Ex 17, 3-7 ; Rm 5, 1-8 ; Jn 4, 5-42
Aujourd’hui, nous célébrons le troisième dimanche de Carême. La tradition nomme le premier dimanche, « dimanche de la Tentation » (avec la tentation de Jésus au désert). Le deuxième dimanche est nommé « dimanche d’Abraham et de la Transfiguration » (avec la sortie d’Abraham de son pays et la transfiguration de Jésus devant ses disciples). Ce dimanche-ci, qui est le troisième, est appelé « dimanche de Moïse et de la Samaritaine ».
Les lectures que nous venons d’entendre développent le thème du don.
Le don, c’est quelque chose que l’on reçoit d’un autre. Ce qu’on obtient de soi-même n’est pas un don. Certes quelque chose que l’on obtient par ses propres efforts procure de la joie. Mais un don semble procurer beaucoup plus de joie encore avec l’effet de surprise qui l’accompagne.
Pendant les fêtes de l’année (Noël par exemple) ou les anniversaires (de naissance par exemple), on aime faire des cadeaux. Le don est synonyme de vie, d’amour. Le don dilate le cœur !
Les lectures nous montrent l’homme dans une situation de manque. Symboliquement, le livre de l’Exode appelle cela le désert : « Les files d’Israël campaient dans le désert ». Le désert est un endroit aride. C’est la terre de la soif : « et le peuple eut soif ».
Dans l’évangile, on parle d’une femme samaritaine. Les femmes, dans la culture juive, n’avaient pas beaucoup de place dans la société. On les associait aux enfants. Pire encore, la femme dont on parle ici est samaritaine. Les Samaritains étaient considérés comme des Juifs de seconde zone, des Juifs mêlés aux païens ! D’ailleurs la femme le rappelle à Jésus : « nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l’adorer est à Jérusalem ». La femme est donc dans une situation de manque. Elle a soif elle aussi. Elle vient chercher de l’eau au puits.
Qu’est-ce qui nous manque dans notre vie ? Les habits ? La nourriture ? L’affection ? L’intelligence ? La bonté ? Mais qu’est-ce qui nous manque fondamentalement, de quoi nous pouvons dire : “nous avons soifs”?
L’eau que cherchent les fils d’Israël, l’eau que cherche la femme samaritaine, c’est au fond l’amour de Dieu dont parle saint Paul aux Romains : « Et l’espérance ne trompe pas puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné ».
L’amour de Dieu est un don. Il vient de Dieu à nous. Il rejoint notre cri ! Comme nous recevons la vie par l’intermédiaire de nos parents, nous recevons l’amour de Dieu par son envoyé.
Les enfants d’Israël ont fait l’expérience de cet amour par l’intermédiaire de Moïse. Dans la Nouvelle Alliance nous le recevons par Jésus.
Est-ce que nous sentons le désir de nous approcher de Jésus ? Est-ce que nous parlons à Jésus de nos problèmes comme on parle à un ami le cœur ouvert comme un livre ?
Lorsqu’on est touché par l’attention de Jésus, par sa tendresse, l’on ne peut pas ne pas lâcher quelque chose, ce qui nous encombre. L’évangile nous dit : « La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville ».
Quelle notre cruche ? Qu’est-ce qui est superflu, qui nous empêche d’être pour Dieu et pour le prochain, que nous devons laisser là ?
L’amour de Dieu n’a pas besoin de cruches, ces ustensiles qui font notre orgueil. Mais de notre cœur.
L’amour de Dieu, on le partage. Un vrai croyant ne peut pas s’enfermer sur lui-même. Il reçoit la vie de Dieu et il communique cette vie aux autres. C’est pour cela que la femme rentre en ville : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ».
Parlons-nous de Jésus aux autres ? Par notre vie, notre comportement, attirons-nous les autres au Christ ?
La femme samaritaine, malgré une vie délicate, a été transformée par Jésus. Nous pouvons l’être nous aussi si nous nous ouvrons sincèrement à lui.
Prions le Seigneur en cette période de crise sanitaire, que la Vierge marie nous obtienne la grâce de la guérison, que cette épidémie se stoppe pour donner à chaque homme la possibilité de célébrer la Victoire du Christ sur la mort. Pour ceux-là qui sont morts, que Dieu dans sa miséricorde leurs accorde le repos éternel. Gardons confiance en Dieu et espérons toujours en son intervention.
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza
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