Dt 7, 6-11 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30
Aujourd’hui, troisième dimanche après la Pentecôte, nous célébrons le Sacré Cœur de Jésus.
Dans toutes les civilisations africaines, le cœur occupe une place centrale.
Chez les anciens Egyptiens, on se représentait le jugement des morts comme le moment où le cœur est pesé sur une balance pour voir si l’homme a vécu selon la justice et la vérité. Le cœur était ainsi considéré comme la boite noire de l’homme, comme la mémoire de l’homme.
Dans un hymne au soleil qui nous vient de cette Egypte ancienne, le pharaon Akhnaton dit à Dieu : « Tu es dans mon cœur ». Dieu habite le cœur de l’homme. Le cœur est la maison de Dieu.
Dans la tradition africaine, nous avons des expressions qui parlent du cœur de l’homme comme quelque chose de très précieux. Certains disent que « Le cœur de l’homme n’est pas un sac pour que tu y introduises ta main», pour dire que le cœur d’un homme a ses secrets auxquels les autres n’ont pas accès.
D’autres identifient l’homme par son cœur en ces termes : « Le cœur, c’est l’homme», pour signifier que le tout de l’homme se trouve dans son cœur.
Alors, nous allons nous demander : comment est notre cœur ? Comment est notre situation ?
Notre situation est loin d’être bonne. C’est une situation d’esclavage dont le Seigneur voudrait nous libérer comme il a libéré les enfants d’Israël « du pouvoir de pharaon, roi d’Egypte ».
Dans quel esclavage sommes-nous ?
A) Nous sommes dans l’esclavage du manque d’amour : nous avons peut-être su aimer un jour dans notre vie. Mais plus maintenant. Nous n’aimons pas notre femme, nous n’aimons pas notre mari. La présence de nos enfants nous donne des maux de tête, voire des maux d’estomac. Nous ne les aimons plus assez. La grande famille ? Non ! Nous aimerions qu’elle nous laisse en paix ! Des voisins ou des collègues de travail, n’en parlons même pas. Tout cela pour une raison ou pour une autre, avec ou sans raison.
Aujourd’hui, le Seigneur veut nous libérer de cet esclavage qui pourrit notre vie. Dans la deuxième lecture, saint Jean nous dit : « Mes bien aimés, aimons-nous les uns les autres ». Pourquoi ? Il répond : « puisque l’amour vient de Dieu ». Et alors ? Il renchérit : « Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu, et ils connaissent Dieu ». En effet, selon saint Jean, « Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous la perfection ».
-Sommes-nous prêts à changer nos cœurs pour percevoir les autres sous un jour nouveau ?
B) Nous sommes dans l’esclavage de l’infidélité : c’est là un mal qui nous tient. Nous avons peut-être été fidèles un jour. Mais maintenant nous vivons dans la logique du « Je m’en fous ». On veut soi-disant s’émanciper de la peur et suivre enfin les désirs avoués ou inavoués de son cœur. Alors on passe outre les vœux, on n’honore pas ou plus les promesses, on se moque des engagements pris. Cela peut-être envers le Seigneur, mais sans doute aussi envers les autres. Mais où cela nous mène-t-il ? N’est-ce pas au manque de confiance réciproque ? Voire au rejet mutuel ?
Aujourd’hui, l’Ecriture nous invite à renouer avec la fidélité, en nous inspirant de la fidélité de Dieu lui-même. Dans la première lecture, Moïse dit aux Israélites et à nous : « Vous saurez donc que le Seigneur votre Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son alliance ». Nous serons de vraies femmes et de vrais hommes si nous savons être fidèles comme le Seigneur.
-Sommes-nous prêts à purifier nos cœurs, à accepter des sacrifices, à tenir nos promesses ?
C) Nous sommes dans l’esclavage de l’orgueil : quand nous faisons un examen de conscience, quand nous regardons derrière nous, nous pouvons reconnaître que nous fûmes parfois humbles dans notre vie. Mais maintenant tout a changé. Notre moi a grossi, nous avons dit adieu à la simplicité, à la douceur, à la bonté, au regard pur. Nous regardons tout le monde d’en-haut, voire avec dédain.
Mais aujourd’hui, le Seigneur nous attend sur le chemin de l’humilité. Dans la première lecture, Moïse dit aux Israélites et à nous : « Si le Seigneur s’est attaché à vous, s’il vous a choisis, ce n’est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples, car vous êtes le plus petit de tous ». Et dans l’évangile, Jésus fait cette prière : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».
-Sommes-nous prêts à nous faire petits, à nous accueillir les uns les autres ?
Jésus veut nous aider à faire ce passage. Il nous dit dans l’évangile : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos ». Et le psalmiste de dire : « notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi Seigneur ! ». Oui presque tout le monde ici traverse des peines au point de perdre l’équilibre. C’est à chacun de nous que le Christ s’adresse aujourd’hui. À toi qui n’a plus des sommeils ; à toi qui chaque jour désespère puisque ta prière n’a pas été exaucée, à toi qui as échoué dans tes projets, à toi qui souffre d’une maladie physique, d’une déception quelconque, à toi qui es rejeté par les autres ; à toi dont les enfants ont abandonné….. Viens à moi, je vais te procurer le repos, la paix, la joie, le bonheur car mon joug est facile à porter et mon fardeau léger.
Père Jean Claude Ciza