1 R 3, 5.7-12 ;Rm 8, 28-30 ;Mt 13, 44-52
Les lectures de ce dix-septième dimanche du temps ordinaire nous introduisent au thème de la demande.
Qu’est-ce que demander ? Selon Le Petit Robert, demander, c’est « faire connaître à qqn (ce qu’on désire obtenir de lui) », c’est « exprimer (un désir, un souhait) de manière à en provoquer la réalisation ».
Le thème de la demande est très présent dans la Bible. Mais nous pouvons seulement mentionner quelques cas.
1° Dans Isaïe 7, 11, Yahvé dit à Achaz, roi de Juda : « Demande un signe à Yahvé ton Dieu, au fond, dans le Shéol, ou vers les hauteurs, au-dessus ».
2° Dans Matthieu 7, 7, Jésus dit à ses disciples : « Demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira ».
3° Et dans la prière du Notre Père, si la première partie est consacrée à la reconnaissance de la grandeur de Dieu de la part de l’homme, la deuxième, quant à elle, est consacrée aux demandes que l’homme adresse à Dieu (Mt 6, 9-13 ; Lc 11, 1-4).
D’où vient l’idée que nous fassions des demandes à Dieu ? A cette question, la première lecture répond : « A Gabaon pendant la nuit, le Seigneur apparut en songe à Salomon. Il lui dit : « Demande-moi ce que tu veux et je te le donnerai ».
Comme dans Isaïe 7, 11, nous voyons que c’est Dieu qui met en l’homme l’idée de lui faire des demandes. C’est là un signe d’humilité de la part de Dieu. Un jésuite français du nom de François Varillon a justement écrit un livre intitulé L’humilité de Dieu.
1° Dieu vient lui-même à notre rencontre. A la place du nom de Salomon chacun peut mettre son nom. Dieu s’ouvre à chacun de nous en particulier, comme individu.
2° Il nous rejoint là où nous sommes. A la place de Gabaon, chacun peut mettre le nom de son village, de sa ville, de sa commune ou de son quartier.
3° Il nous parle au moment opportun. La nuit, dans ce contexte, est un temps calme. C’est le temps du recueillement, du silence. Quand nous sommes calme, recueilli, silencieux, alors Dieu nous parle.
Et que devons-nous demander à Dieu ? Avant de répondre à cette question, nous devons d’abord répondre à cette autre : que ne devons-nous pas demander à Dieu ?
1° Nous ne devons pas demander de longs jours : Dieu dit à Salomon : « Puisque [tu n’as]pas [demandé] de longs jours ». Cela Dieu le donne comme une récompense à la suite d’une bonne conduite. Dans Exode 20, 12, Dieu dit à Moïse de dire au peuple d’Israël: « Honore ton père et ta mère, afin que se prolonge tes jours sur la terre que te donne Yahvé ton Dieu ».
2° Nous ne devons pas demander des richesses : Dieu dit à Salomon : « Puisque [tu n’as demandé]ni la richesse ». Cela Dieu le donne comme récompense à celui qui fructifie les talents qu’il lui donne. Dans Matthieu 25, 29, Jésus dit à ses disciples : « Car à tout homme qui a, l’on donnera et il aura du surplus ; mais à celui qui n’a pas, on enlèvera ce qu’il a ».
3° Nous ne devons pas demander la mort de nos ennemis : Dieu dit à Salomon : « Puisque [tu n’as demandé]ni la mort de tes ennemis ». Cela parce que l’amour de Dieu est inclusif. Notre Père qui est aux cieux, comme nous le dit Jésus dans Matthieu 5, 45, « […] fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes ».
Cela dit, nous pouvons à présent revenir à notre première question : que devons-nous demander à dieu ? Nous devons demander à Dieu en toute humilité :
1° La sagesse : Salomon répondit à Dieu dans le rêve : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien du mal ».
Le philosophe allemand Karl Jaspers a défini le « mal » entre autres, comme « la volonté mauvaise, c’est-à-dire la volonté de destruction comme telle, le besoin de faire souffrir, celui de la cruauté, de l’anéantissement, la volonté nihiliste de corrompre tout ce qui est et tout ce qui vaut ». Et le « bien par contre », comme « l’absolu qui trouve sa réalisation dans l’amour, et par là dans la volonté ».
Etre sage, c’est être capable de choisir le bien, l’amour et d’éviter le mal, la haine. Dans le monde chaotique qui est le nôtre, nous avons besoin d’un cœur attentif, de l’esprit de discernement pour être capable de nous guider nous-même, de guider nos familles et de vivre en paix avec nos voisins. Cette attention est un don de Dieu.
2° L’amour de Dieu : saint Pauldit aux Romainsdans la deuxième lecture : « Frères, nous le savons, tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu ». Cet amour est un don de Dieu. Saint Paul ajoute en effet : « puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour ».
C’est Dieu qui nous appelle à l’aimer. Et si nous répondons positivement à cet appel, il fait de nous des justes. En effet, l’amour du prochain découle de l’amour de Dieu. Pour aimer son frère, son voisin, pour être juste envers eux, il faut vraiment d’abord aimer Dieu.
La sagesse et l’amour de Dieu, dans le langage de l’évangile,
1° ce sont des trésors : quand on les a découverts, dans la joie on vend tout ce qu’on possède pour les acquérir.
2° ce sont des perles fines, des perles de grande valeur : quand on les a découvertes, on vend tout ce qu’on possède pour les avoir.
A la fin de l’évangile, Jésus demande à ses disciples : « Avez-vous compris tout cela ? ». Les disciples répondent : « Oui ». Puissions-nous nous aussi comprendre ce que Jésus-Christ nous dit aujourd’hui.
Père Jean Claude Ciza