Is 55, 1-3 ; Rm 8, 35.37-39 ; Mt 14, 13-27
En ce 18è dimanche, la liturgie nous invite à méditer sur la présence miséricordieuse de Dieu à son Peuple. Ainsi, nous pouvons tirer comme thème de notre méditation ce mots : « Dieu n’abandonne pas son peuple ». En effet, les trois passages que nous venons de lire, ont en arrière plan une situation de crise, à laquelle Dieu répond avec une prodigieuse abondance.
Dans l’Evangile qui nous parle de la multiplication des pains, on voit Jésus qui nourrit les foules. Cet épisode est raconté six fois dans le Nouveau Testament et par les 4 évangélistes. De ce texte, nous pouvons tirer quelques éléments importants pour notre méditation.
- Les surprises du Christ. Ils sont partis au désert sans même un minimum de précautions ; et les foules se voient confrontés au problème de la faim. Une question à se poser. Pourquoi ont-elles suivi le Christ jusqu’au désert ? de quoi elles sont attirées ?
La réponse est simple : elles ne viennent pas chercher du pain, un miracle mais plutôt écouter la prédication de Jésus. Malgré cela une surprise que le Christ leur réserve, c’est le fait de devancer leurs besoins en leur donnant du pain pour apaiser leur faim.
- La leçon est claire pour nous : celui qui cherche le Christ pour lui-même, reçoit en surplus ce qu’il n’a pas même demandé. En revanche, celui qui se met à sa suite uniquement pour des besoins matériels court le risque d’être déçu.
- La réalisation des prophéties d’Isaïe. La multiplication des pains est la réalisation des prophéties que nous avons entendues dans la première lecture. En Jésus, Dieu apaise la faim et la soif de son peuple et comble ses besoins de manière surabondante et gratuite.
- La deuxième leçon est que Dieu est bienveillant envers tout le monde au point même de faire alliance avec l’humanité entière par Jésus son Fils.
- L’annonce de l’Eucharistie. Il existe un parallélisme très significatif entre ce récit et celui de l’institution de l’eucharistie. Dans les deux épisodes, l’événement se situe au coucher du soleil. Jésus prend le pain, lève les yeux vers le ciel, prononce l’action de grâce et remet le pain aux disciples.
- Leçon à tirer : en partant d’un besoin vital de l’homme, le Christ orient son désir vers le ‘pain du ciel », le seul en mesure de calmer définitivement sa faim.
- La responsabilité des disciples : notre responsabilité devant la misère de nos frères. Ils sont les médiateurs entre le Christ et la foule. D’abord en présentant les besoins de cette dernière, puis en lui distribuant les dons de Dieu. voilà la mission de l’Eglise et, en particulier, du prêtre et de tout chrétien : lancer vers Dieu les appels, les supplications, la situation des hommes et transmettre au peuple les grâces du Seigneur. Posons- nous cette question.
- Moi en tant que chrétien, est ce que je vois la misère de mes proches, de tout homme qui passe devant moi ? est-ce que je présente cette misère, cette situation au Christ ? est- ce que je distribue ; je partage ce que le Seigneur m’a fait avec ceux qui sont dans le besoin ?
- La solidarité humaine. Pour réaliser ce miracle, Jésus, aurait pu se passer des cinq pains présentés par les disciples. Après tout, ils ne représentent pas grand-chose pour une foule aussi si considérable. Et pourtant, Jésus a insisté pour que les disciples « donnent eux-mêmes à manger » à la foule qui l’avait suivi dans le désert afin que la multiplication des pains soit à la fois le fruit de la grâce de Dieu et une œuvre de la générosité humaine. En confiant une telle tâche aux disciples, Jésus nous renvoie à nos responsabilités face à la souffrance de nos frères et sœurs. Dieu ne veut pas se substituer à sa créature.
- Nous appartenons à un monde où ; hélas ; les uns continuent de stocker leur superflu alors que d’autres manquent cruellement du strict minimum vital. Les chiffres du drame alimentaire qui frappe une partie de notre planète sont bien connus et nous avons fini par nous y habituer. Cela ne nous fait rien que 40 à 60 millions de personnes meurent chaque année de faim ou de maladies liées à la malnutrition ? qui d’entre nous ignore que la faim continue de faire des victimes dans le monde simplement par manque de solidarité humaine ? qui donnera au Christ ces cinq pains pour opérer aujourd’hui le miracle ?
Saint Paul nous dit dans la deuxième lecture : qu’est ce qui peut nous séparer de l’amour de Dieu ? Posons- nous cette question aujourd’hui. La faim ? Le dénuement ? La soif ? La détresse ?… En tout cela nous sommes vainqueurs grâce à celui qui s’est livré par amour pour nous.
- La foi des disciples. Pressentant le risque que représente la foule affamée, les disciples conseillent au Christ de la renvoyer. La plupart du temps, nous leur ressemblons : nous savons ce qu’il faut faire, mais n’en ayant pas les moyens, nous nous contentons des solutions provisoires et incomplètes au lieu de nous tourner vers Dieu. quand le Christ leur demande de faire asseoir tout ce monde, ils obéissent sans moindre hésitation. Ils ont confiance en Lui.
- Leçon pour nous aujourd’hui, avoir foi et confiance en Dieu dans toutes circonstances de la vie. Car, grâce à cette foi des disciples, le Seigneur a pu combler les foules en multipliant par milliers les pauvres ressources mises à la disposition de la Providence.
Demandons au Seigneur qui nous nourrit de son corps et de son sang, d’éveiller en nous le désir de chercher le Christ pour lui-même et pas pour le matériel, celle d’être bienveillant envers nos frères ; celle d’une foi et confiance en Dieu tout Puissant et enfin celle de nous attacher fermement à lui malgré les souffrances du moment.
Père Jean Claude Ciza