Sam 5, 1-3 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43
Aujourd’hui, trente quatrième dimanche du temps ordinaire, dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons la fête du Christ Roi de l’univers.
Une société qui n’a pas de chef sombre dans l’anarchie. Il est, à proprement parlant, juste de dire que sans chef, il n’y a pas de société. Même dans le monde animal, il y a des chefs qui guident ou qui protègent les autres. Tel est le rôle d’un roi : guider et protéger la société.
La royauté est une alliance entre un peuple et un roi en présence d’un témoin qui peut être un livre (la constitution, la Bible, le Coran, etc.) ou un être transcendant comme Dieu. Le témoin est le garant de l’alliance. Ainsi, dans la première lecture, du second livre de Samuel, parlant du roi David, est-il dit :
Le roi David fit alliance avec eux [les anciens d’Israël], à Hébron, devant le Seigneur.
En effet, il n’y a pas de peuple sans roi ou sans chef. Le peuple a besoin d’être éclairé. Dans la première lecture, les anciens d’Israël rappelèrent à David ce que Dieu lui avait dit : « Tu seras le pasteur d’Israël ». Et il n’y a pas de roi ou de chef sans peuple. Dans la première lecture, il est dit : « Ils [anciens d’Israël] donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël ». Il y a donc comme une complicité entre le roi et son peuple. Dans la première lecture, les anciens d’Israël disent à David : « Nous sommes du même sang que toi ». Et dans la deuxième lecture, saint Paul dit aux Colossiens que Jésus a réconcilié la création, sur la terre et dans les cieux, par le sang de sa croix.
C’est une leçon pour notre temps où l’on croit facilement qu’il suffit d’être fort pour s’imposer comme chef, c’est-à-dire sans le consentement du peuple et en violation du garant du pouvoir : un texte ou un être transcendant.
En cette fête du Christ Roi de l’Univers, les lectures, particulièrement la deuxième lecture et l’Évangile, nous disent en quoi consiste la royauté de Jésus.
Dans la deuxième lecture, nous découvrons que Jésus est :
Notre créateur
« C’est en lui, dit la lecture, que tout a été créé dans les cieux et sur la terre […], tout est créé par lui et pour lui. Il est avant tous les êtres et tout subsiste en lui ». Comme roi, Jésus nous crée, nous donne forme tous les jours. Il mène son peuple vers la perfection. Il nous nourrit aussi, spirituellement d’abord, par sa parole, par son corps, par son sang. C’est cela que signifie que nous subsistons en lui. En lui, en effet, nous avons la vie.
C’est important dans notre monde qui génère la mort à partir de ceux qui gouvernent. Jésus nous apprend à promouvoir la vie.
Notre sauveur
Jésus n’est pas seulement notre créateur. Il est aussi notre sauveur. Saint Paul dit aux Colossiens que « par [Jésus] nous sommes rachetés et par [lui] nos péchés sont pardonnées ». En effet, en Jésus, nous dit saint Paul, Dieu nous « a rendus capables d’avoir part, dans la lumière à l’héritage du peuple saint », en nous arrachant « au pouvoir des ténèbres ». Si nous nous examinons bien, nous allons voir que nous sommes responsables ou coupables de beaucoup d’actes de ténèbres autour de nous, soit en agissant mal soit en n’empêchant pas le mal de se rendre manifeste. Jésus nous invite à faire partie de son royaume. Il veut nous réconcilier avec Dieu et les uns avec les autres. Il veut que la paix, l’harmonie règnent en nous et autour de nous, entre nous et Dieu.
Comme Jésus nous propose un royaume de paix, il ne peut pas nous imposer son autorité. C’est ici que l’on voit se dessiner dans l’humanité deux camps.
La royauté du Christ
Il y a le camp de ceux qui refusent la royauté du Christ. Dans l’évangile, ce camp est illustré par les chefs, les soldats et l’un des malfaiteurs. Ainsi nous avons entendu ces propos :
* Les chefs ricanaient : “il a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !”.
* Les soldats aussi se moquaient de lui […], ils lui disaient : “Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même” .
* L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : “N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec !”.
Ce sont-là des propos pleins d’ironie, d’orgueil de la part des hommes qui ne croient pas au salut, et surtout pas par le sacrifice, la patience, le silence, la profondeur.
La grâce de l’humilité
Mais il y a aussi le camp de ceux qui acceptent la royauté du Christ. Dans l’évangile, ce camp est illustré par l’autre malfaiteur. Il disait à son compagnon :
Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ? […] après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal ». Puis il dit à Jésus : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi.
Ce sont-là des propos pleins d’humilité de la part de quelqu’un qui se reconnait pécheur, et qui se tourne, dans la crainte de Dieu, qui peut punir ou sauver, vers le salut que le Christ nous apporte.
Demandons à Dieu la grâce de l’humilité pour mériter d’avoir part à l’héritage du peuple saint.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza