Is 62,1-5 ; 1 Co 12,4-11 ; Jn 2, 1-12
En ce deuxième dimanche du temps ordinaire, les lectures nous invitent à méditer sur le thème du souci de Dieu pour l’humanité. Se faire du souci pour quelqu’un, c’est se préoccuper de lui, s’intéresser à lui d’une manière particulière, se déranger pour lui, se tracasser pour lui. Par exemple, si un enfant ne travaille pas bien à l’école, ou ne mange plus convenablement à la maison, les parents ont là un motif de préoccupation. Ils vont se dire : « qu’est-ce qui ne va pas avec notre enfant ? »
Maintenant, est-ce que Dieu se souci de nous ? Oui ! Dans la première lecture, du livre d’Isaïe, nous avons entendu Dieu dire : « Pour la cause de Jérusalem je ne me tairai pas, pour Sion je ne prendrai pas de repos ». Jérusalem, Sion, c’est notre humanité, c’est notre pays, c’est notre région, ce sont nos villes, ce sont nos familles, c’est chacun de nous. Dieu ne se désintéresse pas de nous. Tout au contraire, il est attentif à notre sort, à ce qui nous arrive.
Comme l’a montré l’exemple de l’enfant évoqué plus haut, on se préoccupe de quelqu’un qui est en situation de manque. Peut-on dire que c’est là notre situation ? Oui ! répond l’Ecriture.
Dans la première lecture, Dieu dit de Jérusalem : « On ne t’appellera plus : “le délaissé”, on n’appellera plus ta contrée : “Terre déserte” ». Cela veut dire que dans l’actualité Jérusalem est abandonnée, elle est devenue une terre déserte. On lui a tourné le dos, on l’a quitté !
Bien souvent, nous nous sentons également tout seuls, abandonnés : par les gens de nos familles, par nos meilleurs amis parce que nous sommes trop riches, mais très souvent parce que nous sommes trop pauvres. Il y a bien d’autres raisons qui font que nous ne comptons pas aux yeux des autres. C’est souvent des problèmes familiaux, la maladie peut être, l’échec dans la vie.
Mais il se peut que ce soit nous qui, pour une raison ou pour une autre, maltraitons les gens, abandonnons les autres, en les regardant comme des vauriens, des gens qui ne comptent pas, qui n’ont pas droit même à la parole.
Dans l’évangile, aux noces de Cana, Marie dit à Jésus : « Ils n’ont plus de vin ». Il faut comprendre par-là : « Ils n’ont plus de vie ». là aussi on voit Dieu qui prend l’initiative, qui se soucis de ce couple, et qui cherche une solution pour eux sans attendre leur demande. Ce couple de Cana, comme Jérusalem, c’est chacun de nous, notre pays, nos familles qui n’ont plus la joie de vivre, privée de toute joie.
Même au milieu de nos fêtes, de nos célébrations, nous n’avons plus de joie authentique, de sourire vrai. Parce que pour beaucoup d’entre nous les choses ne vont pas bien : manque de travail, manque de bon travail, manque de salaire, manque d’affection, manque de présence, manque de confiance, manque d’amour.
Ce que Dieu dit de Jérusalem dans Isaïe, il le dit aussi aujourd’hui pour nous : « je ne prendrai pas de repos avant que sa justice ne se lève comme l’aurore ». Tous ces manques, tous nos manques sont dus à un seul manque : manque de justice. La justice, c’est l’honnêteté, c’est l’attention aux autres, c’est le namaha, la mesure qui donne la joie aussi bien aux riches qu’aux pauvres. Un dicton africain dit : « jeune prend ta part, vieux prend ta part, le surplus appartient à Dieu ». Dieu veut que cette justice puisse briller en nous. Il veut que nous soyons appelés d’un nom nouveau.
Comment cela est-il possible ? Si nous coopérons à notre salut :
En étant ouverts à Dieu : c’est le sens de six cuves de pierres dont parle l’évangile. Ce sont nos cœurs. Ils ne sont pas vides puisque les cuves contenaient chacune « environ cent litres ». Mais elles n’étaient pas pleines jusqu’au bord ! Nos cœurs ne sont pas débordants d’amour et de justice. Ils peuvent le devenir si nous les mettons à la disposition à Jésus.
Sommes-nous prêts pour cela ? A mettre nos cœurs à la disposition de Jésus ?
En étant obéissants à Dieu : Dans l’évangile, Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau les cuves ». L’évangile ajoute : « Et ils les remplirent jusqu’au bord ». Ce faisant l’eau devint du vin. L’on peut dire que les événements les plus ordinaires de la vie, ouvrent à la joie, à l’espérance s’ils sont vécus à la lumière de la parole de Dieu, s’ils sont vécus dans l’obéissance aux commandements de Dieu.
Sommes-nous prêts à obéir toujours à Dieu ? Quoiqu’il en coûte ?
En étant ouverts aux autres : Dans l’évangile, Jésus dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas ». Et dans la deuxième lecture, saint Paul dit aux Corinthiens : « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous ». Dieu nous renvoie chaque fois à l’autre. Et le français disent : l’union fait la force » pendant que les africains disent : « l’homme se fait par l’autre ».
Sommes-nous prêts à nous porter les uns les autres ? A nous entraider vraiment ?
Si nous agissons ainsi, alors chacun de nous sera, comme dit Isaïe, « une couronne resplendissante entre les doigts du Seigneur ».
Et dans cette marche vers notre salut, nous pouvons compter sur l’intercession de la Vierge Marie comme aux noces de Cana. Demandons à la Vierge Marie de jeter toujours son regard maternelle sur chacun de nous, sur nos familles souvent divisés et privées de joie, sur notre pays afin qu’elle nous retrouve cette joie perdue par les situations accablantes du moment.
Pére Jean Claude Cabwinwe Ciza