Am 7,12-15; Ep 1,3-14; Mc 6,7-13
En ce 15e dimanche du temps ordinaire, les lectures nous introduisent au thème de la conversion. Dans l’évangile, parlant des disciples, saint Marc écrit : « Ils partirent, et ils proclamèrent qu’il faut se convertir ». La conversion est un changement de position, de mentalité, d’idées. En langage chrétien, on dirait un changement de cœur. On change. On quitte un lieu pour un autre. Il s’agit donc d’un contraste.
Qui ou quoi dirige notre vie ?
Ce contraste nous est bien montré dans la première lecture du livre d’Amos dans les figures d’Amazias, prêtre de Béthel, d’un côté, et d’Amos, prophète, de l’autre. Nous devons quitter la situation d’Amazias pour rejoindre celle d’Amos.
Qu’est-ce qui caractérise la situation d’Amazias ? Voilà une question que nous ne pouvons pas manquer de nous poser. Amazias a une fonction : c’est un prêtre. Il est attaché à un lieu : Béthel. C’est donc un privilégié qui tient à ne pas perdre ses avantages. Il est incapable de se poser des questions, par exemple celle de savoir si en voulant garder ses privilèges, il ne fait pas du tort aux autres, il n’est pas injuste envers son entourage.
Amanzias c’est quelqu’un, on dirait qui a son pain, son sac, son argent dans sa ceinture : ce sont là des images pour dire qu’il ne lui manque de rien. Mais c’est quelqu’un d’esprit. Bien que prêtre, il est loin du Seigneur. Il est plus attaché au roi qu’à Dieu. Il est plus attaché aux choses de ce monde qu’aux valeurs du royaume de Dieu. Pour lui, Dieu et tous ceux qui rappellent la présence de Dieu constituent un dérangement, une menace. Ainsi dit-il à Amos : « Va-t-en d’ici avec tes visions […]. Béthel c’est le domaine royal, le temple du roi ».
Mais qui ou qu’est-ce qui est notre roi à nous ? Qui ou quoi dirige notre vie ? En qui ou en quoi trouvons-nous notre sécurité ? En Dieu ou en autre chose ?
Pour incarner la parole de Jésus dans notre vie
Aujourd’hui, Dieu nous invite à revêtir l’esprit d’Amos. Amos est qualifié de prophète. Il n’a pas de point d’attache comme Amazias qui est dit prêtre de Béthel. Amos est un homme libre. Libre pour servir Dieu et son peuple. Il n’est pas au service d’un roi, mais de Dieu et de son peuple : « j’étais un simple berger et je taillais les figuiers, dit Amos. Mais le Seigneur m’a saisi […], et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple’ ».
C’est l’esprit d’Amos dont il est question dans l’évangile. Jésus veut que nous puissions l’incarner.
La solidarité : Jésus envoie ses disciples deux par deux. Il veut que nous veillions les uns sur les autres, que nous nous soutenions les uns les autres.
La libération : Jésus leur donne autorité sur les esprits mauvais. Ce sont les esprits mauvais qui génèrent la peur, les conflits, le manque de confiance en soi, et dans les autres, la jalousie, le découragement. Jésus nous donne la force de les surmonter ; de les éloigner de nos vies.
Le détachement : Jésus demande aux disciples, et à nous aujourd’hui, de ne pas nous encombrer de biens qui nous empêchent d’être libres pour Dieu et pour nos frères. C’est une invitation à la simplicité.
La confiance : Jésus demande aux disciples d’amener chacun un bâton et de mettre des sandales. Le bâton, c’est la foi sur laquelle nous devons nous appuyer pour ne pas tomber ou nous décourager dans la vie. Et les sandales, c’est l’espérance qui nous porte vers l’avenir. Malgré les problèmes, malgré les difficultés, nous devons savoir nous vaincrons, grâce à Dieu.
Aurons-nous assez de ressources pour incarner la parole de Jésus dans notre vie ? Et qu’est-ce qui peut nous l’assurer ?
Saint Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, répond que nous le pouvons. Parce que:
Dans les cieux, [Dieu] nous a comblé de sa bénédiction spirituelle en Jésus-Christ. En lui, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza