Is 60, 1-6 ; Eph 3, 2-6 ; Mt 2, 1-12
En cette solennité de l’Epiphanie, nous célébrons une rencontre : la rencontre de la divinité avec l’humanité. C’est une rencontre qui laisse une marque très profonde dans l’humanité. C’est en effet « pour nous les hommes et pour notre salut », comme nous le disons dans le Credo, que Dieu s’est fait homme !
Pour commencer, nous pouvons nous poser une question : quelle est la situation de l’humanité sans Dieu ?
Isaïe, dans la première lecture, la décrit comme une situation triste : « Regarde, dit-il à chacun de nous, l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ». Il s’agit d’une situation pathétique où le mal règne en maître.
Un poème de l’Egypte ancienne, qui parle du soleil, donne raison à Isaïe. On y lit : « [Soleil] Lorsque tu te couches […] / L’univers (est) dans les ténèbres à la manière de la mort. / [Les hommes] Ils dorment dans les chambres, têtes couvertes. / Et aucun œil ne voit l’autre. / Si tous leurs biens qui sont sous leurs têtes étaient volés, / Ils ne s’en apercevraient pas. / Tous les lions sortent de leur antres, / Et tous les serpents mordent. / Ce sont les ténèbres d’un four et le monde gît dans le silence. / Ce que leur créateur repose dans son horizon ».
Ce sont les ténèbres de nos intérêts, de nos égoïsmes, de nos calculs pour maintenir les gens dans l’ignorance, dans la pauvreté, dans la dépendance, voire dans la souffrance. C’est ainsi que nous vivons dans notre monde, dans notre pays, dans nos familles, dans nos communautés.
Dans l’évangile, Hérode incarne bien le rôle de quelqu’un qui vit dans l’obscurité dont voici les caractéristiques :
Le secret : « Alors, dit Matthieu, Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ». Nous agissons en cachète si notre comportement est mauvais. On ne veut pas que les gens en soient au courant pour n’être pas contredit, pour ne pas perdre notre pouvoir, nos avantages, notre hégémonie. Il est en effet plus facile de manipuler les gens lorsqu’ils sont en position de faiblesse.
Le mensonge : « Et quand vous l’aurez trouvé, dit Hérode aux mages, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui ». Voilà, pour pouvoir atteindre son but, celui de détruire le bien, Hérode n’hésite pas à se faire passer pour quelqu’un de bien. C’est ainsi que nous agissons parfois. Nous trompons notre entourage par nos paroles, par nos actes pour nous maintenir, pour sauvegarder nos intérêts, si mauvais soient-ils.
Et c’est au milieu de notre obscurité, de nos ténèbres, que Dieu nous rejoint, que Jésus vient à notre rencontre. Isaïe, dans la première lecture, dit en effet : « Débout Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi ». Et dans l’évangile, saint Matthieu écrit : « Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode ».
Cela dérange forcément, bouleverse nos agendas, nos intérêts. Saint Matthieu le dit : « En apprenant cela [la naissance du Messie], le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui ». Mais Dieu veut se donner :
Même à ceux qui se sentent tout petit comme nous l’affirme l’évangile : « Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple ».
Même à ceux qui se sentent marginalisés. C’est ce que nous dit saint Paul dans la deuxième lecture : « […] grâce à l’évangile, les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus ».
Le Seigneur n’exclue personne du salut qu’il apporte. Mais ceux qui l’accueillent doivent se laisser transformer :
En prenant lui Jésus comme guide : saint Matthieu écrit : « Et voilà l’étoile qu’ils avaient vu les précédaient ».
Dans notre vie, est-ce que nous mettons le Seigneur devant ?
En cultivant la joie : Isaïe dit à Jérusalem : « tu seras radieuse ; ton cœur se dilatera ». Et saint Matthieu dit dans l’évangile : « Quand [les mages] virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie ».
Est-ce que nous sommes heureux comme disciples du Christ ?
En reconnaissant Jésus comme l’unique sauveur : dans l’évangile nous avons entendu qu’« En entrant dans la maison, [les mages] virent l’enfant et Marie sa mère ; et, en tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui ».
Est-ce que Jésus est le centre de notre vie ? Est-ce lui qui nous anime ?
En étant prudent : il est dit des mages dans l’évangile : « Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin ».
Est-ce que nous contrôlons où nous mettons nos pieds ? Notre cœur ?
Si nous nous laissons vraiment transformer par le Seigneur, alors comme le dit Isaïe, « Les nations marcherons vers [notre] lumière, et les rois vers la clarté de notre aurore ».
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza
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