Ac 10, 34-43 ; Cor 5, 6-8 ; Jn 20, 1-9
Bien aimé de Dieu ! Ce dimanche de la Résurrection est un dimanche extraordinaire dans l’histoire de l’Eglise. Une Pâques célébrée sans beaucoup des bruits des cloches de nos Eglises, sans joie de baptême, sans célébration des sacrements de l’initiation chrétienne! à certains endroits, il ressemble à un jour de deuil, de silence ! Oui, un silence extérieur qui nous invite à écouter plus Dieu qui nous parle au fond de nos cœurs. Une Pâques où Jésus s’invite dans le cœur de chacun pour lui parle en secret et l’invite à un examen de conscience profond sur sa vie et son attachement au Père. Les lectures nous introduisent au thème de la vie, de la victoire de la vie sur la mort, de la vie dont Jésus nous fait don.
Jésus, dit le livre des Actes des Apôtres, « Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force ». La mal ne peut pas nuire à Jésus, le néant ne peut l’anéantir. Voilà un message d’espérance pour nous en cette période. Le mal ne peut pas nous anéantir.
Maintenant, nous pouvons nous poser deux questions. La première : comment la vie de Jésus se manifeste-t-elle à nous aujourd’hui? Et la deuxième : quelles conséquences cette vie de Jésus entraîne-t-elle pour nous ?
A la première question nous répondons, en nous appuyant sur les lectures, que la vie de Jésus se manifeste à nous dans l’absence. L’absence d’où ? L’absence du tombeau.
L’évangile nous dit en effet que « Marie Madeleine se rend au tombeau », « Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau », alors elle va en courant dire à Simon Pierre et au disciple aimé du Christ qu’ « On a enlevé le Seigneur de son tombeau », eux aussi courent au tombeau et doivent constater l’absence de Jésus du tombeau.
Mais c’est quoi ce tombeau ? Ce sont nos tombeaux où en bonne ou en mauvaise conscience nous enfermons Jésus. Ce sont nos tombeaux où comme Marie Madeleine nous cherchons Jésus « de grand matin, alors qu’il fait encore sombre ».
Oui, dans l’obscurité de nos vies, nous cherchons Jésus dans nos tombeaux : nos vieilles habitudes, nos égoïsmes, nos préjugés, notre orgueil, etc. que nous croyons justifiés par Jésus. Mais Jésus n’est pas là !
Nous avons beau courir, cherchant à faire croire que nous sommes des gens animés de bonne volonté, si nous ne savons pas interpréter l’absence de Jésus de nos vieux sentiers, cela ne sert à rien.
C’est ici que Jean nous sert de guide vers là où est Jésus : « il vit et il crut ». Il crut que Jésus est hors du tombeau, hors de nos tombeaux, Il est vivant ! Jésus est absent de nos égoïsmes, des préjugés sur les autres car IL ne juge personne, même ceux qui l’ont mis à mort. Souvenez-vous qu’il a prié pour eux en demandant le pardon de leur ignorance. Jésus est absent de notre orgueil ; lui des conditions divines, Il nous appris à obéir et à nous courber pour laver les pieds de nos frères.
D’où la deuxième question : quelles conséquences la vie de Jésus entraîne-t-elle pour nous ? La vie de Jésus entraîne pour nous une double conséquence : la conversion et le témoignage.
1° La conversion : puisque Jésus n’est pas au tombeau, dans nos tombeaux où nous sommes morts, il nous réveille et nous invite à sortir nous aussi de nos tombeaux pour embrasser, respirer la vie. C’est ce que saint Paul rappelle aux Corinthiens lorsqu’il leur dit : « Purifiez-vous donc de vieux ferments ». Quels sont ces vieux ferments ? Il cite : « la perversité et le vice ».
C’est le lieu de nous demander : quelle est ma perversité ? Quel est mon vice ? Quelle est cette attitude que j’assume, mais qui ne me fait pas identifier comme fils de Dieu ? Quels sont les actes que je pose et qui pourrissent ma vie et la vie des autres ?oui le temps de Pâques qui est précédé par celui de carême, est un temps où nous devons continuer à nous mettre sur le chemin de la conversion. Les actes et exercices du carême ont pour objectif de nous convertir.
Nous devons nous purifier de cela. En vue de quoi ? Saint Paul répond : pour être « une pâte nouvelle », « le pain de la Pâque », le « pain non fermenté », c’est-à-dire, poursuit-il, pour célébrer Jésus dans « la droiture et la vérité ». Deux attitudes nécessaires pour avancer sur le chemin de la conversion : La droiture et la vérité. On dirait que notre monde d’aujourd’hui est devenu hostile à ces vertus.
C’est le lieu de nous demander : est-ce que je suis prêt à vivre dans la droiture et la vérité en famille, en communauté, au travail, à l’école, même si les gens me donneront toutes sortes de qualifications négatives ? Est-ce que je suis prêt, à la suite de Jésus, d’accueillir Dieu chez moi même si les gens me traiteront de fou au regard des « valeurs » de ce monde ?
2° La vie de Jésus entraîne pour nous la conversion, mais aussi le témoignage. Nous ne pouvons pas garder cette nouvelle vie pour nous-mêmes, comme une propriété privée. Un chrétien, un croyant ne peut être égoïste. On est toujours envoyé en mission où l’Esprit de Dieu nous précède. Nous nous tournons vers nos frères pour les confirmer dans le Seigneur. Le témoignage doit être au cœur de nos actions. C’est une manière de montrer que Dieu est avec nous, qu’Il est vivant en nous.
A la crucifixion, un centurion sans être disciple du Christ avait cru que Jésus est « Fils de Dieu ». Et Pierre se rend chez un centurion pour lui révéler le Christ, pour l’inviter à l’imitation du Christ qui, écrit le livre des Actes « Là où il passait, […] faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui ».
Si Dieu est avec nous, nous ne pouvons que faire le bien, vivre une nouvelle vie en Jésus-Christ ressuscité. Le Christ vainqueur de la mort nous envoie aussi comme Il a envoyé Marie Madeleine pour aller annoncer à nos frères terrifiés par la peur, la maladie et ce virus, qu’Il est Vivant et que sa vie est en celui qui le cherche et qui croit en lui. JOYEUSE PAQUES A TOUS !
Père Jean Claude Cabwinwe Ciza
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