exemple : « Qui est le responsable de cet enfant ? ». On veut en fait savoir qui a le dernier mot sur lui de manière à pouvoir assumer, en quelque sorte, ce que dit ou fait cet enfant. En dernière analyse, la notion de l’autorité est liée à celle de l’ordre.
Ces éléments se retrouvent pratiquement dans les lectures que nous avons entendues. Dans la première lecture, du livre de Job, qui nous rappelle si bien l’entreprise patiente, intelligente de la création décrite par le livre de la Genèse, Dieu affirme son autorité sur l’univers, met de l’ordre dans le monde à partir du chaos : il parle du milieu de la tempête pour que ça soit sa voix et non celle de la tempête qui domine ; il retient l’eau de la mer avec des portes et des verrous pour qu’elle n’envahisse pas la terre ferme, il habille la mer des nuages et des nuées pour qu’elle soit belle à voir. Dans toute cette œuvre, ses gestes sont plein d’autorité. Ses paroles aussi. Dieu dit en effet à la mer : « Tu viendras jusqu’ici ! tu n’iras pas plus loin, ici s’arrête l’orgueil de tes flots ».
Est-ce différent dans notre vie ? Est-elle à l’abri de la tempête ? Pas tellement ! Il nous arrive en effet de faire l’expérience du chaos à tel point que nous ne savons plus si nous allons nous en sortir. Cela prend les contours de la mort dont parle saint Paul dans la deuxième lecture, de la seconde lettre aux Corinthiens.
L’évangile nous décrit cette expérience lorsqu’il nous parle des disciples. Ils traversent la mer de Galilée en barque. « Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d’eau ».
La mer, c’est la vie ; la barque, c’est chacun de nous, nos familles et notre société. Parfois vraiment notre vie devient agitée, submergée par des problèmes. C’est la tempête qui envoie l’eau partout, qui inonde tout, n’épargnant rien.
La tempête peut être au-dedans de nous : ce sont les tentations et les échecs qui nous accompagnent et qui nous rendent parfois méconnaissable à nos propres yeux ou aux yeux de ceux qui nous connaissent bien. D’où des questions comme : « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? ». « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? ». « Qu’est-ce qui ne va pas chez lui ? ».
La tempête peut être au-dehors de nous, mais nous atteint : ce sont des situations déplorables dans lesquelles nous plongent nos familiers, nos amis, des bandits connus ou inconnus, et même nos dirigeants. On s’y retrouve malheureux, désarmés.
Nos régions ne sont pas à l’abri de ces genres de situations. On peut ici rappeler la lettre que les évêques de l’Assemblée Episcopale provinciale de Bukavu ont publiée à Butembo le 23 mai de cette année pour dénoncer les crimes odieux dont sont victimes les populations de deux Kivu et du Maniema. La lettre est intitulée : « Notre cri pour le respect absolu de la vie humaine ».
Mais pourquoi les tempêtes prennent-elles de dessus sur nous ? A cause de l’oubli de Dieu. Dans l’évangile, on a dit du Christ : « Lui dormait sur le coussin à l’arrière ». C’est cela. Dans notre prétention orgueilleuse, nous nous mettons devant et nous mettons le Christ derrière. Nous créons même les conditions afin qu’il dorme, en lui donnant un coussin, pour qu’il nous oublie, pour qu’il ne se mêle pas de nos affaires. Alors bien évidemment les choses tournent mal pour nous, pour notre vie.
Que devons-nous faire pour maîtriser les problèmes, pour échapper à la catastrophe ?
Nous devons laisser Dieu faire entendre sa voix : dans la première lecture, il est dit que Dieu parla à Job « Du milieu de la tempête ». La voix de Dieu est plus forte et plus autoritaire que le bruit de la tempête. Dans l’évangile, les disciples réveillent Jésus en disant : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? ». Mais cela signifie que nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, que nous reconnaissons que les choses ne vont pas bien et que nous avons besoin de l’aide de Dieu. Alors seulement le Christ peut dire à la mer, comme nous le rapporte l’évangile : « Silence, tais-toi ».
-Est-ce que nous sommes des gens honnêtes ?
Nous devons surmonter nos peurs : dans l’évangile, nous avons entendu Jésus demander aux disciples : « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? ». Dans notre vie, nous avons peur de beaucoup de choses : de nos parents, de nos enfants, de nos voisins, de nos collègues d’étude ou de travail, de nos amis, de nos membres de famille, de nos dirigeants. Toutes ces peurs nous paralysent, nous reculent, nous ferment à l’épanouissement. Jésus veut nous guérir aujourd’hui, il veut nous redonner confiance en nous-mêmes et en ceux qui nous entourent. Mais il faut encore que nous ayons la foi en Dieu.
-Est-ce que nous avons la foi ?
Si nous obéissons à Jésus, si nous acceptons de passer avec lui « sur l’autre rive », nous ne connaîtrons « plus personne, comme le dit saint Paul aux Corinthiens, à la manière humaine ». Nous deviendrons vraiment de nouvelles créatures : ordonnées, sensées, équilibrées.
Pére Jean Claude Cabwinwe Ciza