Ac 2, 14-28 ; 1 P 1, 17-21 ; Jn 24, 13-35
Les lectures de ce Troisième Dimanche de Pâques nous invitent à méditer sur le thème de la libération. La libération est une sortie, la sortie d’une situation difficile, lamentable, déplorable. Les anciens Egyptiens qui ont beaucoup réfléchi sur ce thème parlent de la venue au jour, qui est synonyme de résurrection.
La libération, c’est le recouvrement de la liberté. C’est comme sortir d’une prison. C’est pouvoir s’épanouir. Aujourd’hui, à voir la situation dans laquelle le monde se trouve à cause de ce COVID 19 ; nous pouvons dire que nous sommes tous comme en « prison ». Mais d’où nous viendra la libération ? De la science ? Peut-être non! De nos gouvernants ? Peut-être non ! De nous-mêmes ?! Peut-être non ! De qui alors ? La réponse nous vient de l’évangile d’aujourd’hui.
Devons-nous dire que la prison n’est jamais loin de notre vie ? Que nous sommes loin d’être épanouis ? En quoi donc consisterait cette prison ?
Cette prison, c’est le désespoir, le manque de confiance en Dieu, en soi-même et dans les autres. Saint Pierre, dans la première lecture, qualifie cela de « vie sans but ». Elle se traduit de plusieurs manières que nous voyons bien illustré dans la situation spirituelle des disciples d’Emmaüs.
A) Marcher en parlant et en discutant : C’est là une caractéristique du découragement. Ces disciples quittent Jérusalem parce que Jésus est mort. A vrai dire Jésus est mort en eux et ils sont devenus des tombeaux ambulants. A cause de cela, ils vont vers la nuit d’Emmaüs. A cause de cela, ils ne sont plus capables de parler de manière correcte, cohérente, ordonnée, harmonieuse. Ils étaient en train de discuter, sans doute en cherchant à blâmer quelqu’un pour leurs troubles, pour leurs problèmes.
Ne sommes-nous pas de trouble-fêtes dans nos familles, dans nos entreprises, dans nos quartiers, cherchant toujours quelqu’un sur qui rejeter la raison de nos échecs ?
B) Avoir les yeux aveuglés : c’est là également une caractéristique du découragement. Jésus rejoint ces deux disciples, ces deux tombeaux, mais ils sont incapables de le voir. Il y a de problèmes qui enferment les gens. Une vraie communication avec l’extérieur n’est plus possible. L’avenir est bloqué. Tout appartient au passé. Ainsi dans l’évangile, les disciples parlent au passé : « Ce qui est arrivé à Jésus », « cet homme était un prophète », « les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et l’ont crucifié », « Et nous espérions qu’il serait le libérateur d’Israël », etc. Mais le libérateur est avec eux ! Il n’est plus et n’est pas encore en eux.
Ne nous arrive-t-il pas souvent d’être incapable de voir le bien autour de nous tout simplement parce que nous sommes submergés par tant de problème ?
C) Etre triste : c’est là encore une caractéristique du découragement. Et les disciples l’étaient. C’est ainsi que Jésus les a vus : « Vous avez, leur dit-il, l’air si tristes ! ». Les disciples sont comme des feuilles mortes, comme la nature en saison sèche. Ils ne respirent pas la vie. Ils n’ont pas la joie en eux et ne peuvent donc pas l’offrir à leur hôte, la partager avec les autres. C’est l’expérience de la dépression qui enlève le goût de la vie, l’envie de vivre.
Ne sommes-nous pas souvent, pour une raison ou pour une autre, si tristes ? Ne plongeons-nous pas bien souvent dans la tristesse les gens qui nous côtoient ?
Alors comment sortirons-nous de cette méchanceté ? De cette prison du découragement ?
Dans la deuxième lecture, saint Pierre nous prévient à travers cette adresse aux nouveaux convertis : « Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or ou l’argent, car ils seront détruits ». La vraie libération ne repose pas sur des choses passagères qui peuvent mener à d’autres prisons. Les richesses, c’est bien. Mais à quoi peuvent-elles servir si l’on manque de vision et si l’on n’est pas animé par la charité ?
Non ! Ce ne sont pas les richesses qui sauvent l’homme, mais bel et bien comme le dit saint Pierre, « c’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tâche ». Et pour notre compte, sans négliger l’apport de la science, de nos gouvernements, de nous-même dans la lutte contre ce COVID 19 ; notre libération viendra du Seigneur Jésus lui-même car la science, le gouvernement, nos efforts personnels ; sans se référer au Créateur ne peuvent en rien nous sauver. Nous devons nous tourner vers la toute-puissance de Dieu et implorer son assistance.
Le Christ vient vers nous, il nous rejoint dans nos soucis quotidiens, dans nos tâches quotidiennes. Ils cheminent avec nous. Encore devons-nous avoir le sursaut de la foi pour l’inviter à demeurer avec nous, c’est-à-dire à entrer en nous pour nous sortir de nos tombeaux : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse », comme disent les disciples à Jésus dans l’évangile.
Nourris par le Christ, les disciples connaissent la résurrection : « A l’instant même, dit l’évangile, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem ». Ils se levèrent et retournèrent à la vie !
Se lever est synonyme de ressusciter. Ainsi dans la première lecture, dit-on de Pierre qu’il se mit « debout avec les onze ». Alors on peut prendre la parole avec assurance : « il dit d’une voix forte ».
Libérés par le Christ, nous devons :
A) « vivre dans la crainte de Dieu ». C’est l’invitation que nous est faite dans la deuxième lecture. Nous devons toujours donner la première place à Dieu, respecter ses commandements.
B) vivre dans l’allégresse, la joie et l’espérance, comme nous l’exhorte la première lecture. Nous devons les cultiver en nous et les offrir aux autres.
Père Jean Claude Ciza
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