Aujourd’hui, nous célébrons la fête de la Pentecôte, c’est-à-dire la fête du don de l’Esprit Saint à l’Église. Dans les textes liturgiques nous avons cette affirmation : « En introduisant le Ressuscité dans toute sa splendeur céleste, l’Ascension lui confère un rayonnement de salut sans limites. Sonne alors l’heure de la promesse maintes fois répétée de l’envoie de l’Esprit-Saint (Jn 14, 16-18. 26 ; 16, 7-15 ; Ac 1, 4-5. 8). Le temps pascal atteint ainsi sa plénitude en révélant sa face cachée : il est le temps de l’Esprit (Jn 7, 39) ».
L’Esprit Saint est très important pour nous les croyants. Car il nous aide à comprendre la volonté de Dieu révélée en Jésus-Christ. C’est Jésus lui-même qui nous l’apprend dans l’évangile de Jean : « J’ai encore bien des choses à vous dire mais vous ne pouvez les porter maintenant ; lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière. Car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu’il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir » (Jn 16, 12-13).
Mais nous ne pouvons pas nous offrir l’Esprit-Saint de nous-mêmes :
Il vient d’ailleurs : c’est ce que nous dit le livre des Actes des Apôtres : « Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après la Pâques), les frères se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut rempli ».
C’est un don du Christ : c’est ce que nous dit l’évangile : « [Jésus] envoya sur [ses disciples] son souffle et il leur dit : “Recevez l’Esprit Saint” ».
L’Esprit Saint est offert à tous les croyants. Le livre des Actes des Apôtres nous aide à le voir lorsqu’il dit : « [les frères, c’est-à-dire les disciples] virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint ». Voilà pourquoi personne ne peut dire en vérité : « Moi, Dieu m’a oublié ». Dieu est généreux envers nous tous. Il n’oublie personne ; il ne néglige personne.
Pourtant dans l’évangile, nous voyons que le croyant doit respecter une condition, un préalable pour recevoir l’Esprit Saint. L’évangile nous dit en effet :
«Le soir de Pâques, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs ». En effet, suite à la mort de Jésus, les disciples se sont retrouvés dominés par la peur de leur entourage. Ils se disaient sans doute :
« Après Jésus, c’est notre tour ». Le philosophe existentialiste français du nom de Jean-Paul Sartre a écrit que « L’enfer, c’est les autres ». C’est faisant, ils se sont enfermés en eux-mêmes, et sont tombés malheureusement dans le noir, dans la nuit, sans perspective d’avenir.
Nous aussi nous sommes envahis par des peurs. Nous avons peur de ou pour notre conjoint, nous avons peur de ou pour nos enfants, nous avons peur pour notre santé, nous avons peur de nos voisins, nous avons peur pour notre travail, nous avons peur pour nos études, nous avons peur pour nos pays, nous avons peur pour notre avenir. Alors nous nous en enfermons en nous-mêmes. Nous érigeons des murs des prétextes et nous écrivons à la porte de nos cœurs : « Attention ! Chiens méchants ». Tout cela est l’expression d’un manque ; d’un manque de paix.
Le préalable qu’il faut justement poser, c’est la paix. L’Esprit Saint ne peut habiter un cœur encombré ou agité. Voilà pourquoi quand Jésus apparaît à ses disciples, la première chose qu’il leur dit, c’est : « La paix soit avec vous ». Il va même le répéter : « La paix soit avec vous ». Ce n’est qu’après cela, dans la paix retrouvée, qu’il souffle l’Esprit sur eux.
Nous avons besoin de retrouver la tranquillité, l’harmonie en nous et autour de nous pour enfin prétendre recevoir l’Esprit Saint.
Maintenant, qu’est-ce que l’Esprit-Saint nous apporte ? De quoi nous rend-il capable ?
Sur le plan vertical, il nous ouvre à Dieu : Dans le livre des Actes des Apôtres, il est dit que les gens qui entendaient les disciples s’exclamèrent : « […] tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu ». Et dans la deuxième lecture, saint Paul dit aux Corinthiens : « Frères, sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : “Jésus est le Seigneur” ». Le Saint Esprit suscite en nous le désir de Dieu et arrange nos phrases, lui qui connaît le cœur de Dieu, pour qu’elles soient compréhensibles à Dieu.
Sur le plan horizontal, l’Esprit Saint nous ouvre les uns aux autres, il nous met en réseaux :
1° En nous rendant universels : dans le livre des Actes des Apôtres, il est dit qu’après la descente du Saint Esprit, les disciples « se mirent à parler en d’autres langues » et chacun de ceux qui les écoutaient « les entendait parler sa propre langue ». Si l’on est vraiment habité par l’Esprit-Saint, l’on ne doit plus s’identifier seulement à sa nation ou à sa race. On doit s’ouvrir à toute l’humanité.
2° En nous rendant égaux : dans le livre des Actes des Apôtres, les disciples sont appelés « Frères ». C’est aussi le même langage que saint Paul emploie pour désigner les Corinthiens : « Frères ». Et il dit à leur intention : « les activités sont variées, mais c’est partout le même Dieu qui agit en tous », « Nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps ». Cela dit, un disciple du Christ ne peut traiter un homme comme un esclave ou inférieur à soi-même.
3° En nous rendant capable de faire le bien : saint Paul dit aux Corinthiens : « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous ». Et un grand bien que nous pouvons faire aux autres, nous dit l’évangile, c’est pardonner. Car si nous pardonnons, comme nous l’enseigne la prière du « Notre Père », Dieu pourra aussi nous pardonner nos offenses.
Demandons à Dieu d’ouvrir nos cœurs aux multiples dons du Saint Esprit.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza
Photo – l’Archive de la Fondation Jean-Paul II