Les lectures du septième dimanche du temps ordinaire sont centrées sur le thème de la sainteté. Dans le Livre des Lévites, Dieu adresse ces paroles à Moïse pour les fils d’Israël : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint ». Et dans l’évangile, Jésus dit à ses disciples : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».
Cet appel à la sainteté, à la perfection, est un appel universel. Il n’exclut personne, il n’oublie personne : grands ou petits, hommes ou femmes, riches ou pauvres, bons ou mauvais.
En effet, à Moïse, Dieu dit : « Parle à toute l’assemblée d’Israël » Et dans l’évangile, ce sont les disciples (c’est inclusif), et non quelques disciples qui s’assemblent autour de Jésus pour écouter cet enseignement.
Nous sommes donc tous des appelés car Dieu n’est pas partial, lui qui selon les mots de l’évangile « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes ».
Ici nous pouvons déjà nous poser une série de questions :
quel est le regard que nous jetons sur les autres ? Essayons-nous de marginaliser des gens dans notre vie ? Nous considérons-nous comme des privilégiés pendant que d’autres seraient perdus ? Est-ce que nous sommes assez humbles pour nous assister les uns les autres comme membres de la même famille humaine appelée à la perfection ?
Saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, nous rappelle qui nous sommes, d’où nous sommes appelés. Il dit aux Corinthiens et à nous : « n’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ». Cela veut dire que Dieu ne nous appelle pas à partir de rien. Il met déjà en nous la capacité, les capacités de nous diriger vers lui : l’Esprit de Dieu habite en nous, en chacun de nous, et cela avant tout engagement de notre part.
Ceci nous fait penser à la religion africaine telle que vécue par les Yoruba au Nigeria. Les Yoruba disent que Dieu met en toute personne à la naissance un pouvoir qu’ils nomment ashè. L’ashè qui a son origine en Dieu, qui est une étincelle de la divinité en nous, et qui vient à l’homme sous forme ailée, c’est proprement le pouvoir-de-faire-venir-les-choses. Sans la présence de l’ashè, on ne peut faire le bien. Mais les Yoruba ajoutent que l’homme doit rester constamment en contact avec Dieu pour que l’ashè demeure effectif, énergique. Alors seulement la personne acquière le bon/beau caractère, l’équilibre, l’harmonie en soi et autour de soi. Ce but de la vie, la sérénité, ils l’appellent l’iwa.
Comment donc nous chrétiens restons-nous en contact avec Dieu ? Comment gardons-nous actif l’Esprit que Dieu a mis en nous pour atteindre le but de notre vie, à savoir la sainteté et la perfection ?
Saint Paul répond : en fuyant la sagesse de ce monde, sagesse qui est folie et vent, c’est-à-dire quelque chose qui se comporte comme un train en déraillement, qui conduit à la catastrophe parce que hors de rails !
La première lecture et l’évangile nous indiquent les rails qui conduisent à la sainteté, à la perfection.
La première lecture nous dit de ne pas entretenir la haine, de ne pas garder un silence complice face au mal, de ne pas pratiquer la vengeance, de ne pas garder rancune ; bref, d’aimer notre prochain comme nous nous aimons-mêmes.
L’évangile confirme ce code du livre des Lévites, mais ajoute, et c’est très important, de prier pour ceux qui nous persécutent. La persécution n’est pas une chose rare. Elle est plutôt courante. Elle prend plusieurs formes : de petites blagues blessantes à des tueries.
Jésus nous invite aujourd’hui à un amour parfait : il n’est pas seulement en direction de nos amis, mais même en direction de nos ennemis. C’est la condition pour « être les fils de [notre] Père qui est dans les cieux ».Père Jean Claude Cabwinwe Ciza