Jr 23, 1-6; Ep 2, 13-18; Mc 6, 30-34
En ce seizième dimanche du temps ordinaire, les lectures nous invitent à méditer sur le thème de l’unité.
Qui dit unité, dit rassemblement, entente, harmonie. Voilà ce que Dieu veut pour nous : que nous soyons unis à lui et que nous soyons unis entre nous.
Mais la première lecture nous apprend que Dieu n’est pas content de la manière dont nous vivons dans notre société, dans nos familles, dans nos communautés. Elle dit qu’il s’y trouve de mauvais bergers, des bergers irresponsables. Que font-ils ? Ils laissent périr et se disperser les enfants de Dieu. Périr et se disperser signifient s’éloigner de Dieu, se prendre soi-même et ses intérêts comme points de référence. Comment cela arrive-t-il ? A cause de la haine.
C’est saint Paul qui nous l’apprend dans sa lettre aux Ephésiens. Il dit en effet de Jésus qu’en sa chair crucifiée, il a fait tomber le mur qui séparait les hommes, qu’en sa personne il a tué la haine. La première lecture parle de cette haine en termes de méfaits. Après que Caïn a tué Abel, Dieu lui a demandé : « Où est ton frère Abel ? ». Caïn lui a répondu : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? ».
Dieu veut que chacun de nous soit le gardien de l’autre, le berger de l’autre. Mais comment répondons-nous à cette invitation de Dieu ? Très souvent comme Caïn ! Nous construisons des murs de haine entre nous. Et nous prenons soin d’écrire à la porte de notre cœur : « Attention ! Chien méchant ! ».
Nous nous éloignons de Dieu et nous éloignons de nous les gens qui nous entourent. Ils ont beau crier, nous ne les entendons pas. Ils ont beau passer et repasser devant nous, nous ne les voyons pas. Au contraire, par nos paroles et nos actes, nous semons la discorde, nous faisons des malheureux et des malades.
Dieu va-t-il laisser ses enfants périr ainsi ? Non ! Il le dit dans le livre de Jérémie : « Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis ». Pourquoi le reste ? Il s’agit de ceux qui bien que dispersés, bien qu’exposés aux méfaits de la société, gardent leur regard fixé sur Dieu, de qui nous vient le salut. Dieu les ramènera dans leurs pâturages. Cela veut dire qu’il leur donnera la joie d’être réconciliés avec lui et avec qu’eux-mêmes et avec leurs semblables. Ils deviendront des hommes nouveaux. Ils se sentiront chez eux.
Et comment cela est-il possible ? En Jésus-Christ ! Jésus-Christ est le germe juste dont parle le livre de Jérémie. Il est notre modèle:
1° Il gouverne avec intelligence : dans ce monde où il y a tant de mensonge, il faut être intelligent pour distinguer le vrai du faux, la réalité de l’apparence, le durable de l’éphémère, l’essentiel de l’inutile.
2° Il pratique le droit et la justice : dans ce monde où l’on méprise les faibles, les étrangers, Jésus nous apprend à être honnêtes, reconnaissants, accueillants.
3° Il exerce la paix : dans ce monde où il est tellement facile de semer la division, Jésus nous apprend à être des rassembleurs, à regarder au-delà de nos races, de nos ethnies, de nos clans, de nos conditions sociales pour considérer toute personne comme un frère de Jésus-Christ et donc mon frère.
Pour cela, comme les apôtres, nous devons nous réunir auprès de Jésus. Et comme les apôtres, nous devons lui rapporter tout ce que nous faisons, tout ce que nous disons. C’est très intéressant de réaliser que nous devons souvent rendre compte à Jésus de notre comportement. En nous approchant de lui, en causant avec lui, nous faisons de lui notre ami, notre confident. Nous montons ensemble dans la barque.
Comme les gens, nous devons voir Jésus, même et surtout lorsque nous avons l’impression qu’il s’éloigne de notre vie. Nous ne devons pas nous laisser gagner par le découragement. Au contraire, nous devons le suivre pour qu’à son tour il nous voit et puisse avoir pitié de nous, et nous instruire longuement. Ainsi en Jésus, comme dit saint Paul aux Ephésiens, « les uns et les autres, nous pouvons approcher le Père, dans un seul esprit ».
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza, La Réppublique Démocratique du Congo