Si 15, 15-20 ; 1 Co 2, 6-10 ; Mt 5, 17-37
Les lectures de ce 6e dimanche nous introduisent au thème de la sagesse. Dans la première lecture, du livre de Sirac le sage, on nous parle de « la sagesse du Seigneur [qui] est grande ». Et dans la deuxième lecture, saint Paul dit aux Corinthiens : « Frères, c’est bien une sagesse que nous proclamons ».
La sagesse, c’est la capacité, la manière de diriger sa vie, de se conduire dans le monde, dans la société. A la base de la sagesse, il y a la liberté. Seule une personne libre peut choisir souverainement la manière dont elle entend mener sa vie. Une personne qui n’est pas libre est incapable de choisir. C’est une prisonnière, c’est une esclave.
Aussi, Dieu ne s’impose-t-il pas aux hommes, ses créatures. Il veut qu’ils soient libres même de choisir le mauvais chemin. Le poète et philosophe allemand Friedrich Hölderlin a écrit que « Dieu créé l’homme comme la mer créé les continents, en se retirant ». C’est dans ce contexte de la liberté que Sirac le sage écrit : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements ».
A cause de cette liberté de choix, l’Ecriture nous met devant deux types de sagesse :
1° La mauvaise sagesse : elle est mauvaise parce que
a) elle exclut Dieu : saint Paul, dans la première lecture, l’appelle « la sagesse de ce monde ». Ceux qui l’embrassent voient en Dieu un obstacle à l’accomplissement de leurs désirs. Ils crucifient le Seigneur. Pour eux, les commandements de Dieu sont un non-sens et la prière n’a pas de place dans leur vie. Peut-être extérieurement, ils semblent louer Dieu, mais au fond de leur cœur, ils sont bien loin de lui. Ce sont des scribes et des pharisiens. Dans l’évangile, Jésus nous prévient : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux ».
-Est-ce que nous donnons un espace à Dieu dans notre vie ? Est-ce que nous nous laissons continuellement interpeler par lui ?
b) elle est dominatrice et destructrice : quand Dieu est exclu de la vie, l’homme n’a pas plus de chance. J’ai déjà cité le cardinal jésuite français Henri de Lubac qui dans son livre Le drame de l’humanisme athée a écrit que « l’homme peut bien gouverner le monde sans Dieu. Mais il ne pourra le faire que contre l’homme ». Celui qui ne craint pas Dieu, quelle crainte de l’homme peut-il avoir ? N’est pas ce que nous voyons dans notre pays plusieurs pays où la démocratie est bafouée ?, Où la religion est exclue et interdite aux gens ? nous pouvons dire que pour certains, c’est parce qu’ils ont défié Dieu que les choses ne marchent pas dans notre pays. Regardons bien en nous et autour de nous. Que voyons-nous sinon que domination et destruction ? Nous optons si facilement pour le feu et la destruction ! Nous brûlons et détruisons nos familles, nous brûlons et détruisons nos amitiés, nous brûlons et détruisons notre travail, nous brûlons et détruisons nos régions, nous brûlons et détruisons notre avenir, nous brûlons et détruisons l’homme.
-Est-ce que nous avons de la place pour les autres dans notre vie ? Est-ce que nous respectons les autres ?
2° La bonne sagesse : elle est bonne parce que
a) elle inclut Dieu : en fait elle vient de Dieu. Dans la deuxième lecture, saint Paul dit : « Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, a révélé cette sagesse ». Mais à nous qui ? Saint Paul répond dans la même lecture : « Mais ce que nous proclamons, c’est ce que, comme le dit l’Ecriture, ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu ». Nous sommes ceux qui aiment Dieu, ceux qui s’ouvrent continuellement à son Esprit, qui se laissent guider par sa parole. On le voit avec les disciples. L’évangile dit d’eux qu’ils « s’étaient rassemblés autour de Jésus sur la montagne ».
-Est-ce que nous sommes conscients que Dieu nous offre sa sagesse ?
b) elle invite à la fidélité : Sirac le sage, dans la première lecture, dit à chacun de nous : « il dépend de ton choix de rester fidèle ». L’homme fidèle craint Dieu et en retour Dieu le prend sous sa protection. Sirac le sage écrit en effet : « [Les] regards [de Dieu] sont tournés vers ceux qui le craignent ». Et dans l’évangile Jésus déclare : « Mais celui qui […] observera [les commandements] et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume de cieux ». Quels sont ces commandements auxquels nous devons être fidèles ? Jésus nous les rappelle : ne pas tuer, ne pas se mettre en colère, ne pas insulter, rechercher la réconciliation, ne pas commettre l’adultère, garder la pureté du cœur, protéger le lien du mariage. Au fond Dieu veut que nous soyons des gens bons.
-Est-ce que nous cherchons à être fidèles à nos engagements vis-à-vis de Dieu et de nos frères ?
Si nous sommes ouverts à la sagesse qui vient de Dieu, alors nous deviendrons ceux que saint Paul appelle des « adultes dans la foi ».
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza
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