2 R 4, 42-44 ; Ep 4, 1-6 ; Jn 6, 1-15
En ce dix-septième dimanche du temps ordinaire, les lectures nous parlent de la générosité. La générosité se caractérise par une sortie de soi. C’est donner quelque chose qu’on a celui qui n’a pas. Et puisqu’on donne de tout son cœur, c’est comme se donner soi-même. C’est cela qu’il faut comprendre par ce témoignage de saint Paul dans sa Lettre aux Ephésiens : « Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur ».
Être en prison, ce n’est plus se posséder soi-même. Saint Paul a tout donné aux autres jusqu’à sa propre liberté pour la cause du salut de l’humanité. Et dans l’Évangile, saint Jean nous apprend que lorsque Jésus a multiplié les pains et les poissons, « c’était un peu avant la Pâque ». Jésus-Christ est le vrai pain brisé pour le salut de l’humanité. Est-ce que nous sommes prêts à donner et à nous donner aux autres ?
Comment agir face à la famine matérielle et spirituelle ?
Il est vrai qu’autour de nous se rencontrent des difficultés qui peuvent ralentir notre élan de générosité, notre charité. La première lecture, du Deuxième Livre des Rois, s’ouvre par cette phrase forte : « Il y avait alors une famine dans le pays ». Et l’Évangile parle d’ « une grande foule qui suivait Jésus ».
Comment agir face à la famine matérielle et spirituelle ? Comment agir face à tant de problèmes qui se posent dans nos familles ? Dans nos communautés ? Dans notre monde ? Il y a des gens qui ne sentent pas aimés, il y a des gens qui passent des jours et des nuits sans avoir quelque chose à mettre sous la dent, il y a des gens qui n’ont pas d’argent pour étudier, il y a des gens qui ne trouvent pas du travail, il y a des gens qui sont chassés de leurs terres, etc.
Devant tout cela même les plus forts ou les plus nantis peuvent être envahi par des moments de doute. À fortiori les moins forts ou les moins fortunés ! Dans la première lecture, nous avons entendu que quelqu’un a apporté « vingt pains d’orge et du grain frais » pour faire face à la famine. On a dit « quelqu’un ». Cela veut dire que ça peut être n’importe qui parmi nous. Et nous avons entendu la réaction du serviteur d’Elisée : «Comment donner cela à cent personne ? ».
Et dans l’Évangile, on nous dit que dans la foule il y avait « un jeune garçon [avec] cinq pains d’orge et deux poissons ». Un jeune garçon signifie une personne jeune de cœur, une personne généreuse comme peut l’être en enfant. La réaction de Pierre a été celle du doute : « mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! ».
N’est-ce pas comme cela que nous aurions réagi nous aussi ?
Pour exercer notre générosité
Pourtant, aujourd’hui, Dieu nous invite à exercer notre générosité, à affranchir de nos doutes :
1° En levant les yeux pour voir autour de nous : l’Évangile dit : « Jésus leva les yeux et vit qu’une grande foule venait à lui ». C’est la condition même pour laisser secouer son cœur. Est-ce que je sais lever les yeux ? Est-ce que je sais voir tout ce monde autour de moi qui sollicite ma générosité ?
2° En mettant les gens à l’aise : Jésus dit aux disciples dans l’Évangile : « Faites-les asseoir ». Il y a des gens qui ont du mal à s’asseoir, c’est-à-dire qui n’ont plus confiance en eux-mêmes ni en personne. Ils ont besoin d’être rassurés. Est-ce que je suis une personne qui inspire la paix ?
3° En rendant grâce : l’Évangile dit que Jésus prit les pains puis rendit grâce. Rendre grâce, c’est reconnaître que tout vient de Dieu et que notre générosité s’enracine en lui, trouve en lui sa source. Est-ce que je sais dire merci à Dieu pour tous ses bienfaits ? Est-ce que je sais porter les autres dans ma prière ?
4° En donnant effectivement : Elisée dit à son serviteur : « Donne-les à tous ces gens pour qu’ils mangent ». Et Jésus distribua les pains et les poissons à la foule. La charité, c’est plus que les bonnes intentions. Est-ce que mes mains savent donner ?
5° En évitant le gaspillage : quand tout le monde eut mangé à sa faim, Jésus dit : « Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne soit perdu ». La générosité appelle la bonne gestion. Est-ce que je sais penser au lendemain ?
6° En étant discret : l’Évangile raconte que Jésus se retira tout seul, dans la montagne, lorsqu’il s’aperçut que les gens allaient le prendre de force pour faire de lui leur roi. Le bien évite les bruits et chérit l’humilité. Est-ce que je sais donner discrètement sans chercher à recevoir en retour ?
C’est là quelques conditions évangéliques pour bâtir une société où règne « l’unité dans un même Esprit ».
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza