Ec 1, 2; 2, 21-23; Ps 90; Col 3, 1-11; Lc 12, 13-21
Les lectures de ce dix-huitième dimanche nous introduisent au thème de la sagesse. La sagesse peut s’entendre comme un savoir qui consiste à bien guider sa vie en tenant compte des expériences personnelles et des expériences des autres. La sagesse est donc une connaissance positive. Et comme tel, elle s’oppose à la folie qui est une connaissance négative en tant qu’elle privilégie l’intérêt.
Le chemin de la sagesse est difficile parce que la vie, il faut bien le reconnaître, est souvent impitoyable. Comment ?
1° Il faut travailler beaucoup pour arriver au succès : la vie est ainsi faite. La nature ne nous procure pas d’emblée ce dont nous avons besoin. Cela il faut le conquérir : a) avoir des parents responsables qui vous initie à un métier ou qui vous envoient à l’école, b) être appliqué à l’initiation ou à l’école, c) apprendre les bonnes manières, d) trouver du travail ou en créer au terme de l’initiation ou des études afin de subvenir à ses besoins et à ceux de son entourage. Commentant cette situation, l’Ecclésiaste dit : « tous ses jours (de l’homme) sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments ».
2° Le succès peut se faire attendre : ce n’est pas parce qu’on a été bien initié ou qu’on a bien réussi qu’on aura nécessairement du travail. Et si l’on a un travail, il ne sera pas nécessairement le bon. Et s’il est bon, on n’aura pas nécessairement l’argent ou le salaire qu’on aurait voulu avoir. Et si l’on a un bon salaire ou beaucoup d’argent, on aura aussi une grande famille et beaucoup d’amis ! Commentant cette situation l’Ecclésiaste dit : « même la nuit son cœur n’a pas de repos », à cause de soucis.
3° La vie de l’homme est fragile : riche ou pauvre, pour une raison ou pour une autre, on peut devenir incapable de gérer ses biens, et au pire on peut passer très vite sur cette terre. Commentant cette situation, l’Ecclésiaste dit : « un homme s’est donné de la peine […] il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine ».
Face à ce piège de l’existence, l’homme peut facilement céder à la révolte. L’Ecclésiaste en parle en termes de « vanité » et de «scandale». Beaucoup d’entre nous ici peuvent être d’accord avec ces paroles de l’Ecclésiaste.
Mais la question est : où ce constat de vanité et de scandale peut-il conduire l’homme ?
1° A une recherche excessive du gain : la dureté de la vie peut facilement conduire quelqu’un à s’enfermer sur lui-même. En fait les autres ne compteront que dans la mesure où ils lui apportent quelque chose. Mais si l’argent et les richesses passent avant toute autre considération, alors la vie ne vaudra plus grand-chose. C’est ici qu’il faut chercher la cause de beaucoup de problèmes que nous avons dans notre pays, dans notre région, jusque dans nos familles. Il y a des gens qui veulent avoir à tout prix plus que les autres. Mais il n’est pas évident que les choses se passent comme ça parmi nous ! D’où la réclamation de cet homme du milieu de la foule dont nous parle l’évangile : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ».
Est-ce que nous avons le sens de la justice ?
2° A une recherche excessive du plaisir : On se dit intérieurement : « La vie est trop dure, elle semble aussi être trop brève. Alors on doit largement en profiter ! ». Cela signifie, à vrai dire, s’armer contre les valeurs pour laisser libre cours à ce que saint Paul appelle dans sa lettre aux Colossiens « débauche, impureté, passions, désirs mauvais, appétit de jouissance, mensonge ». On construit donc un monde dans lequel on jouit bien souvent au détriment des autres, surtout des pauvres et des faibles. L’on n’est pas loin de parler à soi-même comme cet homme de la parabole de l’évangile : « Repose-toi bien, mange, bois, profite de la vie ».
Comment est-ce que nous nous traitons nous-mêmes et traitons les autres ?
Dieu ne veut pas que nous vivions comme des fous. Il veut que nous soyons des hommes et des femmes raisonnables. D’où cette interpellation de saint Paul envers les Colossiens et envers nous : « débarrassez-vous de l’homme ancien, revêtez l’homme nouveau celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance ».
Cette vraie connaissance qui est la sagesse même nous apprend deux choses aujourd’hui :
*que « la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, comme le dit l’évangile, ne dépend pas de ses richesses », mais de Dieu ;
*que tous les hommes sont égaux en Christ comme nous le dit la deuxième lecture : il « est en tous, il est tout ».
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza