Jo 7, 1-7 ; 1 Co 9, 16-23 ; Mc 1, 29-39
Les lectures de ce cinquième dimanche du temps ordinaire nous introduisent au thème du salut. En effet, dans la deuxième lecture, saint Paul dit aux Corinthiens : « Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour bénéficier, moi aussi, du salut ».
Le salut, c’est la délivrance, la sortie d’une situation difficile, intenable. C’est le passage de la nuit au jour, de l’échec à la réussite, de la maladie à la santé, de l’oppression à la liberté, du malheur au bonheur, de la mort à la vie.
Comment est-ce que les lectures caractérisent-elles la situation de l’homme ?
A) La première lecture, du livre de Job, parle de la corvée : « Vraiment, y dit Job, la vie de l’homme est une corvée, il fait des journées de manœuvre ».
Une corvée est un travail obligatoire, dur et non rémunéré. C’est un travail d’esclave. Un esclave est une personne invisible aux yeux de ceux qui croient avoir des droits sur lui. Lui-même n’a pas des droits. C’est pour cela qu’il est invisible. Il ne devient visible que pour des devoirs. Un esclave, c’est quelqu’un qui a perdu son nom de clan et qui, par conséquent, n’a plus des références claires. Il vit dans la confusion, sans identité. Le contraire serait pour lui le recouvrement de la liberté, d’une famille, d’une maison, d’un pays. Un esclave est un étranger perpétuel qui ne connaît pas le repos. Il n’est laissé en paix ni par les mauvais traitements ni par les soucis. L’esclave ne connaît pas la joie.
Certains d’entre nous font peut-être cette expérience d’invisibilité, de manque d’identité et de dignité. Ils sont devenus de gens qu’on ignore comme personnes, mais dont on se souvient comme on se souvient des objets. C’est dur, mais ça existe : dans nos familles, dans nos communautés, dans notre pays, dans notre monde.
B) L’évangile, quant à lui, parle des maladies : la fièvre qui retiens au lit la belle-mère de Simon, les esprits mauvais qui tiennent les gens en captivité ou d’autres maladies non spécifiées. Leur trait commun est qu’il s’agit des maladies qui paralysent, qui rendent le corps incapable de se mouvoir, de s’estimer utile, de s’apprécier positivement.
On peut dans ces maladies des symptômes des échecs qui menacent nos vies : dans nos études, dans le mariage, dans nos amitiés, voire dans notre vocation.
C) La corvée comme les maladies plongent les gens dans la nuit, dans le noir, c’est-à-dire dans le tâtonnement, dans la désolation. Dans la première lecture, Job dit : « Le soir n’en finit pas : je suis envahi des cauchemars jusqu’à l’aube ». « Je ne compte que des nuits de souffrances ». Les moments de bonheur, s’il y en a, sont brefs. « Mes jours, dit Job, sont plus rapides que la navette du tisserand ».
D) Et l’expérience de la nuit peut conduire quelqu’un à désespérer d’un avenir meilleur. Job dit : « mes yeux ne verront plus le bonheur ». On croit, on pense qu’on n’a plus de solution.
Mais cette expérience peut aussi laisser un léger espoir. Job dit : « A peine couché, je me dis : “quand pourrais-je me lever ?” ». C’est quand nous savons garder espoir que Dieu nous rejoint. Car Jésus vient nous faire lever. Il vient nous donner la vie, il vient nous ressusciter.
Dans l’évangile, saint Marc nous parle de Jésus qui parcourait […] toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle dans les synagogues, et chassait les esprits mauvais ».
C’est dans ce contexte qu’« accompagné de Jacques et de Jean, [il] va chez Simon et André ». Là il trouve la belle-mère de Simon qui était malade. Saint Marc écrit : « Jésus s’approche d’elle, la prend par la main et la fait lever ». Jésus nous prend par la main et nous communique sa force, sa vie. Alors, à notre tour, nous pouvons être au service des autres. En effet, saint Marc poursuit : « Elle n’avait plus de fièvre et elle les servait ».
C’est dans ce même contexte que dans la ville de Capharnaüm, « il guérit toutes sortes de malades, […] il chasse beaucoup d’esprits mauvais ». L’homme n’est pas créé pour ne pas se sentir bien ou pour vivre sous l’emprise des esprits mauvais. Jésus redonne à l’homme, à nous force et dignité.
Entre Jésus et les malades, il y a les bien-portants ou les moins malades. C’est eux qui amènent les malades à Jésus. Ils nous apprennent ainsi à savoir intercéder pour les autres.
Mais où trouvent-ils la force de faire le bien ?
1° Comme saint Paul, dans la liberté vis-à-vis des biens matériels. En effet saint Paul dit aux Corinthiens qu’il annonce « l’évangile sans rechercher aucun avantage matériel ».
-Est-ce que je sais mettre les personnes avant les choses ?
2° Comme saint Paul, dans la liberté vis-à-vis des relations. Saint Paul dit aux Corinthiens : « Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous ».
-Est-ce que j’ai du respect pour tout homme ?
3° Comme saint Paul, dans l’attention aux plus faibles. Saint Paul dit encore aux Corinthiens : « J’ai partagé la faiblesse des plus faibles pour gagner aussi les faibles ».
–Est-ce que je sais aller au secours des gens qui souffrent ?
4° Comme Jésus lui-même, dans la prière. Dans l’évangile, saint Marc dit : « Le lendemain [de son séjour à Capharnaüm], bien avant l’aube, Jésus se lève. Il sort et va dans un endroit désert, et là il priait ».
-Est-ce que je prie.
Demandons au Seigneur la grâce de savoir reconnaître sa présence au milieu de nous, même dans les moments difficiles.
Abbé Jean Claude CIZA
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