Is 58, 7-10 ;1 Co 2, 1-5; Mt 5, 13-16
En ce cinquième dimanche du temps ordinaire, la parole de Dieu nous invite à méditer sur le témoignage chrétien, sur notre témoignage comme chrétiens.
Dans l’évangile, le Seigneur nous dit : « Vous êtes le sel de la terre … Vous êtes la lumière du monde ».
Nous savons combien le sel et la lumière sont importants dans la vie.
Une nourriture sans sel est difficile à manger. On a besoin de mettre du sel dans les légumes, la viande, les poissons, etc. Tout comme une nourriture qui a trop de sel est difficile à manger. Le sel, il faut donc le doser. Nos mamans et nos sœurs en particulier ici en Afrique et dans d’autres continents le savent bien. Elles n’ont pas un instrument de mesure pour apprécier la quantité de sel à mettre dans la nourriture. Mais le regard informé par l’expérience. Le regard sur la nourriture, sur le sel, sur les doigts qui le disperse dans la casserole.
Dans l’ancien royaume du Congo, pour dire qu’on a été baptisé, on disait qu’ « on a mangé du sel ». Le sel donne le goût.
Le Seigneur dit aujourd’hui que nous sommes le sel de la terre. Il veut nous dire que nous devons donner le goût au monde ; le bon goût, bien dosé pour que le monde soit vivable. Le dosage vient de notre familiarité avec le Seigneur lui-même. C’est que souligne saint Paul dans la lettre aux Corinthiens lorsqu’il leur dit que leur foi ne doit pas reposer sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.
Pour nous, la question est de savoir si nous sommes conscients qu’il nous appartient de donner la saveur au monde ; si nous nous remettons dans les doigts du Seigneur pour qu’il donne un sens à ce monde ; si les gens comprennent mieux leur vocation dans le monde en nous voyant parler ou agir.
Et qu’en est-il de la lumière ? La lumière est très importante. Dans nos villes africaines où il y a tellement de délestages, les gens savent ce que cela signifie. Avec la technologie actuelle, imaginez-vous ce que serait le monde aujourd’hui sans électricité. Quand on est dans le noir, on est comme des aveugles. On ne sait pas se diriger, on des problèmes pour s’orienter. On tâtonne ! Ainsi, les parents, et même les enfants, tiennent à ce qu’il y ait de la lumière dans la maison à la tombée de la nuit pour qu’on continue à se voir avant d’aller dormir. S’il y a trop de lumière, on peut aussi être aveuglé. Comme le sel pour la bouche, la lumière doit être dosée pour les yeux.
On n’allume pas la lampe pour la cacher. Mais pour éclairer. Dieu allume le soleil chaque matin pour éclairer la terre. Il nous allumé par le baptême avec la puissance du Saint-Esprit pour nous éclairer spirituellement les uns les autres ; pour aider le monde à aller dans la bonne direction. Il y a trop de ténèbres dans le monde. Nous en sommes au courant ou nous en faisons nous-mêmes l’expérience : l’égoïsme, l’orgueil, la jalousie, l’envie, le mensonge, le vol, l’escroquerie, etc. ; sont là pour nous des signes d’obscurité dans notre monde d’aujourd’hui.
Est-ce que ce n’est pas notre faute à nous chrétiens si le monde va si mal ? Est-ce que nous essayons de faire la différence là où nous sommes pour que les choses aillent mieux? Pour que les gens soient éclairés sur ce qu’il faut faire pour soulager ceux qui souffrent, pour instaurer la justice dans nos sociétés ?
Dans la première lecture, du livre d’Isaïe, Dieu nous demande de ne pas nous dérober à notre semblable. Car notre relation aux autres, et premièrement vis-à-vis de ceux qui sont dans le besoin, révèle la qualité de notre vie.
Par notre générosité, à travers de petits gestes de bonté, des paroles bienveillantes, nous sommes les uns pour les autres, nous sommes pour le monde, comme la lumière du matin qui éclaire le jour. Nous sommes à proprement parler la lumière qui éclaire des vies ; qui édifie des sociétés, des familles ; qui oriente les désemparés en chassant les ténèbres qui les rendent aveugles.
Notre engagement comme chrétiens, comme disciples du Christ est crucial pour le salut du monde. Nous sommes invité à être des vrais témoins, des lampes qui éclairent et guident les gens vers la Vérité qu’est Jésus. Nous sommes aujourd’hui invités à être ce sel dans ce monde où le goût de la vie saine est en perte de vitesse à cause du désordre humain. Que Dieu fasse de nous des vrais lumières pour chasser l’obscurité de notre vie et du sel pour redonner goût au monde en désarrois.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza