Is 55, 6-9 ; Ph 1,20-27 ; Mt 20, 1-16a
En ce vingt-cinquième dimanche du temps ordinaire, les lectures nous introduisent au thème de la bonté. La bonté, c’est la disposition à faire le bien. C’est la sympathie, la magnanimité, la bienveillance, l’amabilité, la compassion …
Pour nous croyants, la bonté est d’origine divine, céleste. Elle appartient à Dieu qui la donne aux hommes. Souvenons-nous de la conversation entre Jésus et un notable, rapportée dans l’évangile de Luc au chapitre 18. Le notable avait interrogé Jésus en disant : « Bon maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle en partage ? ». Dans sa réponse, Jésus avait commencé par dire : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul ».
Alors quelle est la condition humaine ? La première lecture et l’évangile nous en parlent. Isaïedit dans la première lecture : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme pervers, ses pensées ».
Ici l’on comprend que l’homme, laissé à lui-même, est pervers dans ses pensées. C’est bien là notre condition.
- Il nous arrive en effet de penser mal de nous-mêmes, de croire que nous sommes inutiles ou mal aimés, voire incapables d’arriver au succès. A force d’avoir des pensées sombres sur nous-mêmes, il n’est pas étonnant que l’échec nous rencontre en train de penser que nous échouons. De cette manière, nous tuons en nous ce que nous pouvons avoir comme talents, nous tuons en nous ce que nous pouvons avoir de grand, de meilleur. L’évangile nous parle de ces ouvriers qui ont dit au maître du domaine : « personne ne nous a embauchés ».
- Et il nous arrive, malheureusement assez souvent, de penser mal des autres. Il peut s’agir de vouloir être ou avoir comme les autres (jalousie), être ou avoir plus que les autres (domination, gourmandise), posséder les autres ou les choses qui leur appartiennent (convoitise). Les autres peuvent être des gens avec qui nous travaillons ou des gens avec qui nous étudions, voir des gens avec qui nous habitons. Et cela peut être du matin jusqu’au soir. Nos pensées perverses ne connaissent pas les limites de l’espace et du temps. L’évangile illustre cela en nous parlant des ouvriers qui étaient révoltés contre le maître du domaine pour ne leur avoir pas donné plus d’argent que les autres.
Habités par de mauvaises pensées, nous finissons par emprunter de mauvais chemins, par prendre de mauvaises décisions, par devenir méchants.
Aujourd’hui, l’Ecriture nous réveille, nous interpelle. Elle nous invite à nous tourner vers le Seigneur avant qu’il ne soit trop tard. Isaïe nous dit dans la première lecture : « Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche ».
La question du maître du domaine à l’un de méchants ouvriers vaut aussi pour nous : « Est-ce que ton regard est mauvais parce que je suis bon ? ». Il s’agit là au fond d’un rappel de ce que nous devons être, à savoir : des gens bons parce que Dieu est bon.
Suivant nos lectures, comment se présente la bonté ?
- La bonté est clémente : s’adressant au méchant, Isaïe dit dans la première lecture: Qu’il revienne vers le Seigneur, qui aura pitié de lui, vers Dieu, qui est riche en pardon ». Nous nous détournons souvent de Dieu en ne vivant pas selon ses commandements, en nous associant à de mauvaises personnes, en suivant de mauvais chemins. Bref, en faisant ce qui est mal aux yeux de Dieu. Mais Dieu nous aime. Il nous pardonne nos manquements quand nous nous tournons vers lui avec un cœur sincère. Il veut que nous puissions aussi être capables de nous pardonner les uns les autres. Entre nous les problèmes ne manquent pas.
–Est-ce que je sais offrir le pardon à mes frères ?
- La bonté sait rendre service : dans sa lettre aux Philippiens, Saint Paul dit qu’il aurait préféré aller auprès du Christ, pour vivre avec lui, mais il sent qu’il peut encore aider les Philippiens à assimiler l’évangile. Penser aux autres, c’est chrétien. C’est l’amour du prochain, qui est à côté de l’amour de Dieu, le plus grand de tous les commandements. Et ce service, on doit le rendre sans se lasser. Dans l’évangile, le maître du domaine est sorti plusieurs fois : au petit jour, vers neuf heures, vers midi, vers trois heures et vers cinq heures, pour essayer de rendre quelqu’un heureux.
–Est-ce que je suis ouvert aux autres ?
- La bonté aime la justice : dans l’évangile, le maître du domaine dit explicitement à ceux qu’il est allé embaucher vers neuf heures : « Allez-vous aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste ». Nous vivons dans un monde corrompu où les riches sont toujours plus riches, et les pauvres toujours plus pauvres, où les lois protègent les plus puissants au détriment des plus faibles. Le maître du domaine ne se laisse pas corrompre, il respecte la parole donnée, il remet à chacun ce qui lui revient.
–Est-ce que je suis une personne juste ?
Arrivé à ce point, nous pouvons dire que l’exhortation de Saint Paul aux Philippiens vaut aussi et surtout pour nous : « menons une vie digne de l’Evangile du Christ ».
Demandons au Seigneur, la grâce d’être des hommes bons ; animés des sentiments positifs envers nos prochains et envers nous-mêmes ; des hommes pleins de magnanimité, de bienveillance, d’amabilité, de patience et de compassion à la manière de notre Seigneur. Qu’en toutes circonstances, nous sachions nous tourner vers le Seigneur-Dieu d’amour et de pitié qui se laisse trouver pour ceux qui le cherche.
Abbé Jean Claude Ciza
Fot. Anna Hecker/Unsplash.com