Pr 31,10-31 ; 1Th5,1-6 ; Mt25,14-30
En ce dimanche, la parabole que l’Église nous propose pour notre méditation nous laisse quelque peu perplexe. On nous parle des talents distribués mais on pense qu’il y a injustice dans le chef du maître à l’égard du troisième serviteur, celui qui n’a reçu qu’un seul talent. On peut se poser plusieurs questions à son sujet. N’a-t-il pas été victime d’une frustration discriminatoire ? D’autre part, ce serviteur a-t-il été réellement malhonnête ? Est-il coupable du point de vue de la stricte justice ? Enfin pourquoi cette dureté inflexible de la part de son maître qui le dépouille même de ce qu’il a, pour le donner à celui qui en déjà beaucoup ?
Pour bien comprendre ce qui nous semble paradoxal, il faut replacer le texte dans son contexte qui est celui de la responsabilité de l’homme devant Dieu, responsabilité personnelle et irremplaçable mis en évidence par d’autres éléments de la parabole.
Il s’agit d’abord des responsabilités différentes
En premier lieu, rappelons que tous les serviteurs dont il est question dans le texte, ont reçu un capital plutôt impressionnant. Un seul talent avait la valeur de 24 kg d’or soit un salaire de 6000 journées de travail au moins plus de 25 ans. Avec cette valeur on n’a pas à condamner le maître, au contraire on trouve chez lui une prodigalité sans nom. Face au troisième serviteur, eu égard à la somme énorme qui lui a été confiée en fonction de ses capacités, on a pas a condamné le Maître. Première leçon à retenir de la parabole : Dieu n’a privé personne de ses dons. Il nous a tous comblés avec largesse de dons spirituels, intellectuels, humains et matériels. Comme le dit Saint Paul Apôtre aux Galates ; « à chacun de nous a été donné la grâce de Dieu selon la mesure du Christ ! »
Au dernier jour lors du jugement dernier, le maître ne va pas nous reprocher de donner au-delà de qu’il nous a donné. Il réclame à la mesure de ce qu’il a accordé, et c’est bien ainsi. Grande ou petite, la responsabilité de l’homme s’évalue en proportion des dons reçus de Dieu.
De quoi reproche-t-on le troisième serviteur, quel est son tort ?
Nous pouvons dire que théoriquement on ne peut pas l’accuser d’avoir été malhonnête moins encore voleur. Son seul péché est le fait qu’il n’a pas fait confiance en son maître. Il a eu à l’égard de son maître une disposition d’esprit caractérisé par la méfiance au point de le juger et refuser de travailler pour lui. C’est sa méfiance qui devient mesure de son jugement. Il sera condamné sur base de ses propres déclarations.
La leçon centrale de la parabole se dégage alors comme suis : grands ou petits, spectaculaires ou discrets, les dons reçus de Dieu ne fructifient qu’en étant mis au service des autres et nourris par la confiance. Au jour du jugement, ce n’est pas la quantité de nos talents qui fera notre salut, mais le fruit qu’ils auront produit. Ces dons appellent nécessairement notre responsabilité.
Terminons cette méditation sur ce que nous pouvons appeler « les oubliés du récit. Qui sont –ils au juste ? En regardant le monde, on peut facilement penser aux gens qui semble avoir reçu trop peu de la vie ou même qui sont cruellement privé de tout. Par exemple aux handicapés gravement atteints dans l’ordre physique ou mental, aux malades que l’épreuve a vidé de toute capacité humaine. Est-ce que Jésus a fait exprès de les oublié ou bien ?
On peut penser à deux considérations que souvent nous oublions
Les critères de Dieu ne correspondent pas aux nôtres. Entre notre manière de calculer les talents et celle de Dieu, la distance est énorme. Parfois nous nous arrêtons aux apparences, alors que le regard de Dieu va beaucoup plus loin. Et parfois là où nous ne voyons que détresse et douleur, son regard à lui sait déceler des trésors cachés. Nous devons lui demander de dessiller nos yeux. Ex d’un handicapé qui est depuis son jeune âge dans la chaise roulante mais qui aide les autres à s’orienter à la gare et à l’aéroport pour leur voyage. Il a des talents cachés qu’il partage avec les autres qui sont plus vulnérables comme lui.
Dieu te donne aux autres comme un talent. Ceci pour dire que pour ceux semblent n’avoir rien reçu, c’est nous a donnés à eux pour contribuer à réaliser leur bonheur ; c’est pourquoi nous manquerions gravement à notre devoir d’homme et de chrétien si nous désintéressions de leur sort. Un jour un homme demande au Seigneur dans la prière : « que fais –tu, Seigneur pour ce monde qui souffre tant ? le Seigneur lui répondit : je t’ai créé pour leur apporter la paix et le bonheur !
Et pour clôturer je me tourne vers les femmes qui sont dans cette église en reprenant les conseils de la première lecture. Une femme doit être source de bonheur non seulement pour son mari, mais aussi pour toute la société, pour l’Eglise. Elle doit avoir des qualités d’une femme inqualifiable, pieuse et craignant Dieu, une croyante ; maîtresse de maison.
Le Psaume donne aussi l’exemple d’un père de Famille. Il doit être laborieux et heureux, craignant Dieu qui attire sur lui et sur sa famille bonheur et félicité divins. Un travailleur qui humanise le monde.
Demandons au Seigneur de faire de toutes les femmes du monde, des femmes sources de bonheur pour les familles, l’Église et la société. Que les hommes par leur travail tout en craignant Dieu, ils attirent sur leurs familles les félicités divins. Que le Seigneur nous aide à savoir utiliser nos dons au bénéfice des autres.
Père Jean Claude Ciza
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