Mi 5, 1-4 ; Hb 10, 5-10 ;Lc 1, 39-45
Les lectures du premier dimanche de l’Avent nous avaient introduits au thème de la rédemption. Celles du deuxième et du troisième dimanches, au thème de la joie. Et celles que nous venons d’entendre, en ce quatrième dimanche, nous introduisent au thème de la seigneurie.
Dans la première lecture, le prophète Michée annonce que de Bethléem sortira « celui qui doit gouverner Israël », celui qui sera son « berger ». Dans l’évangile, Elisabeth se réjouit de voir que la mère de son Seigneur vient jusqu’à elle.
Mais qu’est-ce que la seigneurie ? La seigneurie, c’est l’autorité, le pouvoir que quelqu’un exerce sur un peuple. Par ce pouvoir, par cette autorité, il assure au peuple la protection et le bien-être. En retour, le peuple doit à celui qui le gouverne obéissance, respect et honneur. L’autorité sans peuple, c’est comme une tête sans corps. Et le peuple, sans autorité, c’est comme un corps sans tête. Les deux vont nécessairement ensemble. Par ailleurs, une autorité trop forte devient facilement abusive et conduit à la dictature. Cependant, une autorité trop faible devient facilement laxiste et conduit à l’anarchie.
Une bonne autorité doit être forte et humaine à la fois. Elle doit conduire avec efficacité vers le bien, la justice, la vérité, le bonheur auxquels le peuple aspire.
Comment se présente la seigneurie du Christ ?
La seigneurie du Christ est humano-divine et universelle.
Elle est divine par sa source : dans la première lecture, le prophète Michée parle du Christ lorsqu’il dit que « Ses origines remontent aux temps anciens, à l’aube des siècles », et encore « Il se dressera et il sera [le] berger [d’Israël] par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom de son Dieu ». Dans la deuxième lecture, de la Lettre aux Hébreux, nous avons entendu Jésus se présenter à Dieu en disant : « Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté ». Et dans l’évangile, Elisabeth dit à Marie à propos de Jésus : « le fruit de tes entrailles est béni ».Nous comprenons donc que tout ce que veut Jésus, tout ce qu’il fait, traduit la volonté de Dieu.
Elle est humaine par sa finalité : dans la première lecture, le prophète Michée parle du Christ en termes de « berger ». Un berger est un guide, un protecteur. La deuxième lecture nous parle du Christ qui est entré dans le monde. Jésus s’est fait l’un de nous en rejoignant notre histoire. Et dans l’évangile, on voit justement Jésus aller à la rencontre d’Elisabeth et de Jean-Baptiste par le truchement de sa mère. Jésus vient à notre rencontre par le truchement de l’Église.
Elle est universelle par son extension : dans la première lecture, Michée prophétise à propos du Christ en disant que « sa puissance s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre ». La seigneurie du Christ n’est pas réservée à une personne, à une famille, à une tribu, à une race ou à un peuple. Personne n’est exclu ou ne doit se sentir exclu de la seigneurie du Christ.
Maintenant, qu’est-ce que le Christ apporte à son peuple ? Il lui apporte :
La sécurité : dans la première lecture, le prophète Michée dit des fils d’Israël : « Ils vivront en sécurité ». Beaucoup ne se sentent pas en sécurité ni pour eux-mêmes ni pour leurs biens. Les raisons peuvent être multiples ou difficiles à cerner. Mais les faits sont là : il y a des cœurs angoissés, il y a de familles déchirées, la méfiance n’est pas rare. Aujourd’hui, le Christ se donne à nous. Michée dit : « il sera la paix ». Il nous donne ce qu’il est. Il nous donne son être. Ainsi, même si l’on se sent un moment délaissé, la victoire finit par arriver. C’est ce que nous apprend encore Michée : « Après un temps de délaissement, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter ». Elle enfantera la paix. Et la paix règnera parmi nous.
La sanctification : dans la deuxième lecture, il est dit que « c’est par [la] volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus-Christ a faite de son corps, une fois pour toutes ». Et dans l’évangile, Elisabeth dit à Marie : « Tu es bénie entre toutes les femmes ». La sanctification rend capable de faire le bien. Beaucoup sans doute se sentent découragés parce qu’ils ont l’impression de ne rien accomplir de bon. Aujourd’hui, le Christ nous rejoint et il veut nous transformer pour que par nous le bien habite dans notre monde.
Mais comment la seigneurie du Christ peut-elle se réaliser en nous et parmi nous ?
Si nous sommes humbles : Michée a prophétisé à propos de Bethléem en disant : « Toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël ». Dieu règne dans le cœur de celui qui sait lui trouver une place. Le nom hébreu Ephrata viendrait du verbe parah qui signifie porter du fruit, être fructueux.
-Est-ce que je suis humble ?
Si nous avons la foi : Elisabeth a dit à Marie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Sans la foi, on ne peut pas croire aux promesses de Dieu. Avec la foi on peut croire que ce monde a un sens, que ce monde changera, en bien. Le nom hébreu Marie, Miriam viendrait de l’égyptien mry Imn qui signifie aimée d’Amon.
-Est-ce que j’ai la foi ?
Pacifiés et sanctifiés, nous devons comme Marie porter le Christ aux autres, pour qu’ils soient eux aussi remplis de joie et d’Esprit-Saint à l’exemple de Jean-Baptiste et d’Elisabeth.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza
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