Is 53,10-11; He 4, 14-16; Mc 10, 35-45
Les lectures liturgiques nous invitent à scruter le sens rédempteur de la souffrance. Dans cette recherche, les quatre poèmes d’Isaïe qu’on appelle poèmes du serviteur souffrant ; forment le sommet de l’A.T. plus que d’une intuition géniale ou du fruit d’une expérience personnelle, il faut parler d’une révélation du sens de la douleur.
Jusqu’alors la souffrance n’était vue que comme le châtiment du péché. Que celui qui subit une épreuve s’examine : il a certainement offensé Dieu. Mais voici que, du peuple des croyants, monte avec force les cris désespérés des enfants et des innocents, des jutes et des martyrs. De cette longue nuit finit par jaillir un éclair : le juste souffrant expie, rachète les péchés des autres.
Ce serviteur est le missionnaire de la douleur. Sa mission est rédemptrice. Jésus se reconnaitra en ce portrait. Il est comme nous pouvons l’entendre dans la deuxième lecture, ce grand prêtre miséricordieux : « puisqu’Il a souffert lui-même l’épreuve, il est en mesure de porter secours à ceux qui sont éprouvés » (2,17). Dès sa naissance, il s’est mêlé au monde des pécheurs. Il n’est pas venu supprimer la souffrance, au contraire il l’a épousée. En apparence, Il l’a écrasé. En réalité, il l’a transfigurée. Ainsi, à Gethsémani et sur la route du Calvaire jusqu’à la mort en croix, il a pris en son cœur toutes les souffrances des hommes, sans exception, et il a opéré sur elles comme une transsubstantiation. Nous disons, qu’elles ont acquis une valeur divine de rédemption ; elles n’enchainent plus, elles libèrent.
Il me suffit dès lors, dans ma souffrance, de quelque ordre qu’elle soit, physique ou morale, professionnelle ou spirituelle, mystique ou banale, de rejoindre le fiat du Christ-prêtre pour que ma passion devienne sa passion aux mêmes fins expiatrices et rédemptrices. Il y a une conséquence de la souffrance.
Dans l’évangile, devant l’intervention de deux frères, les fils de Zébédée, nous partagerions volontiers la colère des autres apôtres ! Certes, ils manifestent un grand zèle missionnaire mais ne savent pas au juste ce qu’ils réclament. Leur demande n’est pas gratuite, c’est même sérieusement intéressé !
Cinquante ans après Vatican II, comment, nous concevons la mission, sa nature et ses fruits ? Notre service missionnaire est-il gratuit, obscur ou total ?
La réponse de Jésus à ces zelés , c’est la souffrance. Pourquoi souffrir pour siéger à la droite du Christ dans son Royaume ? Pour Jésus, souffrir c’est servir. Et celui qui accepte de souffrir pour les autres, de servir et n d’être servi, voilà celui qui est digne d’être à sa gauche et a sa droite dans son Royaume.
Ce que le Père Maximilien Kolbe a généreusement fait pour un compagnon de captivité dont il a sauvé la vie terrestre, Jésus l’a fait pour tous les hommes en vue de leur vie éternelle.il appelle cela un service, le service du Fils de l’Homme. Il définit ainsi sa mission parmi nous : » le Fils de l’Homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ».
Ainsi, il me faudra donc ôter de ma souffrance ces grains d’égoïsme et ces cris de révolte en lesquels se complaisait Job pour attirer la pitié. Souffrir, c’est servir, car c’est racheter, libérer, sublimer.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza