Ac 2, 1-11 ; 1 Cor 12, 3-13 ; Jn 20, 19-23
En ce dimanche de la Pentecôte, de la venue de l’Esprit Saint qui clôture le temps pascal, les lectures nous invitent à méditer sur le thème de l’unité.
Dans les Actes des Apôtres, nous avons entendu que « Quand arriva la Pentecôte, les frères se trouvaient réunis ensemble ». Si dans l’évangile, saint Jean parle des « disciples », saint Luc préfère l’expression « frères » pour souligner sans doute cette dimension d’unité, d’harmonie, d’accord qui doit régner entre les fils de Dieu, entre les cohéritiers du Seigneur.
Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens parle bien de cette unité qui doit exister entre les croyants, en faisant appel à des images dont celle du corps qui forme un tout bien qu’ayant plusieurs membres.
Il semble évident que la donation de l’Esprit Saint est le fruit de l’unité : « Les frères se trouvaient réunis tous ensemble », dit la première lecture. Cela veut dire qu’il n’y avait pas de repli sur soi pour chacun d’eux.
Même dans l’évangile, Jésus donne l’Esprit Saint à ses disciples après s’être assuré, rassuré qu’ils ont la paix en eux-mêmes, qu’ils sont réconciliés en eux-mêmes et entre eux.
D’où les questions suivantes pour nous : est-ce que nous sommes des artisans d’unité, de paix dans nos familles, nos communautés, nos lieux de travail, notre quartier ? Ou plutôt nous plaisons-nous à semer la division, à faire naître des frictions entre les gens ? Est-ce que nous sommes des familles, des communautés unies ?
Etre uni n’est pas synonyme d’uniformité, qui ne serait qu’une forme de médiocrité. Saint Paul nous enseigne que « les dons de la grâce sont variés », que « les fonctions dans l’Eglise sont variées », que « les activités sont variées », mais il s’empresse de souligner que « c’est toujours le même Esprit » qui nous inspire, que « c’est toujours le même Seigneur » qui nous guide, que « c’est partout le même Dieu qui agit en tous ». il n’y a qu’un seul Seigneur et un seul Esprit.
Nous ne devons donc pas renier nos différences ou étouffer nos talents et qualités personnels, mépriser les succès des autres. Au contraire, nous devons les laisser s’émanciper, nous devons chercher les moyens de les voir s’épanouir, pourvu que nous gardions en mémoire le rappel que saint Paul fait aux Corinthiens, à savoir : « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous ».
Ce rappel de saint Paul aux Corinthiens est
1° un correctif contre l’égoïsme qui éloigne les autres, qui nous fait oublier que nous appartenons à une famille, qui paralyse ceux qui s’approchent de nous ;
2° un correctif contre la peur qui nous paralyse en nous plongeant dans la nuit. L’évangile dit : « Le soir de Pâques, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs ». C’est cette peur qui nous fait croire que nous sommes différents, tout le monde va nous en vouloir. Ça bloque le progrès, la croissance de soi.
D’ici l’on entrevoit l’importance de la présence de l’Esprit Saint dans la vie des croyants, dans les croyants :
1° Il nous change : c’est un vent violent qui vient du ciel. Donc il est vie. Il chasse en nous les feuilles mortes qui nous encombrent, qui nous rendent méconnaissables : les mauvaises habitudes que nous accumulons.
2° Il nous rend malléables : c’est un feu qui liquéfie en nous des talents devenus tellement solides qu’ils ne servent plus à rien. Liquéfiés, ils peuvent prendre de nouvelles formes.
3° Il nous rend universels : parler en d’autres langues signifie sortir de son petit univers, s’ouvrir aux autres, vers les autres pour reconnaître en chaque homme un fils de Dieu.
4° Il nous rend responsables devant Dieu : si nous pardonnons les gens, nous enlevons d’eux un lourd fardeau : le péché. Mais si nous ne pardonnons pas, le fardeau leur reste attaché. Ne devons-nous donc pas pardonner comme nous l’exhorte la prière du « Notre Père » ? Implorons la présence de l’Esprit Saint dans notre vie, sur nos proches et sur le monde pour toujours.
Pére Jean Claude Ciza