Is 25, 6-9 ; Ph 4, 12.20 ; Mt 22, 1-14
En ce dimanche, le Christ nous parle encore une fois en parabole. Aujourd’hui, Il nous oblige à regarder avec des yeux nouveaux une réalité apparemment banale et pourtant de grande importance. Cette parabole est pleine des paradoxes étranges qui sont pour nous des interpellations, des remises en question. D’emblée, quel est le message qui nous est proposé dans l’Evangile de ce dimanche ? A mon humble avis, ce message se trouve, dans les derniers mots de la parabole : « la multitude est appelée, amis les élus sont peu nombreux. » Il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus, parce que les premiers ont dédaigné l’invitation et que, parmi les derniers, certains ne se sont pas suffisamment préparés au festin des noces. Ainsi, retenons trois points pour notre méditation en nous référant à cette parabole.
- Une parabole qui annonce le drame de la croix.
Ce récit plein de violence se présente comme une description de la mission de Jésus. En effet, il n’est pas difficile de reconnaitre dans la figure des premiers invités aux noces les fils d’Israël qui n’ont pas reconnu en Jésus le Messie attendu. Les invités de substitution, ces gens de la rue, représentent, quant à eux, les païens qui ont accueilli la foi avec enthousiasme et sont entrés dans l’Eglise.
- Les invités dédaigneux.
On remarque dans cette parabole, la volonté des invités et la violence absurde qu’ils déchainent contre les serviteurs du Roi. Ceci souligne l’agressivité grandissante que nourrissaient les chefs religieux contre Jésus. Nous l’avons encore souligné dimanche passé. On remarque également que les invités se divisent deux catégories : d’abord les indifférents qui préfèrent vaquer à leurs affaires, puis les contestataires qui prennent violement à partie les serviteurs du Roi. Leur comportement, et en particulier leur mépris pour une invitation aussi aimable, nous surprend, amis à y regarder de près, il n’est pas tellement différent des prétextes que nous avançons volontiers parfois pour nous excuser et nous dispenser de nos devoirs de chrétiens. On entend les gens dire : « comment voulez-vous que j’aille à la messe ? Je n’ai que mon dimanche pour faire le sport, pour me reposer, c’est le jour où je pars en voyage, je peux visiter calmement mes parents et mes amis ; c’est le jour de mes bricolages….
Et oui, nous sommes souvent pris par nos « affaires », et nous risquons de donner à Dieu la dernière place oubliant que le temps lui appartient. N’est-il pas vrai qu’aujourd’hui encore l’invitation de Dieu résonne ainsi dans nos cœurs trop surchargés ?
- L’habit, un symbole de conversion :
La parabole s’achève sur un dernier incident : dans la salle du banquet, un homme est arrêté et jeté dehors » pieds et poings liés ». Son tort, nous dit l’Evangile, est de n’avoir pas porté l’habit de noces. On ne comprend pas comment le Roi pouvait exiger un habit de fête d’un mendiant ramassé dans la rue. Quel est donc cet habit qu’il devrait porter ? Le pauvre est le seul qui n’a pas posé un geste qu’il a négligé de faire. De quoi s’agit-il ? Les autres se sont mis dans leur meilleur habit pour faire honneur au roi qui les a conviés. Conscients de la dignité de celui qui les a invités, ils se sont changés. C’est qui est essentiel ici c’est la démarche de se mettre en état. L’habit de noces est donc symbole de conversion. Lorsqu’on est appelé par Dieu, on ne doit pas prendre l’invitation à la légère. Il faut au moins se préparer.
Ainsi donc, l’habit nuptial dont il est question aujourd’hui dans l’évangile, est une métaphore utilisée dans le langage biblique pour designer la « transformation intérieure », la « conversion et le salut ».
L’enseignement est de taille : ne l’oublions pas, Dieu nous appelle par grâce, mais Il attend de nous une démarche de conversion. Si sa miséricorde fait de nous des appelés, ne nous prenons pas trop vite pour des élus. L’élection vient de lui et lui seul qui doit juger d’abord notre conversion.
Père Jean Claude CIZA
Fot. Andreas Haslinger/Unsplash.com