Is 11,1-10 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12
En ce deuxième Dimanche de l’Avent, qui porte comme nom « Jean le Précurseur », les lectures nous introduisent au thème de l’espérance.
Espérer, c’est se projeter dans l’avenir. C’est avoir la confiance que l’avenir se présentera mieux que le présent. Pour que cette confiance ne défaille pas, pour qu’elle puisse tenir, il faut du courage, de la persévérance.
Pour faire comprendre à ses lecteurs ce que signifie avoir du courage en face des forces du mal qui génère la mort, le philosophe afro-américain Ivan van Sertima écrivait : « La mort ne doit pas nous rencontrer en train de penser que nous mourons ».
Parlant de l’espérance, saint Paul dit aux Romains, ainsi que nous l’avons entendu dans la première lecture : « Frères, tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire, afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Écriture ». En effet, c’est dans l’Écriture, la Parole de Dieu, que les croyants puisent le courage d’espérer dans un monde meilleur et dans le salut du monde.
L’Écriture, la Parole de Dieu, nous dévoile la miséricorde de Dieu. C’est saint Paul qui le dit aux Romains : « c’est en raison de la miséricorde de Dieu que les nations païennes peuvent lui rendre gloire ». Cette miséricorde de Dieu, c’est une personne, c’est Jésus-Christ. Dans l’évangile, Jean le Baptiste parle de Jésus en termes de celui qui vient : « Moi, dit-il, je vous baptise dans l’eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient après moi est plus fort que moi ; et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales ».
Jésus est ce rameau, ce rejeton dont parle le Seigneur Dieu dans la première lecture tirée du Livre d’Isaïe : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, le père de David, un rejeton jaillira de ses racines ». David a sans doute déçu Dieu par ses manquements, par ses péchés, par son oubli de Dieu. Mais David, n’est-ce pas un peu chacun de nous ? Ne nous méprisons-nous pas les uns les autres au nom de notre position sociale, de notre avoir, de notre savoir, de notre pouvoir ? N’exploitons-nous pas les autres parce qu’ils sont faibles, pauvres, ignorants ? Ne mettons-nous pas en péril la survie de notre société au nom de nos intérêts égoïstes ?
Dieu nous promet qu’il va transformer notre histoire de l’intérieur. C’est la promesse de l’incarnation. Dieu naîtra parmi nous.
A quoi le reconnaîtrons-nous ? C’est la première lecture qui nous le dit :
* A l’esprit de discernement : nous manquons beaucoup d’esprit critique, et nous aimons faire des jugements sans fondement. Le Fils de Dieu vient nous apprendre à nous juger nous-mêmes et à regarder notre entourage avec sagesse, avec bonté.
* A la crainte de Dieu : nous craignons beaucoup les hommes. Ce faisant, nous tombons dans le culte de la personnalité, dans la corruption, dans les flatteries. Nous sacrifions la vérité pour plaire aux puissants. Le Fils de Dieu vient nous apprendre à mettre Dieu à la première place.
* A la pratique de la justice : nous aimons l’arbitraire. Nous regardons les visages pour voir si nous reconnaissons les personnes. Nous regardons les mains pour voir si elles apportent quelque chose. Le Fils de Dieu vient nous apprendre à respecter les petits, les pauvres, à leur redonner la dignité qui leur revient en tant que fils de Dieu.
* Au rejet du mal : en effet, le Livre d’Isaïe dit : « Comme un bâton, sa parole frappera le pays, le souffle de ses lèvres fera mourir le méchant ». Le Seigneur vient nous apprendre à déraciner le mal qui gît en nous, à faire mourir les mauvaises actions qui nuisent aux autres.
Pourquoi Dieu veut-il cela ? Pourquoi veut-il transformer notre histoire ?
C’est pour que nous vivions dans la paix, dans l’harmonie en nous, entre nous et avec Dieu.
Le Livre d’Isaïe en parle avec beaucoup d’images qui s’ouvrent avec celles-ci : « Le loup habitera avec l’agneau ». C’est-à-dire le grand habitera avec le petit, le fort avec le faible sans que cela ne puisse poser problèmes, sans qu’ils ne soient nuisibles les uns aux autres. Saint Paul aussi en parle aux Romains : « Accueillez-vous donc les uns les autres comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu, vous qui étiez païens ».
Est-il possible pour nous de répondre à cet appel ?
Oui ! Mais il y a une condition. Si nous acceptons de nous convertir, de devenir des gens simples à l’image de Jean le Baptiste. A l’orgueil de David s’oppose la simplicité de Jean. L’évangile le décrit comme suit : « Jean portait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage ». Ce n’était donc pas un homme habitant un palais. Mais c’est ainsi qu’il devint un modèle pour Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain.
Demandons à Dieu la grâce de porter du fruit qui exprime notre conversion, l’esprit de discernement, de crainte de Dieu, de la pratique de la justice, du rejet du mal, bref l’esprit de l’écoute et de la pratique de la Parole de Dieu.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza
Fot. Mohammad Mahdi Samei/Unsplash.com