Bien aimés de Dieu, Joyeux Noel à tous et à toutes.
En ce jour de la Nativité du Seigneur, les lectures que nous venons d’entendre nous invitent à méditer sur le verbe.
Le verbe, du latin verbum, signifie la parole, ce qui est exprimé par la bouche. D’où des mots comme verbal : qui se fait de vive voix, qui est oral (par opposition à l’écrit) ; verve : imagination créatrice dans la parole.
Le verbe joue un rôle de premier plan dans la communication. Il est produit par un sujet émetteur et destiné à un sujet récepteur. Il est un médiateur.
Le verbe contient en effet un message que le sujet récepteur est sensé comprendre, que le sujet récepteur doit pouvoir décodé pour produire en lui un effet qui peut ou ne pas satisfaire le sujet émetteur. Par exemple, si quelqu’un dit à un autre : « Je t’aime ». Si celui à qui l’on parle comprend ce qui est signifié par-là, sourit et dit : « Merci ! », l’on peut dire que l’effet est positif. Cela réjouit l’initiateur de la conversation. Mais si la personne à qui l’on dit « Je t’aime », et qui comprend bien ce qui est signifié par-là, au lieu de sourire, ferme le visage et dit : « Pardon ! », comme si elle n’a pas bien entendu, ou se tait tout simplement, cela veut dire que l’effet est négatif. La personne initiatrice de la conversation s’en va déçu.
Un sujet émetteur peut aussi être le sujet récepteur lorsque l’on se parle à soi-même.
Il y a aussi le cas où le sujet émetteur ne s’adresse pas à un sujet récepteur. Mais il veut faire être à partir de ce qu’il dit, il veut que quelque chose vienne à l’existence pour la première fois. La parole de la Genèse qui fit exister le monde est de ce dernier type. Dieu a tout créé par son Verbe. En effet, dans la deuxième lecture, de la lettre aux Hébreux, on nous parle du « Fils par qui [Dieu] a créé les mondes ». Et dans l’évangile qui reproduit le prologue, c’est-à-dire l’introduction, de saint Jean, on nous dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Par lui, tout s’est fait, et sans Lui rien ne s’est fait ». Dieu a créé le monde par la Parole qu’est son Fils. C’est une Parole fidèle, efficace.
Dans le livre de la Genèse, il est dit que Dieu vit que tout ce qu’il avait créé était bon. Et avec la création de l’homme, que c’était très bon. Mais l’homme n’a pas été capable de répondre positivement à cette bonté de Dieu imprimée dans la création par sa Parole puissante. Il a fait de la création une immense ruine.
En effet, dans la première lecture, Isaïe parle des « ruines de Jérusalem ». Jérusalem, la « cité sainte » en ruines, ce sont nos nations, ce sont nos villes et villages, ce sont nos familles, c’est nous. Par nos paroles bien souvent perverties, par notre agir pas toujours correct, nous détruisons nos relations familiales, nos amitiés, notre travail, notre image et même notre avenir.
Dieu nous abandonne-t-il ? Non, Dieu ne nous a jamais abandonnés. A ce propos, la lettre aux Hébreux nous dit : « Souvent dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées, mais dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par un Fils qu’il a établi héritier de toutes choses ». Isaïe nous parle de sa venue : « Comme il est beau de voir courir sur les montagnes le messager qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle, qui annonce le salut ». « Le Seigneur […] revient à Sion ». Le Seigneur revient dans nos nations, dans nos villes et villages, dans nos familles, en nous. Dans l’évangile, saint Jean décrit si bien le mystère de l’incarnation : « Et le Verbe s’est fait chair, il a établi sa demeure parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique ». « Ce Fils, nous dit la lettre aux Hébreux, porte toutes choses par sa parole puissante ».
Comment donc Dieu recréé-t-il le monde ? En d’autres termes, qu’est-ce que le Verbe apporte-t-il au monde ?
A) Il apporte la lumière : dans la lettre aux Hébreux, on dit du Christ qu’il est la « Lumière éclatante de la gloire du Père ». Et dans l’évangile, il est dit de lui qu’il « était la lumière des hommes », qu’il « était la vraie Lumière, qui éclaire tous les hommes ». Jésus-Christ est la vraie lumière par opposition aux fausses lumières qui induisent les hommes en erreur. Par la lumière de Jésus, nous voyons bien le monde et les tâches qui sont les nôtres pour le rendre meilleur.
-Est-ce que nous acceptons d’être éclairés par Jésus ?
B) Il apporte la vie : dans l’évangile, saint Jean dit, parlant de Jésus, que « Ce qui a été fait en lui était vie ». Dans notre monde où la corruption, la violence et la guerre sont devenues monnaie courante, Jésus voudrait nous réapprendre l’amour de la vie, le sens de la vie avec la paix et la joie qui vont avec.
-Est-ce que nous sommes prêts à accepter la vie du Christ en nous pour l’offrir à notre tour au monde ?
C) Il apporte la grâce et la vérité : saint Jean, dans l’évangile, dit qu’ « après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ». Dans notre monde, les intérêts semblent prendre la première place, et le mensonge semble conduire au succès. Mais à vraie dire, les intérêts et le mensonge ne font que contribuer à détruire davantage notre monde. Jésus nous apprend que notre vrai roi, c’est Dieu. Nous devons nous laisser guider par lui.
-Est-ce que nous sommes prêts à accueillir la vérité que nous dévoile le Christ ?
Si nous laissons le Christ, Verbe de Dieu, prendre la place devant nous, alors nous serons vraiment des enfants de Dieu qui s’aiment par-delà leurs origines familiales, tribales ou raciales.
Encore une fois, Joyeux Noel de paix, joie et vérité !
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza