Ap 7, 2-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12
Dans la présentation de cette solennité de tous les Saints que donne le missel de la semaine, nous lisons que « La solennité de tous les Saints est née au 8e siècle en pays celtique. L’Eglise nous propose cette vision de gloire […] pour nous rendre conscients de notre solidarité avec tous ceux qui sont entrés dans le monde invisible ».
Naturellement, les lectures de cette solennité nous invitent à méditer sur la sainteté dont elle donne les caractéristiques.
Mais qu’est-ce que la sainteté ? Pour ceux qui ont déjà franchi la mort, la sainteté consiste dans la vision de Dieu et de son amour ; mais pour les vivants, c’est la vie des béatitudes comme préparation à cette vision. On trouve tout cela dans les caractéristiques de la sainteté qui se dégagent des lectures que nous avons entendues.
La sainteté est une élévation
Dire élévation, c’est faire penser à la naissance, la résurrection. La première lecture, de l’Apocalypse de saint Jean commence par la vision « d’un ange qui montait du côté où se lève le soleil ».
Dieu est le soleil de notre vie. Il se lève pour nous éclairer, pour nous indiquer les chemins qui mènent vers lui. Et l’ange qui monte du côté où se lève le soleil symbolise notre propre montée à la rencontre de Dieu. Chaque fois que nous faisons le bien, nous sommes de ceux qui montent pour que nous nous tenions un jour « debout devant le trône et devant l’Agneau », « en vêtements blancs » qui montre qu’on a vécu honnêtement sur la terre, et « les palmes à la main », qui montre qu’on est heureux dans le Seigneur qui pour nous instruire sur la terre et nous élever spirituellement jusqu’à lui, « gravit la montagne » comme nous le dit l’évangile.
Dans notre vie, où est tourné notre regard ? Est-ce vers Dieu ? Vers le Christ ? Ou vers une toute autre réalité ?
La sainteté est offerte à tous les hommes
Il faut entendre par là que la sainteté n’est pas le privilège d’une race, d’une ethnie ou d’une classe sociale. Tous les hommes sont appelés à être en communion avec Dieu. L’Apocalypse de saint Jean, après avoir mentionnés les élus de « chacune de douze tribus d’Israël », symbole de l’Eglise, parle d’« une foule immense […] de toutes nations, races, peuples et langues ». Et l’évangile nous parle de « Jésus qui vit toute la foule qui le suivait ». C’est une invitation à la fraternité. Nous devons voir nos différences non pas comme un signe de division, mais comme une richesse, comme un appel à nous estimer les uns les autres ; car en Dieu nous sommes tous frères.
Dans notre vie, comment voyons-nous les autres ? Comme des frères ou comme des personnes qui ne comptent pas ?
La sainteté est un don de Dieu
Dans la deuxième lecture, de la première lettre de saint Jean, nous avons entendu que Dieu nous a comblés d’un si grand amour. Lequel ? « […] il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu ». Et même plus : « Lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui ». Dieu ne nous laisse pas errer. Il est vrai que bien souvent l’expérience de l’injustice, du mépris, de l’incompréhension, de la tristesse, de l’échec. Mais Dieu veut que nous soyons pour lui, que nous soyons ses « serviteurs » comme le dit le livre de l’Apocalypse, pour qu’un jour nous partagions sa joie dans le haut-delà.
Et l’homme doit collaborer à son salut. Ainsi dans l’évangile, Jésus nous donne la condition pour être appelés fils de Dieu. Il nous dit : « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ».
Est-ce que nous mettons la paix en paix ? Est-ce que nous semons la paix dans nos familles ? Dans nos communautés ?
Les saints, que nous honorons aujourd’hui, ont été des artisans de paix, et cela même dans l’adversité ou les persécutions.
Abbé Jean Claude Ciza
Fot. Mateus Campos Felipe/Unsplash.com