Ap 11, 19 ; 12,1-10; 1Co 15, 20-27 ; Lc 1, 39-56
L’événement de l’Assomption que nous célébrons dans la joie en ce jour n’est écrit nulle part dans les Saintes Ecritures. Il fait partie des « données de la foi » que la Tradition de l’Eglise nous rapporte de manière unanime et que le Pape XII a défini solennellement comme dogme de foi, le 1er novembre 1950.
L’affirmation centrale de cette fête mariale ne suscite, d’ailleurs, aucune contestation. Après avoir été intimement liée à la mission de son Fils sur la terre, Marie est à présent associée aussi à sa gloire dans les cieux. En ces sens, l’Assomption se présente comme le prolongement de la résurrection du Christ et de son Ascension. Nous affirmons que Marie fut enlevée au ciel, en corps et en âme, en vertu d’un privilège particulier. Elle est « la servante du Seigneur » comme le dit le Magnificat.
Pour nous introduire dans cette solennité, la liturgie nous propose trois lectures dont le message centrale pourrait se résumer en quelques titres et noms significatifs par lesquels l’Eglise honore et vénère la « reine des cieux».
Marie, l’Arche d’Alliance.
L’origine de l’Arche remonte au temps lointain de l’exode du peuple d’Israël. Construite d’après les indications données par le Seigneur à Moïse, elle contenait les Tables de la loi, sur lesquelles étaient gravés les Dix commandements. Ce même Arche a été placée par David dans les « saints de Saints ». Après l’exile, le prophète Jérémie l’aurait cachée sur le Mont Nébo. Enfin, on pensait également qu’elle allait réapparaître lors de la venue du Messie.
On comprend dès lors pourquoi les premiers chrétiens en attribué ce nom à Marie, en l’honorant comme celle par qui le fils de Dieu est entré dans le monde. Marie est l’image de l’Arche d’Alliance qui réalise ses deux voyages dans la même région montagneuse de la Judée. Ensuite, nous voyons dans la visite de Marie à sa cousine Elisabeth, l’image de l’arrivée de l’Arche d’Alliance dans la maison d’Oved- Edom, dans un climat de joie profonde. De même la danse de David devant l’Arche évoque l’exultation mystérieuse de Jean- Baptiste dans le sein d’Elisabeth. Enfin, l’exclamation de David « comment l’Arche du Seigneur pourrait-elle venir chez moi, rappelle le cri de joie poussé par Elisabeth accueillant sa cousine Marie : « comment ai-je ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »( Lc 1, 43)
Marie, Mère de l’humanité nouvelle.
Dans la vision de l’Apocalypse on voit s’installer un combat épique entre une femme et un dragon symbolisant les forces du mal. Cette femme est présentée d’abord dans un décor de gloire : vêtue de soleil, la lune sous les pieds, elle est couronnée de douze étoiles. Cette femme qui porte dans son sein un « enfant mâle » évoque sans équivoque Marie, mais elle se réfère aussi à toute l’Eglise attendant la naissance de l’humanité nouvelle. La vision se termine par une acclamation de victoire : « voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu et le pouvoir de son Christ ». Une telle exultation repose sur l’espérance que l’Eglise, elle aussi, est assurée de la victoire, car si le dragon a échoué au ciel, il échouera aussi sur la terre. Dans ce combat qui dure encore jusqu’à nos jours, marie est, par excellence, la femme qui enfante l’humanité nouvelle.
Marie, la « première des rachetés ».
Ce titre est mis en évidence par la deuxième lecture (1co 15, 20-27 a) où saint Paul présente le Christ comme le « premier né » d’entre les morts. De même que par la désobéissance d’Adam, écrit-il, toute la création a été livrée au pouvoir de la mort, de même par l’obéissance du Christ, l’humanité renaît à la vie. Et la Vierge Marie, elle-même, est la première bénéficiaire de ce salut apporté par son fils. Par un « non » d’Adam, le péché a fait irruption dans le monde, et par un « oui » de Jésus, la grâce s’est répandue sur la création. Ce oui évoque évidement, celui de la Vierge qui, en donnant son consentement à Dieu, a rendu possible l’œuvre de notre rédemption.
Marie, la première croyante.
« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du seigneur » ! Voilà le beau compliment qu’Elisabeth adresse à sa cousine Marie : tout a commencé, effectivement par l’acte de foi d’une humble jeune fille au dessein de Dieu. La résurrection du Christ étant l’aboutissement de ce projet, il est normal que Marie, avant toute autre créature, en soit la bénéficiaire. La fête de l’Assomption que nous célébrons aujourd’hui est issue de cette logique de foi.
Marie Mère de l’espérance et de la foi, prie pour nous.
Abbé Jean Claude Ciza
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