1 R 19, 9.11-13 ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33
Les lectures que nous venons d’entendre nous invitent à méditer sur le thème de la paix. A l’arrière-plan de ce thème il y a une question : « Où est Dieu ? ». Dans la vie, et dans notre vie, la paix est souvent menacée par la violence et par la peur. Elie et les disciples du Christ en ont aussi fait l’expérience.
Dans la première lecture, nous avons entendu qu’Elie entra dans une caverne et y passa la nuit. Et l’évangile nous apprend que la nuit trouva les disciples dans la barque. La nuit représente un moment délicat, voire difficile. La nuit, c’est le moment de tous les dangers, où le discernement est difficile, où l’on ne sait pas bien où l’on met les pieds, où l’on met la tête, où l’on met les mains. Dans la nuit, la vue est faible.
L’un ou l’autre parmi nous a déjà fait l’expérience de la nuit dans sa vie : « Je ne vois plus clair, je ne sais plus quoi faire, j’ai trop de problèmes, j’ai des insomnies, j’ai besoin d’aide ». Etre dans la nuit, c’est être exposé à la violence, à la peur.
*De la caverne,
-Elie entendit « un ouragan si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait le rocher ». C’est quoi cet ouragan, sinon la colère que nous exerçons sur les gens au point que nous les enfermons dans leur vie, dans leurs problèmes, dans leurs situations, parfois désastreuses.
-Elie sentit « un tremblement de terre ». C’est quoi ce tremblement de terre, sinon les critiques inappropriées et paralysantes que nous faisons des autres, mais bien souvent aussi de nous-mêmes.
-Elie « vit un feu ». C’est quoi ce feu, sinon les actes de sabotage, de destruction que nous infligeons aux gens pour les faire disparaître de notre entourage, de notre vue.
*Et de la barque, les disciples furent victimes d’un vent qui soulevait les vagues. Dans leur trouble, ils prirent même Jésus pour un fantôme. Alors ils poussèrent des cris ! C’est quoi ce vent, sinon l’incertitude sur des choix à faire, des pensées contradictoires qui nous laissent figés. Alors nous poussons des cris, c’est-à-dire nous devenons nerveux, colériques, inapprochables, voire même malades. La peur nous envahi, le cœur bat, on transpire, on est dans l’angoisse,…
Et la question que nous avons posée au début de notre homélie trouve ici sa place : « Où est Dieu ? ».
La première lecture nous répond que Dieu n’est ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu. Et l’évangile nous répond que Jésus n’est pas dans le vent.
Mais « où est Dieu ? », où le rencontrons-nous ? Car l’homme a besoin d’un secours pour voir le jour, pour voir clair, pour retrouver la paix intérieure.
De la caverne, Elie entendit « le murmure d’une brise légère ». Alors, il « se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne ». Elie devint une personne rassurée. Il sort de la caverne. C’est la paix qui le mène dehors. C’est la paix qui le met en contact avec le Seigneur, avec les autres.
Est-ce que nous sommes des agents de paix et de réconciliation ? Est-ce que nous savons aborder les gens sans les effrayer, mais dans un esprit de bienveillance et pour qu’ils soient heureux ? Es-ce que nous préoccupons des autres comme saint Paul pour les Juifs afin qu’ils aiment le Christ ?
Le Christ dit justement aux disciples : « Confiance ! C’est moi ; n’ayez pas peur ! ». Il monte dans la barque avec eux, et le vent tombe.
Est-ce que nous entendons le Christ nous dire aujourd’hui, à chacun de nous : « Confiance : C’est moi ; n’aie pas peur ! » ? Est-ce que nous acceptons d’accueillir Jésus dans notre barque, dans notre vie pour faire tomber le vent qui nous ballote ?
Si nous l’acceptons, nos vies se trouveront transformées. Nous connaîtrons la paix du cœur, nous deviendrons des hommes et des femmes nouveaux, nous serons reconnaissant envers Jésus, et nous lui dirons comme l’ont fait les disciples : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ».
Pére Jean Claude Ciza
Fot. Miguel Amutio/Unsplash.com