Ce dimanche, nous écoutons l’Evangile de la parabole du semeur. Cette parabole est en avant tout une sorte de bilan, un résume imagé que Jésus présente de son propre ministère en Galilée. Dans cette parabole, le Christ décrit les diverses manières ou attitudes que les gens ont adoptés devant sa prédication. Nous voyons qu’il s’est heurté plutôt à une opposition, à des emballements éphémères et à des échecs successifs.
Textes : Is 55,1-11 ; Rm 8, 18-3 ; Mt 13, 1- 23
Mais malgré la déception, l’infécondité des terres ensemencées, malgré la semence perdue, il y a une belle promesse de moisson. C’est cet optimisme que Jésus veut nous partager en ce dimanche. Comme les disciples, souvent nous sommes découragés par le sentiment d’échec. Nous comprenons que la parole de Dieu semé portera des fruits en abondance, même si c’est à travers de nombreux échecs dans des terres rebelles. Cette certitude, est une exhortation simple et réconfortante pour les disciples et pour nous qui souvent sommes impatients de voir des résultats tangibles. Par ailleurs, cette parabole est aussi une interpellation, une interrogation directe que Jésus nous adresse aujourd’hui. Elle provoque en nous des interrogations sur l’accueil personnel réservé à cette Bonne nouvelle. En écoutant les différentes catégories de terre où la semence est jetée, chacun est renvoyé à sa propre histoire et à sa propre conscience ; à se propres dispositions intérieures. Comme les disciples, nous devons, après avoir fait cet examen de conscience nous poser la question ci -après : que dois-je faire ? Quelle terre suis-je ?
Avant de répondre à cette question, voyons d’abord l’attitude du semeur ; son profil. On sent d’abord en lui une sorte de prodigalité ; il ne choisit pas son terrain. Ce semeur c’est Dieu qui ne fait pas de différence entre les hommes. Sa parole est adressée à tous, sans distinction ni restriction.
A la différence de l’homme qui rationne, Dieu répand en abondance ; les échecs répétés ne le décourage pas, sa bonté ne se résigne pas devant l’apparente stérilité du terrain que nous sommes. Dieu ne se contente pas de semer là où il est certain que le grain poussera. Dès qu’il y a une personne quelque part, le terrain est déjà propice pour Dieu. En méditant sur la parabole, on se rend compte de la progression interne au récit. La première semence meurt immédiatement, la deuxième, avant de périr, a pu germer et la troisième a même pu grandir avant que les broussailles ne l’étouffent et ne l’asphyxient. La quatrième, elle pousse, grandit et produit beaucoup des fruits.
Les images employées par Jésus ont en soi un sens particulier. Nous pouvons les classer en trois les échecs survenus pour ces graines.
- Tout d’abord, nous voyons qu’il s’agit de la foi symbolisée par la graine tombée au bord du chemin. Elle n’a pas eu le temps de germer car l’adversaire redoutable qu’est le diable s’en est emparé. Cette terre au bord du chemin, c’est l’homme qui ne croit pas du tout. Il est la proie du mauvais, du diable.
- La graine tombée au bord du chemin et celle brulée par le soleil avant de grandir montrent qu’il s’agit chez nous d’une foi sans persévérance, sans profondeur. Parfois nous voyons des chrétiens superficiels, qui n’ont pas des racines et par conséquent n’évoluent pas dans leur vie chrétienne.
- Enfin, le troisième échec résulte de la foi étouffée par les soucis du monde et la tromperie des richesses. Ils se laissent tromper par n’importe quoi et n’importe qui, par des appâts du monde. Aujourd’hui, plusieurs parmi nous sont, ceux et celles qui ont perdus la foi à cause des échecs de la vie et vont chercher la réussite ailleurs. Là aussi, parfois, ils ne trouvent pas solution. Alors, ils décident de ne plus fréquenter l’Eglise, ils s’emportent contre Dieu et finissent même par dire qu’Il n’existe pas. Combien de fois, Jésus nous met en garde contre l’ambiance matérialiste du monde ? Pour que la graine puisse grandir en nous, il faut nous détacher de toute avidité et de toute âpreté au gain, au matériel.
Alors, après avoir suivi ces genres d’échecs, chacun de nous peut se poser alors cette question : quel terrain ai-je offert à la parole de Dieu ? Suis-je une terre stérile ou une terre féconde ? Ne perdons pas de vue la première lecture qui nous parle de cette parole de Dieu qui sort de sa bouche pour donner le pain à celui qui mange. Suis-je conscient que la parole de Dieu est une nourriture pour ma vie ? Qu’elle me donne la vie ?
La réponse à ces question n’est ni simple ni définitive car nous sommes parfois fertiles ou infertiles, dociles ou indociles, accueillants ou réfractaires, ouverts aux appels de l’esprit ou enfermés dans notre monde, dans notre égoïsme.
A ce moment où la parole de Dieu nous interpelle, offrons-lui ce qu’il y a des meilleurs en nous. Offrons lui nos cœurs pour qu’ils deviennent accueillants à sa parole afin qu’elle produise des fruits en abondance dans notre vie. Que l’esprit du Seigneur fasse pousser en nous la semence de vie. Que la parole semée en nous, nous libère de l’esclavage du péché pour connaitre la liberté, la gloire des enfants de Dieu.
Père Jean Cluade Ciza