Les lectures que nous venons d’entendre sont très riches. Mais nous n’allons en retenir qu’un seul thème, celui de la recréation, c’est-à-dire de la nouvelle création.
Saint Paul a dit aux Corinthiens : « […] si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi ». La résurrection, le triomphe du Christ sur la mort, est un point central de la prédication chrétienne, de la foi chrétienne. La résurrection est une recréation. Comment nous apparaît donc cette recréation ?
A) Elle nous apparaît d’abord comme lumière: dans le récit de la création que nous avons entendu dans la première lecture du livre de la Genèse, il est dit : « La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme, et l’esprit de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : “Que la lumière soit”. Et la lumière fut ». La création, c’est le passage de l’informe à la forme, du vide au plein, du manque de consistance à la consistance, di néant à l’être, de l’ignorance à la connaissance, des ténèbres à la lumière. La lumière est vraiment importante pour la terre. Plus loin dans la même lecture, il est dit en effet : « Et Dieu dit : “Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel, pour séparer le jour de la nuit ; qu’ils servent de signes pour marquer les fêtes, les jours et les années ; et qu’ils soient au firmament du ciel des luminaires pour éclairer la terre” ». La lumière, c’est la vie.
Dans la troisième lecture, du livre de l’Exode, on voit également la lumière jouer un grand rôle dans la naissance du peuple d’Israël. Le peuple d’Israël est né à Pâque, durant la sortie de l’Égypte. La lecture parle d’une « nuée [qui] était à la fois ténèbres et lumière dans la nuit, si bien que de toute la nuit, [les Égyptiens et les Israélites] ne purent se rencontrer ». En effet, la nuée était ténèbres pour les Égyptiens et lumière pour les Israélites. Le triomphe de la lumière sur les ténèbres, c’est le triomphe du bien sur le mal.
La lumière d’Israël, c’est la lumière même de Dieu qui dit dans la quatrième lecture du livre d’Isaïe : « Et toi, tu appelleras une nation que tu ne connais pas, et une nation qui t’ignore accourra vers toi, à cause du Seigneur ton Dieu, à cause de Dieu, le Saint d’Israël, qui fait ta splendeur ». Notre splendeur, c’est la splendeur de Dieu. Dieu est notre lumière.
La résurrection inaugure une nouvelle création. Dans l’évangile, il est dit : « Le premier jour de la semaine, de grand matin ». C’est un nouveau départ que nous fait initier le Christ. Et ici aussi il est question de lumière : « [Les femmes], dit l’évangile, ne savaient que penser, lorsque deux hommes se présentèrent à elles, avec un vêtement éblouissant ». Le vêtement éblouissant symbolise la nouvelle vie et la pureté morale que Jésus nous communique par sa résurrection.
B) La recréation nous apparaît ensuite comme parole: dans le récit de la création, nous avons entendu ces phrases : « Dieu dit », « Et Dieu dit ». Et les paroles du Seigneur accomplissent de bonnes choses. Il y a en effet cette phrase : « Et Dieu vit que cela était bon ». Et après la création de l’homme on a cette phrase : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon ». Nous sommes créés par la bonté de Dieu, et notre destinée est de vivre dans la bonté.
C’est par sa parole, ainsi que nous le montre la deuxième lecture, du livre de la Genèse, que Dieu mit Abraham à l’épreuve.
C’est aussi par sa parole puissante que Dieu s’adresse à Moïse, dans le livre de l’Exode, en lui demandant d’ordonner aux fils d’Israël de se mettre en route pour la traversée de la mer.
C’est également par sa parole que Dieu s’adresse directement à son peuple. Dans la lecture du livre d’Isaïe nous avons entendu ces phrases adressées à Israël : « Écoutez-moi donc », « Prêtez l’oreille », « Écoutez ». Par sa parole, Dieu éduque son peuple. Et cette éducation est une création.
Dans l’évangile, la parole est aussi au cœur de la résurrection qui inaugure la nouvelle création. En effet, les deux hommes en vêtement éblouissant parlent aux femmes et donc à nous, en ces termes : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité […] ». Ces paroles sont une bonne nouvelle. Elle nous montre le triomphe de la vie sur la mort.
Mais Dieu a besoin de nous pour nous communiquer sa vie. Il veut que nous puissions nous attacher à lui. Dans la quatrième lecture, du livre d’Isaïe, il nous dit : Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche ».
Cet attachement est :
1° Obéissance : c’est l’obéissance d’Abraham qui accepte de sacrifier à Dieu son fils, c’est-à-dire, le meilleur de lui-même. C’est l’obéissance de fils d’Israël qui acceptent de traverser la mer pour avoir accès à la terre promise.
-Est-ce que je veux obéir aux commandements de Dieu ?
2° Conversion : Dieu dit au peuple d’Israël dans Isaïe : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme pervers ses pensées ». Et saint Paul dit aux Romains dans sa lettre : « pensez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus-Christ ».
-Est-ce que j’accepte d’abandonner mes mauvais chemins ?
3° Témoignage : dans l’évangile, il est dit : « Revenues du tombeau, [les femmes] rapportèrent tout cela [tout ce qu’elles ont vécu] aux Onze et aux autres ».
-Est-ce que j’accepte de témoigner du christ vivant au monde ?
Demandons à Dieu la grâce d’être en communion avec le Christ par une mort qui ressemble à la sienne pour mériter une résurrection qui ressemblera à la sienne, selon les mots de saint Paul.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza