Is 18, 1-7 ; Ph 4,6-9 ; Mt 21, 33-43.
L’évangile de ce jour nous parle de la parabole des vignerons homicides. Aujourd’hui, il est question de trois paraboles du refus ; refus de Dieu ; refus d’alliance… Nous voyons dans cette histoire une situation mêlée de violence et d’amour, de trahison et de déception, d’hostilité des ouvriers et une confiance obstinée du propriétaire de la vigne.
Le texte d’aujourd’hui est encadré par deux paraboles ; celle du dimanche passé où il était question d’un père qui envoie ses deux enfants travaillé au champ et l’épisode du festin de noces.
En proposant ces paraboles, le Christ met ne premier lieu ses auditeurs en garde et spécialement les responsables religieux, contre leur attitude de rejet de la Bonne Nouvelle du Salut. « Puisque vous vous obstinez dans votre refus, leur dit-il, Dieu va vous arracher le Royaume pour le confier à d’autres ».
Ecoutons d’abord le contexte de cette parabole. Les vignerons ont été embauchés comme salariés par un propriétaire trop confiant, mais ils se sont transformés en meurtriers en vue de s’emparer du champ. Poussés par la révolte et une cupidité insatiable, ils n’hésitent pas à mettre à mort l’héritier du domaine. Ce récit rappel les événements historiques de la passion du Christ comme Fils du propriétaire ainsi que la destruction de Jérusalem par Titus en 70. Mais résumons en six points les enseignements de ce récit.
La vigne et son propriétaire
Le propriétaire c’est Dieu ; la vigne représente le monde ou du moins le peuple d’Israël ; la clôture peut designer la loi et le pressoir l’autel des sacrifices dans le Temple. Tous ces éléments soulignent l’amour profond du propriétaire pour sa vigne et, par analogie, la prédilection de Dieu pour son peuple. L’essentiel étant fait, nous dit le texte, le propriétaire confie la vigne en fermage à des vignerons et part en voyage. Nous voyons dans cette décision, la liberté que Dieu laisse à l’homme en remettant le monde dans ses mains. Dieu fait toujours confiance à l’homme. Ce dernier est le gérant de l’entreprise de Dieu.
L’attitude absurde des vignerons
Le tort de ces vignerons n’est pas d’être restés inactifs, mais d’avoir voulu s’approprier le fruit de la vigne et surtout de brutaliser les envoyés de leur maître jusqu’à assassiner son propre fils. Le grand péché c’est ce meurtre et la tentation de travailler pour eux-mêmes au lieu de s’investir pour le propriétaire de la vigne. C’est la tentation qui nous arrive souvent, celle de vouloir nous débarrasser du Christ et de chercher à travailler pour nous-mêmes en oubliant Dieu. La tentation de gagner plus même par voies diaboliques.
La violence est fille aînée de l’ambition
La violence croissante des vignerons, qui n’hésitent pas à tuer l’héritier nous rappelle une vérité importante: chaque fois que l’homme s’érige en propriétaire du monde, il se transforme en bourreau pour ses frères. Regardons ce qui s’est passé et qui continue à se passer dans le monde actuellement avec le covid -19. La cupidité démesurée fait de l’homme un assassin. Dans son ambition de se substituer à Dieu, l’homme devient, sans le savoir, un tyran et un meurtrier. Interrogez l’histoire, et elle vous dira que la violence naît souvent de l’ambition. L’Afrique avec ses guerres et rebellions nous en parle plus.
La confiance incompréhensible du propriétaire
A la violence grandissante des vignerons, le propriétaire n’a voulu rien opposer d’autre que l’autorité désarmée de son fils. Une attitude un peu naïve de sa part. Cette attitude de Dieu nous invite à réfléchir deux fois. Pourquoi nous fait-il si confiance à ce point ? Pourquoi s’obstine-t-il à croire à la bonté de l’homme ? Pourquoi est-il si patient envers lui, si ce n’est à cause de son amour ? Une leçon de taille pour nos familles ; les couples : la patience, la confiance mutuelle comme signes d’amour entre conjoints.
De la parabole à notre vie
Ces vignerons cupides et odieux qui sont-ils ? S’agit-il seulement des responsables religieux du temps de Jésus ? Ouvrons les yeux et regardons notre monde actuel. Que de fils assassinés et de biens détournés par convoitise ! Que ne faisons-nous pas pour garder des biens mal acquis ? Comment administrons-nous ce que le Seigneur nous confie ? Sommes-nous suffisamment honnêtes pour reconnaître que nous ne sommes pas des propriétaires mais plutôt des gérants des biens de Dieu ?
Enfin, considérons cette parabole comme un avertissement qui nous est adressé. La vigne est confiée à l’homme, à chacun de nous pour qu’elle produise des fruits. L’avertissement est sérieux, ne l’oublions pas !que le Seigneur fasse de nous des vrais gérants de sa vigne, de nos familles, de nos entreprises, de notre société, de notre Eglise et qu’il enlève en nous l’esprit de cupidité, de vol ; d’envie et de détournement.
Abbé Jean Claude Ciza
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