Jr 31, 7-9 ; Hb 5, 1-6 ; Mc 10, 46-52
Les lectures de ce trentième dimanche du temps ordinaire nous parle de la joie. La joie c’est l’expression d’une satisfaction. On est content d’avoir surmonté un obstacle, alors on jubile.
Dans la première lecture, du livre de Jérémie, le Seigneur nous dit : « Criez de joie pour Jacob […]. Faites entendre vos louanges ! ». Et dans l’évangile, on nous parle du fils de Timée qui « bondit » et qui « court vers Jésus ». Bondir et courir dans ce contexte est une expression de joie.
Mais qui est à la source de notre joie ? C’est Dieu ! Dans la première lecture, il est dit, « Le Seigneur a sauvé son peuple ». L’évangile fait écho à ce texte lorsque Jésus dit au fils de Timée : « Va, ta foi t’a sauvé ».
Le Seigneur nous sauve et nous retrouvons la joie. Car notre condition est tout simplement malheureuse.
1° Nous sommes des exilés : en effet, si le Seigneur, comme le dit la première lecture, nous fait revenir du pays du Nord, ce que nous n’étions plus chez nous.
Le pays du Nord, c’est le pays du froid, le pays des ténèbres que ne réchauffent pas les rayons du soleil. C’est le pays de l’exil.
*L’on peut se sentir exilé de sa propre vie lorsqu’on devient incapable de se comprendre, de suivre et de maîtriser les événements qui se passent autour de soi.
*L’on peut se sentir exilé de sa propre famille lorsqu’on se voit mal aimé, incompris, marginalisé.
*L’on peut se sentir exilé de son propre pays lorsqu’on ne peut jouir de ses richesses, lorsqu’on a l’impression de ne pas être protégé.
2° Nous sommes des dispersés : le Seigneur dit en effet qu’il nous rassemble des extrémités du monde. C’est là que nous nous sommes dispersés ou que nous nous dispersons : dans les extrémités, dans les périphéries, ces régions sans lois ni foi où nous perdons notre âme à force de faire le mal. Ces régions sont nos vices.
3° Nous sommes des aveugles : Nous sommes tellement saturés par le mal que nous faisons ou que nous voyons faire que nous ne sommes plus capables de distinguer le bien du mal. La lettre aux Hébreux parle des péchés par ignorance. Nous vivons et grandissons dans l’ambiance du péché.
4° Nous sommes des boiteux : la lettre aux Hébreux parle des péchés par égarement. Nous connaissons le bien, mais nous sommes hésitants. Nous chancelons dans sa mise en œuvre, dans sa mise en pratique. Nous nous égarons.
5° Nous sommes des femmes enceintes : dans le sens que le bien est en nous, mais c’est encore une promesse. Nous prenons sans doute toutes les précautions pour que le bien naisse, mais c’est encore une promesse. Et nous savons faire des promesses !
6° Nous sommes des femmes qui avons accouché : oui ! Nous avons accouché le bien. Mais justement comme un bébé, ce bien est encore fragile. Et nous sommes anxieux, angoissés face au mal.
Aujourd’hui, le Seigneur veut faire de nous la première des nations. Il veut nous faire sortir de la périphérie, de Jéricho, comme dit l’évangile : « Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse ».
Le Seigneur veut nous arracher à l’état de fils de Timée, assis au bord du chemin et mendiant. Etre assis au bord du chemin, c’est être de la périphérie, des extrémités. C’est ne pas jouir de la vie. Etre mendiant, c’est dépendre totalement des autres sans jamais être capable de donner soi-même aux autres.
Si nous crions pour qu’il nous vienne en aide ; si nous supplions pour qu’il ait pitié de nous, Jésus s’arrêtera et nous appellera à nous associer à son état de fils de David, de fils de roi.
Mais nous devons faire plus que crier.
1° Nous devons retrouver la confiance : la confiance en nous-mêmes.
2° Nous devons jeter notre manteau : ce manteau de péché qui nous maintient au sol, qui nous paralyse. Et chacun connaît son manteau.
Alors seulement le Seigneur, comme un bon papa, pourra nous ramener dans les consolations aux eaux courantes pour étancher notre soif, pour nous purifier. Alors seulement il nous conduira par un chemin où nous ne trébucherons pas.
Pere Jean Claud Cabwinwe
Fot. Perchek/Unplash