Ez 37, 12-14 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45
Aujourd’hui nous célébrons le cinquième dimanche de Carême. Comme nous le savons, le premier dimanche de Carême est appelé le « dimanche de la Tentation » ; le deuxième, le « dimanche d’Abraham et de la Transfiguration » ; le troisième, le « dimanche de Moïse et de la Samaritaine » ; le quatrième, le dimanche d’Israël et de l’Aveugle-né ». Celui-ci, le cinquième est le « dimanche des Prophètes et de Lazare ».
Les lectures que nous venons d’entendre développent le thème de la vie que Dieu veut donner aux hommes qui sont enfermés dans la mort.
Dans l’évangile, Jésus déclare qu’il est lui, « la résurrection et la vie ». C’est Jésus qui est la vie des hommes. C’est par lui que Dieu communique son esprit aux croyants pour qu’ils vivent. Aujourd’hui encore en ce moment où le monde est atteint par le COVID 19, les lectures nous montre que Jésus est notre vie, plus de peur mais beaucoup de confiance en lui.
Celui qui a l’esprit de Dieu en lui marche nécessairement pendant le jour. « Il ne trébuche pas », c’est-à-dire qu’il ne fait pas du tort à son prochain, qu’il n’est pas nuisible aux gens. Pourquoi ? Parce qu’il voit la lumière de ce monde qu’est le Christ. Il est comme le tournesol qui suit le soleil. Il se laisse guider par le Christ, sa lumière.
Dans sa lettre aux Romains, saint Paul nous dit que ceux qui appartiennent au Christ sont devenus des justes, l’Esprit est leur vie. C’est cela ! Quand on appartient au Christ, on déborde de bonté, de joie, de lumière, de vérité.
Nous pouvons donc nous demander : est-ce que dans notre vie, nous nous laissons vraiment guider par le Christ ? Est-ce que Jésus est vraiment notre lumière par laquelle nous voyons, nous interrogeons, nous comprenons les hommes qui nous entourent, les événements qui nous arrivent ?
Maintenant, celui qui n’a pas l’Esprit de Dieu en lui, marche nécessairement dans la nuit. « Il trébuche », dit Jésus dans l’évangile. C’est-à-dire qu’il est porté par le mal, il fait le mal. Jésus ajoute à propos de lui : « la lumière n’est pas en lui ». On se serait attendu à ce que Jésus dise : « la lumière n’est pas avec lui », ou « il manque de lumière ». Non ! Jésus parle de la lumière qui n’est pas en lui. Jésus, la lumière du monde, n’est pas en lui. Par conséquent, il ne se laisse pas guider par Jésus. Voilà pourquoi il est nuisible à lui-même et à son prochain.
Saint Paul dira d’un tel homme qu’il est « sous l’emprise de la chair », et comme tel il ne peut plaire à Dieu.
L’homme qui n’a pas l’Esprit de Dieu crée des malades, tue la vie et enferme les gens dans des tombeaux. L’évangile qui décrit le drame de Lazare nous dit qu’il est tombé malade, qu’il est mort, qu’il est placé dans une grotte dont l’entrée est bloquée par une pierre, et lui-même a les pieds et les mains ligotés et le visage couvert. C’est absolument un drame. Mais c’est ce qui peut arriver quand le mal domine dans les cœurs des hommes. Actuellement, on dirait que le monde vit le même drame que Lazare. Nous sommes tous bloqués, ligotés presque par ce virus qui nous enferme chacun dans une grotte fermée par une pierre, la peur de la mort.
D’où les questions : est-ce que nous enfermons les autres dans des catégories négatives, dans des préjugés qui finissent par les paralyser et les rendre incapables de faire le bien ? Est-ce que par notre comportement, nous faisons pourrir la vie des autres en parlant mal d’eux ou en leur tendant des pièges pour qu’ils tombent et deviennent inutiles à la société ?
Aujourd’hui, le Seigneur nous dit : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir » ; « Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez » comme nous l’avons entendu dans le livre d’Ezékiel. Oui, aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de cette délivrance du Seigneur. Tournons notre regard vers lui comme nous l’a enseigné le Saint Père ce vendredi dans la méditation et la prière d’intercession pour le monde en ce temps de crise mondiale.
Comme c’est l’homme qui enferme un autre dans un tombeau, Jésus entend libérer et celui qui est enfermé et celui qui enferme. D’où ces ordres que nous avons entendus dans l’évangile : « Enlevez la pierre », « Déliez-le, et laissez-le aller ». Celui qui fait le mal est tout aussi guéri que celui à qui on le fait. Mais attention ! Les sujets de ces verbes enlever, délier et laisser ne sont pas nommés. Il s’agit des « on ». Cela veut dire que chacun de nous doit s’examiner et se demander où il en est dans sa relation avec ses semblables. En tout cas, quel que soit notre condition, même si nous sommes considérés comme pourri, Jésus est capable de nous faire passer des ténèbres à la lumière, de la maladie à la santé, de la mort à la vie. Demandons lui de faire passer le monde pris dans le piège de la maladie, de la mort, au monde nouveau, un monde où la vie renait et où la résurrection triomphe sur la mort et sur les ténèbres.
Pére Jean Claude Cabwinwe Ciza
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