Ex 16, 2-15 ; Ep 4, 17-24 ; Jn 6, 24-35
En ce dix-huitième dimanche du temps ordinaire, les lectures nous introduisent au thème de la foi. Par la foi, il faut entendre la fidélité et l’obéissance à Dieu. Dans la première lecture du livre de l’Exode, nous avons entendu Dieu dire à Moïse à propos du peuple d’Israël : « je vais le mettre à l’épreuve : je verrai s’il obéit, ou non, à ma loi ». Et dans la deuxième lecture, nous avons entendu saint Paul dire aux Ephésiens : « Frères, … vous ne devez plus vous conduire comme les païens qui se laissent guider par le néant ».
Qu’est-ce à dire sinon que nous sommes désobéissant à l’égard de Dieu ? Et notre poursuite du néant, c’est-à-dire de ce qui éloigne la vie de Dieu en nous, prend notamment deux formes :
La récrimination vis-à-vis du présent
Dans la première lecture nous avons entendu que « Dans le désert, toute la communauté des fils d’Israël récriminait contre Moïse et son frère Aaron ». On a dit « toute la communauté ». Cela veut dire que personne ne devrait dire qu’il n’est pas concerné par cette récrimination. Nous tous nous sommes devenus des éternels insatisfaits, incapables de voir la présence de Dieu, les actions de Dieu dans notre vie.
Certes cette vie est décrite comme un désert, c’est-à-dire un milieu hostile, difficile. Dans notre vie, dans nos sociétés, il y a beaucoup de choses qui ne vont pas bien : manque d’amour, de manque de justice, manque de vérité, santé défaillante, famine, guerre.
Mais réalisons-nous que Dieu chemine avec nous dans ce désert pour nous guider ? Bien souvent non ! Nous ignorons cette présence, nous sommes comme les fils d’Israël qui, à la vue du pain venu du ciel, osaient encore demander : « “Mann hou ?” “Qu’est-ce que c’est ?”, car ils ne savaient pas ce que c’était ».
Oui ! Dieu nous comble de plusieurs manières. Il y a des Moïse et des Aaron au milieu de nous. Des gens pleins de charité, de bonté. Ce sont de bienfaiteurs de l’humanité qui nous rendent visible la présence de Dieu. Ils nous invitent à avoir foi en lui, car Dieu ne veut pas notre mort.
La nostalgie du passé
Lorsqu’on croit que les choses ne vont pas bien dans notre présent où nous sommes invités à vivre en enfants de Dieu, alors nous prenons refuge dans le passé, dans nos vieilles habitudes. C’est ce que disent les enfants d’Israël : « Ah ! Il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur au pays d’Egypte, quand nous étions assis près de marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! ».
Les marmites de viande et le pain à satiété représentent les antivaleurs : l’injustice, l’oppression, le mensonge, l’inimitié, etc. S’asseoir près d’elles veut dire se lier d’amitié avec elles, vivre dans les péchés.
Sommes-nous des hommes nouveaux ?
Saint Paul les appelle les « désirs trompeurs » qui corrompent l’homme. Trompeurs parce qu’ils ne mènent pas là où ils prétendent mener : à la grandeur. Ils mènent à la destruction de l’homme et de la société. Et dans l’évangile, Jésus les qualifie de « nourriture qui se perd », parce qu’elle est inutile et qu’elle mène à la mort.
Alors « Que faut-il pour travailler aux œuvres de Dieu ? ». Cette question de la foule à Jésus est aussi la nôtre aujourd’hui. La réponse de Jésus est : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyez en celui qu’il a envoyé ». Et quel est le message de Jésus ? Saint Paul l’a formulé en s’adressant aux Ephésiens : il s’agit de se défaire de notre conduite d’autrefois, de l’homme ancien qui est en nous et de nous laisser guider intérieurement par un esprit renouvelé.
La fidélité à Dieu exige de nous la conversion, le passage de la poursuite du néant à la recherche de Jésus, de notre rive du lac à l’autre rive où se trouve Jésus, de la récrimination à la confiance, de la nostalgie à l’espérance, de l’injustice à la justice, du mensonge à la vérité, de la mort à la vie.
En somme, Jésus nous demande d’être rassasiés de lui : « Moi, je suis le pain de vie, dit-il dans l’évangile. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif ». Qu’est-ce que cela apporte-t-il à notre vie ? Cela fait de nous des hommes nouveaux créés à l’image de Dieu, pour parler comme saint Paul ; à l’exemple de Jésus que Dieu a marqué de son emprunte, selon les mots de l’évangile.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza